« Faso debout » : le Burkina appelle à la refondation de l’ONU et à la souveraineté face aux menaces

Dans un plaidoyer prononcé au nom du Président Ibrahim Traoré, le Premier ministre Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo dresse un bilan sans concession des 80 ans de l’ONU, défend les choix souverains du Burkina et appelle à un nouvel ordre multilatéral centré sur la justice et la paix.

27 Sep 2025 - 16:38
27 Sep 2025 - 16:45
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« Faso debout » : le Burkina appelle à la refondation de l’ONU et à la souveraineté face aux menaces
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« Faso debout » : le Burkina appelle à la refondation de l’ONU et à la souveraineté face aux menaces

Le Premier ministre du Burkina Faso, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, a pris la parole avec solennité au nom du Capitaine Ibrahim Traoré pour livrer une intervention mêlant fermeté diplomatique, appel au renouveau institutionnel et récit d’une nation en lutte pour sa survie et son autonomie. À l’occasion de la 80ᵉ session, il a présenté le thème « Mieux ensemble : plus de 80 ans au service de la paix, du développement et des droits humains » comme une invitation à l’autocritique.

L’ONU a certes accumulé quelques acquis, mais elle porte aussi, selon Ouédraogo, un lourd fardeau d’« espoirs déçus » et de « rendez-vous manqués ». L’organisation apparaît à ses yeux parfois anachronique : l’Afrique demeure sous-représentée dans les instances décisionnelles du Conseil de sécurité, les missions de maintien de la paix paraissent inefficaces et politisées, et certaines puissances semblent complices, de façon tacite ou active, des crises qui ravagent le monde.

Le Premier ministre appelle à des réformes courageuses : sans elles, le Conseil de sécurité restera, dit-il, incapable de répondre aux défis contemporains. Il plaide aussi pour une mutation profonde des stratégies de développement. Il est urgent de rompre avec le modèle d’exportation de matières premières qui enferme les pays africains dans la dépendance, de promouvoir l’industrialisation et la transformation locale des ressources, et de bâtir une architecture commerciale et financière internationale plus juste. Les avancées scientifiques et technologiques doivent être mises au service d’une prospérité durable et partagée.

Sur le plan intérieur, Ouédraogo dresse le portrait d’un Burkina en résistance après près d’une décennie d’agressions terroristes. Sous la conduite du président Traoré, l’État a mobilisé ses forces armées et les Volontaires pour la Défense de la Patrie, lancé le Fonds de Soutien Patriotique (FSP) en 2023 qui a déjà rassemblé plus de 413 milliards FCFA  et engagé des réformes pour renforcer la souveraineté alimentaire. Ces choix, soutenus par une mobilisation nationale et diasporique, ont permis, selon le gouvernement, la reconquête de plus de 72 % du territoire, la réouverture d’écoles et le retour de milliers de déplacés.

Ouédraogo rend hommage aux forces et aux martyrs et récuse les narratifs qu’il juge biaisés de certaines agences onusiennes, dénonçant notamment un rapport sur les enfants et le conflit armé qu’il estime déconnecté des réalités du terrain.

Face aux ingérences extérieures et aux menaces partagées, le Burkina, le Mali et le Niger ont fondé la Confédération des États du Sahel (AES). L’AES, insiste le Premier ministre, n’est ni un repli ni une fermeture mais l’affirmation du droit de ces peuples à définir leurs priorités et à être acteurs de leur développement, dans la filiation des grands panafricanistes que sont Thomas Sankara, Patrice Lumumba ou Kwame N’Krumah.

Sur la scène internationale, Ouédraogo appelle à reconnaître à l’Afrique une représentation permanente au Conseil de sécurité, à mieux gérer les ressources de l’ONU et à s’attaquer aux causes structurelles des injustices internationales, qu’il s’agisse du terrorisme instrumentalisé, du blocus contre certains États ou de l’impasse du conflit israélo-palestinien. Il exprime par ailleurs la solidarité du Burkina envers le peuple vénézuélien face aux sanctions et à l’ingérence étrangère.

S’adressant au Secrétaire général, le Premier ministre estime qu’il est temps de « changer de paradigme » : l’ONU doit retrouver son rôle de garant de la paix et de la sécurité, et non devenir l’instrument de domination des plus puissants. Le Burkina Faso dit vouloir défendre sa souveraineté et sa dignité tout en tendant la main aux nations éprises de justice, de liberté et de solidarité.

Le discours se conclut sur un appel vibrant à la refondation du multilatéralisme et sur un cri d’espoir pour la région : « Vive l’Organisation des Nations Unies réformée et crédible ! Vive la Confédération des États du Sahel ! Vive le Burkina Faso, digne, souverain et debout ! La Patrie ou la Mort, Nous Vaincrons ! »

La Rédaction de Maliweb.net

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