Macron et l’Afrique : les promesses d’un discours

Editorial. Lors de son discours au Burkina Faso, le 28 novembre, le président français a prononcé des mots qu’une grande partie du continent africain attendait. Il lui reste à convertir les fortes paroles en actes pour instaurer la rupture qu’il revendique.
Intérêts essentiels de la France
Et il a pris des engagements : la levée du secret-défense en France sur les documents relatifs à l’assassinat, il y a trente ans, de l’ancien président Thomas Sankara, devenu une icône africaine ; l’obtention facilitée des visas pour les étudiants africains ; la création d’un fonds de 1 milliard d’euros pour le développement des PME sont quelques-unes des mesures concrètes qui sont venues appuyer son discours. Pour autant, le chef de l’Etat n’a pas occulté les intérêts essentiels de la France en Afrique. Le défi stratégique et militaire reste pressant. Ainsi, la sécurisation du Sahel et la guerre contre le djihadisme dans cette partie du monde demeureront des priorités de Paris pour encore plusieurs années. De même pour le défi économique. Si le chef de l’Etat s’est déclaré ouvert sur la question de l’avenir du franc CFA, il semble compliqué de faire évoluer l’une des dernières monnaies coloniales, qualifiée par M. Macron de « vrai sujet de stabilité » que les dirigeants africains devront « aborder avec beaucoup de tact ». De même encore pour le défi migratoire. A cet égard, le discours de Ouagadougou s’adressait au moins autant à la jeunesse burkinabée qu’à la diaspora africaine vivant en France. Alors que de nombreux fils et filles d’immigrés africains s’interrogent encore sur la place qui leur est concédée dans la société française, c’est, pour Emmanuel Macron, cette frange de la société qui est à même de retisser un lien distendu entre le continent africain et l’ancienne puissance coloniale. Plus que sur le fond, c’est donc sur le ton et la méthode que le président français instaure une rupture. Reste à passer des bonnes et fortes paroles aux actes. Faute de quoi le désamour franco-africain ne serait que plus profond.LE MONDE | 29.11.2017 à 11h31
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