[caption id="attachment_97147" align="aligncenter" width="610"]

Ibrahim Ag Mohamed Assaleh (à g.), du MNLA, en conversation avec le ministre burkinabè des Affaires étrangères Dijbril Bassolé (à dr.) à Ouagadougou, le 9 juin 2012[/caption]
Ayant eu vent de l’imminence des préparatifs d’une intervention armée, en vue de la reconquête du septentrion malien, et cela sous la bannière de la Mission de la CEDEAO pour le Mali-MICEMA avec la bénédiction, sans surprise du Conseil de Sécurité, les bandits armés semblent avoir changé de fusil d’épaule. Du coup, la pugnacité du MNLA, le fanatisme religieux d’ANÇAR EDINE se réduisent comme une peau de chagrin.
Bien avant la mi-novembre 2012, ils se sont rendus à Ouagadougou, chez le médiateur, Blaise Compaoré, président du Burkina Faso, histoire de mener des négociations pacifiques. On a l’impression qu’ils sont en train d’amadouer celui-ci. Visiblement, les carottes sont cuites pour eux : l’ONU, l’UE, l’UA, la CEDEAO sont sur la même longueur d’onde, quant au déploiement d’une force internationale, au Nord Mali, sous mandat onusien. Elles ne sont pas allées avec le dos de la cuillère : préservation de l’intégrité territoriale du Mali et carton rouge contre l’application de la charia. Une question nous taraude : Bamako acceptera-t-il cette perche que les groupes armés précités s’échinent à tendre, via Ouaga au nom de prétendues solutions négociées pour une paix durable ?
En tout état de cause les autorités de Bamako doivent faire preuve de fermeté. L’Etat malien ne peut avaler les fausses certitudes que pourraient émettre des groupuscules irrédentistes ou djihadistes : l’hypothèse de la création d’un Etat AZAWAD est une absurdité, pis l’application de la charia, même localement, est aux antipodes du principe de laïcité d’un Etat républicain.
Il est notoire que les « enfants gâtés de la République» nous ont toujours habitués à des voltefaces des plus surprenantes depuis 1991 : désertion à la pelle avec armes et bagages des « intégrés » au sein des forces armées. En février dernier, ces criminels sans foi ni loi ont égorgé froidement certains prisonniers de guerre à Aguelhoc. Récemment, les islamistes d’Ançar Edine, en connexion avec leurs coreligionnaires d’AQMI et du MUJAO, ont profané certaines tombes à Tombouctou, amputé les mains à bien de personnes, lapidé d’autres, détruit des monuments, fait du port de la burqa par les femmes la règle au cours du deuxième semestre 2012. Les bandits de cet acabit méritent-ils encore une once de crédit ?
Pas le moins du monde. A notre sens, leur manœuvre dilatoire ne passera pas. Tout ce qu’ils proposeraient serait de la poudre aux yeux. Inutile d’espérer qu’un loup se change en agneau, alors qu’il n’a jamais cessé de mordre, ou qu’un assassin sans remords devienne un Ghandi du nouveau siècle. Les Anglais ont une expression pour ça : “what you see is what you get”. Afin de battre en brèche l’idée saugrenue de la création d’un Etat AZAWAD, il importe de mettre en lumière le concept de l’Etat.
Défense de la
patrie en danger :
un impératif !
L’Etat est la structure politique et administrative, dont se dote un groupement humain, vivant sur un territoire donné et exerçant sur ce groupement et en son nom, une autorité exclusive. L’Etat est en quelque sorte la personnification juridique de ce groupement humain.
En effet, par l’Etat, un groupe social s’organise, se donne des dirigeants, leur confère des pouvoirs et s’engage à respecter leurs décisions si elles sont prises selon les règles qu’il a choisies. On est donc en présence d’un Etat lorsque sont réunis trois grands éléments : une population, un territoire, une autorité politique.
Loin de piger cela, les rebelles du MNLA en apprendront à leurs dépens, tôt ou tard. Hélas, la teneur de la rencontre tripartite médiateur Compaoré, rebelles du MNLA, islamistes d’Ençardine, du 16 novembre dernier, est exaspérante : la formation d’une plateforme revendicative commune, légitimant leurs requêtes, par les deux groupes armés, pour des solutions négociées. Que Blaise Compaoré, réputé médiateur hors-pair dans la résolution des crises politico- sécuritaires de la sous-région ouest-africaine, donne son quitus à une telle offre, nous fait tomber des nues !
En définitive, il est un impératif pour l’Etat malien de s’assumer pleinement et entièrement, face à l’une de ses missions régaliennes : la défense de la patrie en danger.
Par Mohamed Koné