Le Nigeria, laboratoire de la nouvelle politique africaine d’Emmanuel Macron

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Le jeudi 28 et vendredi 29 novembre, Paris met en scène une visite d’État de Bola Tinubu. C’est la première visite d’un président nigérian depuis celle d’Olusegun Obasanjo en 2000. Avec cette visite d’État à Paris, la France cherche à consolider ses relations avec l’Afrique anglophone tout en gardant un œil sur son ancien pré carré.

Alors que la France perd son influence dans ses anciennes colonies francophones d’Afrique, elle envisage d’investir dans le Nigeria, un pays anglophone, afin de redéfinir ses priorités. Malgré la crise économique qui frappe le Nigeria, ce dernier détient des points forts notables comme sa population (environ 223 millions d’individus), une catégorie d’entrepreneurs florissants parmi les plus vastes richesses africaines et de vastes réserves pétrolières.

D’un point de vue diplomatique, le Nigeria gagne en importance pour la France, dans un contexte d’une contestation majeure de l’ordre néocolonial imposé par Paris en Afrique de l’Ouest. Le Nigeria présente le bénéfice de ne pas faire partie des anciennes colonies françaises, le célèbre « pré carré africain ».

Sur la visite du président Bola Tinubu en France, les citoyens d’Abuja ont exprimé leurs mécontentements envers la coopération avec la France. « Je pense qu’elle n’est pas nécessaire parce que pour se rendre en France le président utilisera les ressources du Nigeria pour payer ce voyage. Qu’est-ce que la France peut nous offrir ? Rien, sincèrement rien. En ce qui me concerne je ne considère pas la France comme partenaire fiable», s’est exprimé un citoyen.

« Vous savez la charité bien ordonnée commence par soi-même. On ne peut pas simplement croire compter sur le soutien international de la part de personnes qui sont là pour gagner à l’aide de vos moyens. Je ne pense pas que nous devrions aller de l’avant et renforcer nos liens avec la France. Il vaudrait mieux revenir à ses racines, revenir chez soi et résoudre les problèmes qui rongent le pays petit à petit», ajoute un autre.

Le pays compte une centaine d’entreprises françaises qui représentent 65% des investissements directs étrangers (IDE) français en Afrique de l’Ouest, pourtant que quelque 20.000 Nigérians en emploie.

Cependant, la France aspire à intensifier ses relations en Afrique, en particulier compte tenu de son manque d’influence dans ses colonies francophones antérieures. Avec 227 millions de résidents et 60 % du PIB de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Nigeria se présente comme un associé stratégique pour Paris.

Néanmoins, la voix des citoyens nigérians exprime clairement leur méfiance à l’égard d’un renforcement de la coopération avec cette puissance étrangère qui n’a rien à offrir au Nigeria. Selon eux, le pays devrait d’abord se concentrer sur les questions nationales et rejeter les ingérences étrangères tout en préservant sa souveraineté.

Une contribution de Souleymane Touré

ECEM

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