Attaque jihadiste à Misséni dans la région de Sikasso : Les terroristes pillent le dépôt d’armement

13 Juin 2015 - 00:30
14 Juin 2015 - 03:59
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MNLA28L'attaque perpétrée contre la Commune rurale de Misseni, Cercle de Kadiolo, région de Sikasso, continue de susciter émotion, indignation et surtout inquiétude auprès des populations et des autorités de la localité. Ainsi, 24 heures après l'agression, les armes et munitions apparaissent  comme le mobile principal de l'attaque jihadiste. Car, selon une source sécuritaire digne de foi, les jihadistes ont réalisé "un grand coup car ils ont réussi à défoncer le magasin d'armements et à emporter tout, à savoir armes et munitions". Cette thèse est d'autant plus plausible que les jihadistes, qui sont arrivés vers 2 heures du matin, ont attaqué, simultanément, les trois camps tenus par les militaires, les gendarmes et les policiers afin de pouvoir s'emparer aussi facilement du magasin d'armements et disposer des armes et munitions qu'il contient. D'après plusieurs témoignages que nous avons recueillis sur place, les jihadistes seraient venus de la frontière ivoirienne, via le fleuve Bagoé, qui sert de frontière naturelle entre le Mali et la Côte d'Ivoire. En cette période de décrue, il est très facile de traverser ce cour d’eau  à pied par endroits. Ce qui expliquerait la grande facilité avec laquelle les assaillants sont arrivés et repartis comme l'air. Si le bilan d'un gendarme tué, un autre et un policiers portés disparus, un civil blessé a été confirmé par une source sécuritaire locale, il convient de préciser que les dégâts matériels portent sur trois motos dont une DT de service brûlées et deux Pick up de l'armée, appartenant à l'opération Soutra, calcinés (une Toyota et une Mitsubishi). « Nul n’est désormais  en sécurité » 24 heures après cette attaque jihadiste qui porte la marque d'Ançar Eddine, l'organisation terroriste créée et dirigée par Iyad Ag Ghali, la population et les autorités politiques de Kadiolo sont tout simplement révoltées. Ainsi, selon le Président du Conseil de Cercle de Kadiolo, Moulaye Diallo, "nous sommes abattus car nous venons de comprendre que nul n'est désormais en sécurité. Nous ne comprenons pas comment les jihadistes-là ont pu prendre le camp, y planter leur drapeau et, surtout, ils n'ont enregistré aucun blessé, encore moins  laissé derrière eux un prisonnier ou mort qui aurait pu servir un début d'enquête. Je suis convaincu qu'il y a eu dysfonctionnement". D'après cet élu, la population vit dans une peur bleue. "D'ailleurs, ce matin, lorsque les militaires de l'opération Soutra faisaient des tirs d'entrainement, la rumeur d'une nouvelle attaque jihadiste a fait le tour de la ville et chaun s'est terré dans sa maison. Le moindre bruit crée désormais la psychose". Parlant de l'arrivée du renfort, Moulaye Diallo de s'étonner qu'il ne soit arrivé que vers 12heures alors que l'agression avait eu lieu 10 heures plutôt. "Misseni et Sikasso étant distants de moins de 200 km, 3 heures auraient suffi largement au renfort d'arriver et d'engager, éventuellement, la poursuite des assaillants. Hélas", s'est plaint le Président du Conseil de Cercle de Kadiolo.   Peur, panique dans la ville Très réservé ou pris comme par une panique, le maire de Kadiolo, Théna Dembélé, s'est contenté de nous dire que la situation est calme et que n'étant pas spécialiste de question de sécurité, il souhaite ne pas s'y aventurer. Toutefois, il a tenu à mettre un accent particulier sur la peur qui commence à gagner la population. "Aujourd'hui, c'est l'étonnement car on ne pouvait pas penser que ce qui s'est passé pouvait nous arriver même si nous constatons une insécurité généralisée. Le pays est très vaste et les moyens limités. Mais nous demandons aux autorités de fournir plus d'efforts pour la sécurité des personnes et leurs biens" a conclu le maire de Kadiolo. Quant au boutiquier Oumar Bengaly, installénon loin du poste de police, son constat est amer: "Je suis apeuré et déçu. Apeuré parce que je sais que désormais tout, y compris la mort, peut me surprendre dans cette ville où la présence des forces de sécurité est très visible. Déçu, car les assaillants sont arrivés et repartis comme s'ils s'amusaient. C'est même honteux". A la lumière de ces informations obtenues sur place, il apparait qu'en attaquant simultanément les postes de l'armée, de la gendarmerie et de la police, les assaillants avaient non seulement planifié leur coup, mais savaient également que le magasin d'armements était assez doté. Ce qui pose, ici comme ailleurs, la problématique d'une complicité interne. L’adjudant Basiaka Koné mort pour la patrie Sur un tout autre plan, le pillage du magasin d'armements est une faute grave imputable à la hiérarchie militaire. En effet,  il est inadmissible de garder un stock important d'armes et de munitions sans que la surveillance adéquate y soit. C'est pourquoi, des sanctions doivent tomber car on ne peut pas continuer à acheter des armes et les laisser à la porter de nos ennemis pour leur donner la supériorité militaire sur nous. Cette pratique a eu lieu des années durant dans les régions du Nord où, faute de vigilance et de rigueur, nous avons contribué à armer, voire surarmer nos ennemis. L'attaque de Misseni, qui a fait un mort, doit servir d'éveil de conscience car, jusque-là, les autorités semblent prendre les choses à la légère. Pour ce qui est de l'adjudant de gendarmerie Basiaka Koné, abattu par les jihadistes après une résistance farouche, il était arrivé à Misseni seulement le lundi 8 juin pour la garde tournante. Il a été accompagné à sa dernière demeure, hier jeudi, au cimetière de Kadiolo par une foule nombreuse et inconsolable. Il faut noter que toutes les autorités politiques et administratives de Kadiolo ont rendu un vibrant hommage à ce héros mort l’arme à la paix pour défendre la patrie. DIAKARIDIA YOSSI Envoyé spécial

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