L’imminence de l’intervention militaire internationale provoque un vent de panique au sein des rangs des rebelles touaregs. Autrefois fermes sur leurs revendications islamistes ou indépendantistes, aujourd’hui, du fait de la mobilisation de la Communauté internationale pour la guerre au Nord-Mali, leurs ambitions s’effacent peu à peu.
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Combattants du FNLA région de Tombouctou[/caption]
Il est loin le temps ou le MNLA déclarait l’indépendance de l’Azawad en humiliant le Mali du sud ou régnait encore le désordre et l’anarchie. La situation actuelle est complètement différente et la peur semble avoir changé de camp. La vérité du moment, c’est que la négociation est meilleure en position de force qu’en position de faiblesse. Résultat immédiat, Ansar dine qui ne jurait que par l’application de la Charia dans tout le Mali revoit son ambition à la baisse. Le Mercredi dernier, il renonce à cette idée de faire du Mali un Etat islamique, mais se réserve le droit d’appliquer la loi islamique dans son fief de Kidal. Chose qui est à vérifier car, faut-il le rappeler, les habitants de cette ville avait refusé que le leader d’Ansar Dine, Iyad Ag Ghali soit le chef islamique de la région. Ce qui explique en grande partie la délocalisation du mouvement vers Tombouctou.
Le groupe Ansar Dine a réussi sur le plan diplomatique un véritable coup d’éclat. Il y’ a encore quelques semaines, il passait pour le diable de la rébellion touareg. Auteur de nombreuses exactions dont la plus grave (lapidation à mort) qui a choqué beaucoup de personnes à travers le monde en renonçant à l’application de la Charia et à l’arrêt de hostilités, il est passé d’un groupe islamiste terroriste à un groupe touareg rebelle qui veut négocier avec les autorités maliennes de transition. Il est devenu fréquentable.
Cependant, le cas du MNLA est devenu très délicat car se trouvant entre deux feux. D’un coté, la menace de l’intervention armée internationale et de l’autre, le double poignard enfoncé dans son dos par le fait qu’il soit chassé par ceux aux cotés desquels il a mené la guerre et par le renoncement formulé par Ansar dine. Il se doit donc de réagir vite et efficacement.
Crainte d’un déchainement de violence sur les touaregs
Le responsable des relations internationales du Conseil Transitoire de l’Etat de l’Azawad, Hamma Ag Mahmoud a exprimé ses craintes par rapport à l’intervention militaire au cours d’une conférence de presse qui s’est tenue le Mercredi 14 Novembre, à l’initiative de l’eurodéputé François Alfonsi. « Nous savons dans quel état psychologique se trouve les troupes maliennes aujourd’hui (…) c’est l’esprit de vengeance qui les anime » estime-t-il. «Il est extrêmement difficile pour un soldat venu du Nigéria et même du Mali de faire la différence entre quelqu’un d’AQMI, du MUJAO, d’Ansar Dine et les populations locales. Tout le monde s’habille de la même manière, porte le chèche, et même la population porte des armes » conclu-t-il. Le responsable de la communisation Moussa Ag assarid rejette les accusations de Paris et de Bamako sur les massacres de centaines de soldats maliens et invite les ONG à « revenir sur le terrain ». Selon lui, si les troupes maliennes venaient à reprendre le nord, les populations touaregs seraient à nouveau victimes de leur oppression. « Nos parents, nos familles, nous ne les laisserons pas une fois encore se faire massacrer par l’armée malienne » prévient-il.
Avoir un rôle essentiel à jouer
Menacé par l’intervention militaire qui approche à grand pas et souffrant de son isolement dans le septentrion malien, le MNLA tente d’avoir un rôle primordiale dans la solution de la crise malienne.si son approche est semblable à celle d’Ansar Dine, elle est timide et moins efficace. Son renoncement à l’indépendance au profit de l’autodétermination est jugé peu convaincant. Autant dire que c’est du pareil au même. Evincé, il y a maintenant plusieurs mois des villes occupées, sa parole ne vaut pas celle des autres groupes qui sont sur place. Même si certaines rumeurs affirment qu’il mènera une offensive contre AQMI et le MUJAO dans les jours à venir, son atout principal reste sur le plan diplomatique. Elle essaye de passer pour l’interlocuteur crédible et fiable sur le volet négociation de la crise malienne tout en prévenant des dommages que provoquerait la guerre au Nord-Mali.
Leur nouvelle idée, c’est de chasser le groupe AQMI et les autres narcotrafiquants qui sont entrain de piller la région avec le soutien de la Communauté internationale. « Une intervention est salutaire mais avec nous » affirme Hamma Ag Mahmoud avant de poursuivre « l’armée du MNLA est prête à faire cette guerre (…) elle est issue des populations, elle connait la région, elle a les atouts, elle a toute la collaboration des populations locales ». En d’autres termes, il veut participer à la future force internationale.
Ahmed M THIAM