Ce queje pense : Omar Hilale expose l'impasse algérienne au grand jour

A l'ONU, les mots sont des armes. Omar Hilale, représentant permanent du Royaume du Maroc auprès des Nations unies, le sait mieux que quiconque. Ce n'est ni par l'esclandre ni par la surenchère que le diplomate marocain s'impose, mais par la rigueur du raisonnement et la puissance tranquille des faits.

4 Octobre 2025 - 10:22
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Ce queje pense : Omar Hilale expose l'impasse algérienne au grand jour

Lors de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations unies, il a opposé, point par point, la réalité à la rhétorique algérienne sur le dossier du Sahara marocain. Aussi a-t-il réussi, comme à son habitude, une démonstration d'équilibre, mais surtout un désarmement discursif de son contradicteur, Ahmed Attaf, le chef de la diplomatie algérienne.
Quand l'histoire elle-même devient témoin

Dans un exercice de mémoire diplomatique, Omar Hilale a commencé par rappeler une vérité peu commode pour Alger : c'est le Maroc - et non l'Algérie - qui, dès 1963, a introduit la question du Sahara à l'agenda onusien dans le cadre de la décolonisation. Une démarche proactive, historique, que le diplomate a opposée à l'amnésie sélective du chef de la diplomatie algérienne.

Mais Hilale ne s'est pas contenté d'un simple rappel, il a convoqué la résolution 3458B de l'Assemblée générale des Nations unies, adoptée il y a un demi-siècle, qui prend acte des Accords de Madrid mettant fin à la colonisation espagnole. Ce document, ignoré par son interlocuteur, révèle l'indigence juridique du discours algérien. En somme, l'ONU elle-même a reconnu ce que certains feignent encore de nier.

Du terrain, des faits, des preuves
Le cœur du discours algérien s'appuie sur une supposée "réalité imposée" au Sahara. Omar Hilale, avec un calme chirurgical, renverse cette perspective ; la seule réalité incontestable est celle du développement.
En quelques phrases précises, il brosse le portrait d'un Sahara marocain vivant, actif, intégré, des infrastructures colossales (ponts, autoroutes, ports, hôpitaux universitaires), une participation citoyenne dynamique, et une présence diplomatique croissante avec 30 consulats ouverts dans les villes du Sud. Et de rappeler que même Washington a donné des instructions à ses institutions pour investir dans cette région, acte de reconnaissance implicite mais lourd de sens.

L'initiative marocaine : un consensus international grandissant
L'élément structurant de la réponse marocaine reste l'Initiative d'autonomie proposée en 2007. Hilale l'a rappelé avec clarté : toutes les résolutions du Conseil de sécurité depuis cette date consacrent sa prééminence, saluant son caractère sérieux et crédible. Plus de 120 pays la soutiennent, dont les principales puissances du Conseil de sécurité. Dans ce concert de soutiens, l'Algérie fait bande à part, tout en prétendant ne pas être impliquée.  Une contradiction mise à nu par le diplomate : "L'Algérie ne cesse de poser des conditions et d'émettre des exigences. Cela ne peut être fait que par une partie prenante", assène Hilale. Le piège rhétorique algérien est refermé par sa propre logique.

L'art du contre-pied diplomatique
La force d'Omar Hilale réside dans la dignité tranquille de sa parole. À mille lieues de l'invective, il conclut par un rappel aux valeurs du dialogue, citant le Roi Mohammed VI dans son discours du Trône : "Une solution où il n'y aura ni vainqueur ni vaincu". C'est là que réside la véritable grandeur. Dans l'appel à une paix mutuellement honorable, et non dans la perpétuation d'un conflit artificiel.

Face aux logorrhées figées d'Alger, Omar Hilale a opposé la précision du droit, la factualité du terrain et la hauteur de vue politique. Égal à lui-même, sans hausser le ton, il a réduit à néant les assertions adverses, non pas en les attaquant frontalement, mais en les rendant obsolètes à la lumière des faits.

Le vernis du discours algérien fissuré par le droit onusien
L'un des moments les plus subtils, mais décisifs, de l'intervention d'Omar Hilale est sa déconstruction calme mais précise du détournement sémantique opéré par Alger autour du terme "décolonisation". À ceux qui tentent d'enfermer la question du Sahara marocain dans un cadre idéologique daté, le représentant permanent du Maroc à l'ONU oppose une lecture actualisée et juridiquement fondée du traitement onusien.

En interpellant directement son homologue algérien, Hilale rappelle une évidence institutionnelle?: le Conseil de sécurité ne traite pas le dossier saharien comme un reliquat colonial, mais bien comme un différend régional à résoudre selon les mécanismes du maintien de la paix et de la sécurité internationale. C'est là un déplacement stratégique du centre de gravité du débat?: on ne parle plus de libération, mais de règlement politique.

La Minurso : ni point de départ, ni point final
Autre clarification capitale ? : la mission de la Minurso, souvent brandie comme un repère historique, ne saurait être érigée en fondement du narratif algérien. Hilale a remis cette mission à sa juste place ?: un jalon parmi d'autres dans un processus bien plus large, qui a évolué sous l'impulsion du Conseil de sécurité.
Depuis plus de deux décennies, ce dernier a modifié son approche, abandonnant les velléités référendaires au profit d'un appel constant à une solution politique mutuellement acceptable. Et surtout, depuis 2007, toutes les résolutions onusiennes convergent vers une reconnaissance de l'Initiative marocaine d'autonomie, qualifiée de "sérieuse et crédible", selon les termes mêmes du Conseil.

Une neutralité autoproclamée mais stratégiquement contredite
Peut-on prétendre à la neutralité tout en dictant les termes du jeu ? C'est cette incongruité flagrante qu'Omar Hilale a soulignée, avec une finesse qui ne laisse aucune échappatoire. L'Algérie, clame-t-elle, ne serait qu'un observateur extérieur, un "voisin concerné", mais non impliqué. Or, dans les faits, elle s'arroge le droit de fixer les règles, d'imposer des exigences et de refuser certaines voies de résolution.

Une simple observation ? Non. Une posture incompatible avec l'idée même d'impartialité. En posant cette question fondamentale - "A quel titre pose-t-elle ces conditions, sinon en tant que partie prenante ?" - le diplomate marocain fait tomber le masque, révélant une stratégie de double discours devenue intenable à l'épreuve des faits.
Mais fidèle à l'esprit d'ouverture qui caractérise la diplomatie marocaine, Hilale ne s'est pas arrêté à la critique. Il tend la main, une fois encore, en invitant Alger à abandonner l'ambiguïté stratégique pour s'asseoir, en toute clarté, à la table des négociations. Son appel n'est ni naïf ni isolé, il s'inscrit dans la logique du processus onusien, notamment les tables rondes politiques préconisées par le Conseil de sécurité.

En définitive, la reconnaissance implicite du rôle central de l'Algérie dans ce différend doit trouver une traduction concrète. Le temps des faux-fuyants semble révolu. À Alger de choisir entre la posture stérile et l'engagement responsable.

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