Dossier Kidal : Pourquoi la vigilance doit être toujours de rigueur

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Avec l’attaque de Nampala, l’Etat malien vient de se faire avoir, une fois de plus, par les bandits armés appartenant à la horde de Ibrahima Ag  Bahanga. L’indignation générale est à la mesure du tribut de sang que l’armée, voire la population civile  ont payé à ce forfait perpétré par des individus sans foi ni loi sur le poste de Nampala, localité située à environ 500 km de Bamako, la capitale et non loin de la frontière mauritanienne. Un cadeau empoisonné de Nöel à la nation malienne à quelques jours des fêtes de fin d’année et le jour même de l’ouverture de la 8e édition de la biennale artistique et culturelle à Kayes.

Cette énième attaque-surprise est survenue à un moment où l’on parlait d’apaisement et de retour de la paix dans le Nord-Mali. A en croire les plus hautes autorités maliennes, sur les 18 points de l’accord d’Alger 15 ont été satisfaits. C’est donc  dans cette logique de paix que l’Etat malien s’est, de nouveau, laissé  surprendre par cet énième pied-de-nez très meurtrier de la bande à Bahanga.  L’équipée menée au moyen d’une douzaine de 4×4 munis de mitrailleuses lourdes s’est soldée, selon le bilan fourni par le ministère de la Défense, par 9 morts et 12 blessés, côté armée malienne et 11 morts et de nombreux blessés, côté assaillants.

L’Etat malien s’est laissé endormir par la bonne foi et les assurances données par le médiateur algérien. Alors que la prudence, voire un minimum de bon sens, aurait commandé la méfiance la plus élémentaire. D’autant que, par le passé, les interlocuteurs d’en face ont donné, à plusieurs reprises, la preuve de leur mauvaise foi. Comme peut en témoigner le long chapelet d’attaques gratuites que les bandits de Kidal ont «à leur actif» : Tinzawaten, Ansongo, Diabali, Abeïbara, et maintenant Nampala.

En réalité, ce scénario ne devrait surprendre personne. Mieux, les autorités compétentes seraient plutôt bien inspirées d’intégrer le dossier Nord-Mali comme une donnée permanente dans leur politique pour en faire une gestion proactive. Il y a au moins trois raisons qui plaident en faveur d’une telle attitude. Il y a que, primo, la bande sahélo-saharienne, une immensité désertique qui s’étend  de l’Algérie au Niger en passant par le Mali, est une espèce de no man’s land où règnent en maîtres les trafiquants en tous genres (armes, drogues, cigarettes) et une nébuleuse du terrorisme international à connotation religieuse. Seul, le Mali ne dispose pas de moyens adéquats pour contrôler ce paradis  pour mercenaires. Il est appelé à se trouver des alliés régionaux et même internationaux si tant est que la transformation de cet espace en un sanctuaire pour  malfrats de grand calibre ne peut être que dommageable pour la sécurité internationale. Les Etat Unis qui ont décidé de livrer une guerre sainte contre le terrorisme international peuvent être un allié sûr sur ce plan.

Il y a aussi que, secundo, pour des considérations géostratégiques, certaines puissances régionales, voire internationales, utilisent le dossier de Kidal comme un moyen de pression sur le Mali dans des desseins inavouables et inavoués. Ce ne serait donc pas de gaîté de cœur qu’elles verraient ce conflit trouver une solution heureuse et définitive.

Last but not least, les intérêts miniers ne sont pas étrangers à la tentative  de déstabilisation du Mali. En effet, il n’est un secret pour personne que le sous-sol malien  est un véritable scandale géologique qui recèle beaucoup d’indices de ressources minières stratégiques comme le pétrole, l’or, le fer, la bauxite et le manganèse et l’uranium. C’est justement dans la région de Kidal que l’un des plus grands gisements  d’uranium du monde a été découvert et dont l’exploitation est susceptible, à en croire le président de la République, de générer à terme 6 000 emplois. Cette situation n’est pas sans éveiller la convoitise des vautours et autres oiseaux de proie qui n’hésitent à pêcher en eaux troubles pour parvenir à leurs fins.

Croire, dans ces conditions, qu’un simple dialogue peut suffire pour ramener la paix dans la région de Kidal, comme par un coup de baguette magique, reviendrait plutôt à prendre ses désirs pour de la réalité. Dans un dossier où les principaux  acteurs avancent masqués, la prudence la plus élémentaire, le bon sens même commande de faire preuve de vigilance à tout moment ; c’est, en fait, un dossier à surveiller comme le lait sur le feu. Les décideurs gagneraient à se départir de leur candeur et de la frilosité pour anticiper sur les problèmes en organisant de véritables patrouilles militaires au lieu de rester sur la défensive  pour riposter aux attaques des bandits armés.

«Errare humanum, perseverare diabolicum», l’erreur est humaine, mais y persévérer est diabolique, disaient les anciens. «Si vis pacem, para bellum», qui veut la paix prépare la guerre, disait de son côté, Jules César, l’un des plus grands stratèges militaires et politiques de tous les temps. Pour ce faire, il convient de donner les moyens adéquats à l’armée pour qu’elle soit plus opérationnelle. Des contributions volontaires pour  financer l’effort de guerre ne seront pas de trop dans ce cas de figure.

Yaya SIDIBE

 

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