«Le couronnement de la phase intérimaire de l’accord est le retour de l’Etat à Kidal, si cela n’est pas atteint, la médiation sera un échec», dixit Boualem Chebbihi, ambassadeur d’Algérie au Mali

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L’ambassadeur de l’Algérie au Mali, Boualem Chebbihi
L’ambassadeur de l’Algérie au Mali, Boualem Chebbihi

Dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord pour la paix, l’ambassadeur de l’Algérie au Mali, Boualem Chebbihi, était devant la presse le jeudi 29 septembre 2016. Il était assisté par le ministre-conseiller, Mohamed Midou. Il a été question de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, dont son pays est le garant.

Son pays, l’Algérie, ne veut pas rester les bras croisés face à la situation qui se dégrade sur le terrain. Le diplomate algérien pense qu’il faut une lutte harmonisée contre le terrorisme dans le Sahel afin de faciliter la paix au Mali. Boualem Chebbihi a affirmé que l’Algérie est favorable à la tenue d’une Conférence d’entente nationale. Parce que cela est inscrit dans l’accord.

Dans cette dynamique, l’ambassadeur a trouvé opportun d’échanger avec la presse privée malienne dans sa résidence, contigüe à l’Ambassade d’Algérie au Mali. Boualem Chebbihi a commencé par l’historique des relations entre le Mali et l’Algérie ; de la guerre de libération aux différentes crises qu’a connues le Nord du Mali. Sans oublier le passage de l’actuel président algérien au Mali, lors de la guerre de libération de l’Algérie. Il a résidé à Gao pendant longtemps. L’ambassadeur a fait ce rappel pour que les gens puissent comprendre les liens entre les deux pays.

Il a aussi abordé le sujet phare, la crise au Nord du Mali, qui ne date pas d’aujourd’hui. Le diplomate reconnaît que son pays a toujours été aux côtés du Mali, et a toujours été le parrain des accords. De 1963 à nos jours, les différentes crises ont été gérées grâce à l’implication de l’Algérie, mais cette fois-ci, il dira que la complexité de la crise actuelle rend aussi sa gestion difficile. Parce qu’il y a un autre facteur qu’est le terrorisme. Il a détaillé la philosophie de l’accord. Selon lui, en deux grandes parties, le premier est la phase intérimaire qui est en cours, sa fin doit permettre à l’Etat malien de recouvrir l’intégralité du territoire.

«Le couronnement de la phase intérimaire de l’accord est le retour de l’Etat à Kidal. Si cela n’est pas atteint, la médiation sera un échec», a-t-il dit. C’est pourquoi, ajoutera-t-il, les actions en cours ne facilitent pas le travail de la médiation. La deuxième phase de l’accord est le développement, il a un délai indéterminé avec plusieurs actions et projets de développement. Alors que l’accord même est un document divisé en quatre grandes parties. Rien de tout cela ne sera possible, s’il n’y a pas une décrispation de la situation entre Ifoghas et Imghad dans la région de Kidal, afin de faciliter la mise en œuvre de l’accord.

Le chef de file de la médiation, l’Algérie, est favorable à l’organisation de la Conférence d’entente nationale. La mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale a concédé beaucoup de retard. Tous les partenaires du Mali impliqués dans la résolution de la crise, l’ont remarqué. Malgré l’adoption des lois par le gouvernement et la mise en place des Commissions. Selon le diplomate algérien, les lignes ne bougent toujours pas. Il a rappelé qu’il était nécessaire de mettre fin au conflit intercommunautaire à Kidal. C’est, selon lui, l’une des conditions sine qua non pour que l’accord parvienne à se frayer un chemin. Cela passe également par l’organisation de la conférence d’entente nationale, comme annoncé à l’ONU par le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta.

À en croire le diplomate algérien, la tenue de cette conférence d’entente nationale est prévue dans l’accord. «L’objectif est de débattre de tous les problèmes qui ne pouvaient être débattus par des acteurs étrangers au Mali. Pendant les négociations, la question de l’Azawad a été posée avec acuité et c’était l’un des nœuds gordiens des échanges. Le médiateur a vu que ce n’était pas possible de régler cette question identitaire à travers un accord. On devrait donc préparer un cadre propice où toutes les forces vives de la Nation se retrouveraient pour discuter des questions identitaires», précise Chebbihi. Et de rappeler : «Actuellement, la situation a dégénéré à Kidal. Il y a une crise entre les deux principales communautés de la ville. Ce problème peut être traité dans le cadre de cette Conférence d’entente nationale. C’est avec plaisir que nous allons accompagner le président IBK dans cette démarche, comme on l’a toujours fait», a-t-il précisé.

Pendant les échanges, l’ambassadeur a rappelé le contexte dans lequel l’accord a été établi avant d’être signé à Bamako. «Nous avons toujours respecté ceux qui ont accepté d’intégrer le processus paix. Il s’agit de l’État malien, la Cma et la Plateforme. Malgré un départ difficile avec les problèmes entre ces groupes armés, nous avons pu rapprocher les deux à travers le dialogue. Mais toujours, en respectant les lignes rouges de l’État malien. Il s’agit du respect de l’intégrité territoriale et de l’unité nationale du Mali», a-t-il déclaré.

Selon M. Chebbihi, l’accord est un document efficace qui prend en compte les aspirations de toutes les parties signataires. «Quand on analyse les axes prioritaires de l’accord, on se rend à l’évidence que c’est pour réorganiser le Mali et booster son développement. Il prévoit une réorganisation politique, de la défense et la réconciliation. En plus de tous cela, il y a le développement qui doit intervenir pour mettre fin à la répétition de la rébellion et lutter contre le terrorisme au Mali et dans le sahel», a-t-il indiqué. L’ambassadeur algérien a réaffirmé la disponibilité de son pays à accompagner le Mali sur le chantier de la reconstruction, de la paix et de la cohésion sociale.

K.T et A.S

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