Le mardi 4 septembre dernier, le Président Dioncounda Traoré a officiellement demandé une intervention militaire de la CEDEAO pour libérer le Nord du Mali occupé par des bandits rebelles depuis bientôt six mois.
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Junte de Kati[/caption]
Alors que les contours de cette intervention militaire restent encore flous, des militaires de l’ex-CNRDRE s’opposent à l’envoi de cette force étrangère sur le sol malien. Toute chose qui se passerait avec la complicité de certaines autorités du pays qui, après la demande de la communauté internationale de dissoudre le CNRDRE, avaient annoncé la création d’un nouveau comité militaire qui remplacera ledit ex-CNRDRE. D’où des questions : ce Comité de suivi et de réforme de l’armée annoncé par le gouvernement est-il opérationnel ? Et au nom de quelle structure Bakari Mariko s’est-il prononcé pour exprimer le refus des militaires de Kati ? Le CNRDRE serait-il donc toujours en vie ? En tout cas, cela fait des mois que la CEDEAO a annoncé son intention d'
intervenir au Mali pour préparer une assistance militaire dans le Nord. Mais en l'absence d'une demande officielle claire du Mali, aucune action externe n'était envisageable. La demande du Président Dioncounda Traoré est donc un signe
politique fort qui survient au moment où la communauté internationale commençait à s'
impatienter.
Mais p
ourquoi Bamako n'a-t-il pas demandé plus tôt cette
aide militaire ? Les raisons sont pour la plupart politiques. Car beaucoup de « sons de cloche » existent au sein des autorités à propos de cette intervention de la CEDEAO au Mali, et le gouvernement peine à s'
exprimer d'une seule voix. Le
pouvoir du Capitaine
Sanogo constitue également un élément-clé vis-à-vis de la nature du mandat de la CEDEAO. Si le Capitaine Sanogo et certains de ses hommes de Kati s'opposent à une intervention militaire de la CEDEAO sur le sol malien, c'est parce que, tout comme une partie de l'
armée derrière, ils craignent que l’ex-junte perde son importance. Une aide militaire externe pour la reconquête du Nord menacerait donc son influence auprès du gouvernement alors que la Capitaine Sanogo voudrait dé
montrer que cette ex-junte a du
pouvoir et qu'elle a toujours son mot à
dire dans cette situation de crise : c’est là un très important point de blocage de ladite situation. La Capitaine Sanogo souhaite une intervention dans laquelle les éléments de l'
armée seront les plus nombreux. Dans ce climat, la nature du mandat de la CEDEAO reste donc trouble. Et le fait même que le Capitaine Sanogo ait publiquement indiqué qu'il se désolidarisait d'un déploiement militaire immédiatement après la demande officielle du chef de l'État reste explicite. De son côté, la CEDEAO veut
renforcer les autorités civiles par rapport aux autorités militaires et se serait préparé à
envoyer 3 300 hommes au Mali. Elle souhaite la présence de militaires à Bamako pour protéger les institutions de la transition politique. Mais le capitaine Sanogo s’opposerait farouchement à cette possibilité : d’ailleurs, le Président Dioncounda Traoré lui-même écarte cette option dans sa lettre. Toute chose qui apparaît comme une concession faite aux militaires par le gouvernement.
Serge Lath