Mossa Ag Attaher, ministre des maliens établis à l'extérieur et de l'intégration africaine : "Le gouvernement a fait de la protection et de l'assistance aux compatriotes de l'extérieur une priorité "48 457 Maliens ont été rapatriés et assistés de 2020 à 2025 pour un coût de 40 milliards F CFA"

"En 2022, les Maliens de l'extérieur ont transféré plus de 793 milliards F CFA par les canaux officiels…"

27 Sep 2025 - 13:46
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Mossa  Ag Attaher, ministre des maliens établis à l'extérieur et de l'intégration africaine : "Le gouvernement a fait de la protection et de l'assistance aux compatriotes de l'extérieur une priorité "48 457 Maliens ont été rapatriés et assistés de 2020 à 2025  pour un coût de 40 milliards F CFA"

"Sur le plan de l'intégration africaine et régionale, le Mali, à travers le ministère, joue un rôle actif dans la Confédération de l'AES"

Nommé ministre de la Jeunesse et des Sports, chargé de l'Instruction civique et de la Construction citoyenne dans le tout premier gouvernement de la Transition de Moctar Ouane le 5 octobre 2020, Mossa Ag Attaher est reconduit au même poste dans le gouvernement I de Choguel Kokalla Maïga le 11 juin 2021. Le 1er juillet 2023, il change de portefeuille pour prendre en main le département des Maliens établis à l'extérieur et de l'Intégration africaine. Là, il a posé des actes et des actions multiformes et avantageux aussi bien pour nos compatriotes hors du pays que pour l'Etat via leur grande contribution à l'économie nationale. Aussi avance-t-on le chiffre de 700 milliards de F CFA envoyés ou transférés au pays par la diaspora malienne par an. Le rapatriement de nos compatriotes expulsés, leur digne accueil au bercail, leur accompagnement sanitaire et hébergement, leur retour sécurisé dans leurs localités d'origine, etc. sont autant de hauts faits qui meublent le bilan du ministre Mossa Ag Attaher . De tout cela et de bien d'autres sujets, le ministre Mossa Ag Attaher nous parle dans cette interview exclusive accordée à notre rédaction. Suivez l'interview !

Aujourd'hui-Mali : Bonjour M. le ministre, merci d'accepter de nous entretenir sur votre département. A ce propos, comment vont les Maliens établis à l'extérieur sous votre magistère ?

Mossa Ag Attaher : Je vous remercie. Les Maliens établis à l'extérieur sont présents sur tous les continents, avec une forte concentration en Afrique de l'Ouest, au Maghreb, mais aussi en Afrique centrale et de l'Est. On les retrouve également en Europe, en Amérique et en Asie. Leur situation est diverse et dépend du contexte sociopolitique et économique des pays d'accueil, ainsi que de leur statut administratif, qu'il soit régulier ou irrégulier.

Sous mon magistère, nous avons placé la protection et l'assistance au cœur de notre action. Entre janvier 2025 et le 14 septembre 2025, plus de 20 567 compatriotes en détresse ont bénéficié de l'appui de l'Etat et de ses partenaires.

Rien qu'entre mars 2025 et 14 septembre 2025, 13 229 Maliens ont été rapatriés uniquement de la Mauritanie, et ont reçu un accompagnement allant de l'accueil digne aux soins de santé, jusqu'à leur retour sécurisé dans leurs localités d'origine.

Qu'est-ce que vous menez pour traduire concrètement l'appel du président de la Transition, Le général d'armée Assimi Goïta, aux Maliens établis à l'extérieur à venir investir massivement dans le pays afin d'édifier très rapidement le Mali Kura ?

L'appel du président de la Transition à notre diaspora est au centre de l'action de mon département. Nous travaillons à transformer cet appel en résultats tangibles à travers plusieurs initiatives.

Notamment la mise en place des réformes et des dispositifs incitatifs pour faciliter et sécuriser l'investissement de la diaspora. Cela inclut l'ouverture d'un Guichet unique dédié à la diaspora, des mesures fiscales et douanières avantageuses, ainsi que des dispositifs d'accompagnement technique et financier.

Le lancement des programmes structurants tels que Tounkan Blon, une plateforme numérique interactive, et le programme Tounkaranké, qui associe les institutions financières et les collectivités territoriales afin de faciliter la mobilisation des ressources de la diaspora pour des projets productifs et à fort impact. Nous travaillons également à la mise en place d'un Fonds d'appui à l'investissement productif  de la diaspora, afin de garantir un financement souverain et pérenne aux projets portés par nos compatriotes établis à l'étranger.

Par ailleurs, nous avons organisés de grands rendez-vous de la diaspora tels que les Etats généraux de la migration, le Cadre de concertation avec les Maliens établis à l'extérieur (CCMEX) et le Forum international de la diaspora (FID), qui s'est tenu en juillet 2025 à Bamako. Ces plateformes permettent de rapprocher l'Etat, le secteur privé et la diaspora autour d'objectifs communs de développement national.

Notre vision est de faire de la diaspora non pas un simple soutien social, mais un acteur stratégique de la refondation et de la souveraineté économique nationale.

C'est dans cet esprit que nous traduisons l'appel du chef de l'État en actions concrètes et durables.

Pouvez-vous nous parler de cas concrets d'investisseurs nationaux qui ont réagi à l'appel présidentiel et quel accompagnement le gouvernement leur apporte en termes de sécurité des investissements ?

Effectivement, l'appel du président de la Transition a trouvé un écho favorable auprès de nombreux compatriotes de la diaspora. Plusieurs projets d'investissement ont été annoncés ou sont en cours de concrétisation dans des secteurs stratégiques tels que l'agriculture, les mines, l'énergie, l'immobilier et les services.

D'autres opérateurs économiques, venant notamment du Congo, d'Italie ou de Suisse, ont exposé leurs initiatives dans l'élevage, l'éducation et la formation professionnelle.

Face à cette dynamique, le gouvernement a mis en place plusieurs mesures pour sécuriser ces investissements dont l'adoption d'un nouveau Code minier et une loi sur le contenu local, qui permettent à nos compatriotes d'accéder à des parts de capital dans les sociétés minières. Un Guichet unique de l'investissement pour la diaspora a été ouvert, afin de simplifier les démarches et garantir la transparence des procédures.

En matière de protection juridique, la réforme du secteur de la justice et le renforcement des organes de contrôle, comme le Bureau du Vérificateur général, visent à instaurer un climat de confiance. A cela s'ajoutent des conventions de partenariat avec les banques nationales et les institutions financières, qui proposent  des produits spécifiques pour la diaspora, allant du crédit immobilier au financement de projets productifs.

Le gouvernement assure également un accompagnement diplomatique et administratif pour sécuriser l'acquisition de terres agricoles, faciliter l'obtention de titres fonciers et protéger les investissements contre les risques de corruption ou de bureaucratie. L'objectif est d'offrir aux investisseurs de la diaspora un cadre sûr, attractif et durable, à la hauteur de leur engagement pour le Mali Kura.

Un sujet qui revient souvent dans les débats. Quelle est la contribution des Maliens de la diaspora à l'économie nationale ? Et surtout, quel impact sur le quotidien et la vie des citoyens ?

La diaspora malienne est un pilier essentiel de notre économie nationale. Ses apports se traduisent principalement par les transferts financiers, mais également par les compétences et les investissements productifs. Je rappelle qu'en 2022, les Maliens de l'extérieur ont transféré plus de 793 milliards de F CFA par les canaux officiels, un montant qui dépasse largement l'aide publique au développement.

 En 2023, ces transferts ont représenté environ 5,6 % du PIB national, ce qui démontre leur poids stratégique.

Au-delà des chiffres, l'impact sur le quotidien des citoyens est considérable. Ces fonds permettent de soutenir directement des millions de familles dans les domaines de l'alimentation, de l'éducation, de la santé, du logement et des activités génératrices de revenus. Ils financent également de nombreuses infrastructures de base dans les villages et les localités d'origines, telles que des forages, des écoles et des centres de santé.

Par ailleurs, de plus en plus de compatriotes de la diaspora investissent dans des petites et moyennes entreprises, contribuant ainsi à la création d'emplois et à la dynamisation de l'économie locale. Leur rôle dépasse donc le soutien social : ils participent activement à la construction d'une économie plus résiliente et inclusive.

Quels sont les grands axes de votre bilan à la tête du département ?

Notre bilan couvre plusieurs domaines essentiels de la mission confiée par le chef de l'Etat. En matière de protection et d'assistance, nous avons organisé le rapatriement et l'accompagnement de plus de 40 974 compatriotes entre juillet 2023 et mi-septembre 2025. Rien qu'entre mars 2025 à mi-septembre 2025, 13 229 Maliens ont été rapatriés uniquement de la Mauritanie. Ils ont bénéficié d'un accueil digne, de soins médicaux, d'un accompagnement psychologique et d'un retour vers leurs familles.

Sur le plan  de l'insertion  et de la réinsertion, plus de 25 000 migrants de retour ont été soutenus à travers le financement de projets, l'octroi de kits de réinsertion, des formations techniques et professionnelles. Ces initiatives ont été renforcées à travers la mise en place du Cadre national pour la réintégration des migrants (CNRM). Ce dispositif structurel permet de mieux planifier et suivre les actions en faveur de la réinsertion.

Concernant la sensibilisation, nous avons conduit des campagnes nationales contre la migration irrégulière, alertant notamment la jeunesse sur les dangers de "l'exil mortel", qui a coûté la vie à plus de 10 000 migrants en 2024 selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

En matière de réformes institutionnelles et de gouvernance migratoire, plusieurs avancées sont à signaler :

- La création du Cadre de concertation avec les Maliens établis à l'extérieur (CCMEX), instauré par décret en février 2025, qui devient un espace de dialogue et de coordination.

- La mise en place de la plateforme numérique Tounkan Blon, qui offre aux Maliens de la diaspora un canal interactif de dialogue, de suivi et de remontée d'informations.

- La relecture en cours de la Politique nationale de migration (Ponam) pour l'adapter aux nouveaux enjeux.

- La consolidation du projet Tokten, avec près de 1000 missions réalisées et 30 000 bénéficiaires, et la préparation de sa transformation en une structure nationale dédiée.

- La relecture en cours des textes de la  Délégation générale des maliens de l'extérieur en vue de son érection en direction générale.

Sur le plan économique et financier, nous avons travaillé à :

- La préparation de la création d'une Banque d'investissement de la diaspora.

- Le lancement du Programme Tounkaranké, destiné à mobiliser l'épargne de la diaspora pour des projets productifs.

- La mise en place d'incitations fiscales et d'un Guichet unique pour faciliter l'investissement des Maliens de l'extérieur.

- L'organisation du Forum international de la diaspora (FID-2025), qui a rassemblé plus de 300 participants et permis d'identifier des secteurs porteurs, d'instaurer un dialogue direct entre investisseurs de la diaspora et acteurs économiques nationaux, et de dégager des recommandations concrètes.

Pour les activités concernant l'intégration africaine et la diplomatie, nous avons :

- Participé activement à la construction de la Confédération de l'Alliance des Etats du Sahel (AES), en recommandant l'harmonisation des politiques migratoires et en travaillant sur la reconnaissance mutuelle des documents.

- Organisé annuellement la Semaine nationale de l'intégration africaine (scientifique, culturelle et sportive).

- Promu les idéaux de la Confédération des Etats du Sahel (AES) au Mali et auprès de la diaspora.

- Evalué de la Politique nationale d'intégration africaine (Pniam).

- Activités de sensibilisation à travers l'organisation de Journée de réflexion sur le panafricanisme et d'atelier d'échanges sur l'AES.

- Défense des droits des Maliens établis à l'extérieur, à travers des cas concrets comme celui de Yaya Cissé en Mauritanie, transféré au Mali grâce à la coopération judiciaire.

- L'institutionnalisation en cours de la Semaine nationale des Maliens de l'extérieur (Sename), véritable vitrine d'échanges entre l'Etat, la diaspora et les acteurs du développement.

En termes de participation citoyenne et politique, nous avons renforcé l'implication de la diaspora dans les institutions nationales, qu'il s'agisse du Conseil national de transition, du Conseil économique, social, culturel et environnemental, ou encore des débats liés aux Assises nationales de la refondation et aux Etats généraux de la migration.

En résumé, notre bilan repose sur cinq axes majeurs : la protection, la réintégration, la gouvernance migratoire, la mobilisation économique et l'intégration africaine. Mais au-delà, il traduit une volonté claire : faire de la diaspora non seulement un soutien, mais un acteur central de la souveraineté et du développement du Mali.

Le rapatriement des Maliens et la prise en charge de ces migrants de retour occupent une place de choix dans votre action. Nos compatriotes en situation difficile peuvent-ils toujours compter sur le gouvernement ?

Evidemment ! Le gouvernement du Mali a fait de la protection et de l'assistance aux compatriotes de l'extérieur une priorité. Chaque fois que nos concitoyens se trouvent en détresse, nous mobilisons nos services, nos représentations diplomatiques et nos partenaires pour leur venir en aide.

Entre juillet 2023 et mi-septembre 2025, plus de 40 974 compatriotes ont été rapatriés. Il convient de signaler qu'entre mars 2025 à mi-septembre 2025, 13 229 Maliens ont été rapatriés uniquement de la Mauritanie. Ces rapatriements se sont faits dans la dignité, avec un dispositif complet : accueil, hébergement, soins médicaux, appui psychologique, transport vers leurs localités et suivi social.

Au-delà du rapatriement, le gouvernement veille à la réinsertion durable. Des kits d'installation, des financements de projets et des formations professionnelles sont régulièrement octroyés aux migrants de retour. En 2024, plus de 100 millions de F CFA ont été mobilisés à cet effet, avec l'appui de nos partenaires techniques.

Globalement de 2020 à 2025, le gouvernement, en lien avec ses partenaires, a rapatrié et assisté 48 457 Maliens  pour un coût  total d'environ quarante milliard (40 milliards F CFA).

Nous avons également créé le Cadre national pour la réintégration des migrants (CNRM), qui permet de coordonner l'ensemble des acteurs autour de la réinsertion et de garantir un suivi rigoureux.

Le cas de notre compatriote Yaya Cissé détenu en Mauritanie pendant plus d'une décennie est particulièrement retentissant pour mériter qu'on s'y attarde. Quelle a été votre approche pour débloquer en si peu de temps une situation où des gouvernements voire des régimes ont échoué pendant treize longues années ?

Le cas de notre compatriote Yaya Cissé illustre la volonté du gouvernement de défendre les droits et la dignité de chaque Malien, où qu'il se trouve. Sa détention prolongée en Mauritanie était une préoccupation majeure pour son ministère de tutelle, mais aussi pour l'ensemble du peuple malien.

Notre approche a reposé sur trois leviers. D'abord, la diplomatie proactive et directe : nous avons immédiatement engagé des discussions franches avec les autorités mauritaniennes, en privilégiant la coopération judiciaire et le dialogue institutionnel. Cette méthode a permis de créer un climat de confiance et d'éviter les blocages.

Ensuite, nous avons activé les canaux juridiques et diplomatiques afin d'obtenir un transfert légal et rapide de notre compatriote au Mali. Cela a été rendu possible grâce à une coordination étroite entre notre ministère, celui des Affaires étrangères, la Justice et nos représentations diplomatiques.

Enfin, nous avons mis en avant la dimension humaine et nationale de ce dossier. Il ne s'agissait pas seulement d'un détenu, mais d'un citoyen malien privé de liberté pendant plus de treize ans. Ce plaidoyer constant et ferme a permis de débloquer une situation qui paraissait insoluble.

Le 12 avril 2025, Yaya Cissé a été transféré au Mali, dans le respect des procédures et de sa dignité. Cet aboutissement est un signal fort de la volonté de Son Excellence, le général d'armée Assimi Goïta, président de la Transition, chef de l'Etat, en référence au point 7 de sa Lettre de cadrage adressée au gouvernement. L'Etat restera toujours aux côtés de ses ressortissants, quelles que soient la durée et la complexité des situations.

Malheureusement, il y a eu aussi l'assassinat de notre compatriote Aboubacar Cissé, survenu dans une mosquée en France ?

C'est avec une profonde douleur que nous avons appris l'assassinat de notre compatriote Aboubacar Cissé en France. Cet acte odieux, commis dans un lieu de culte, a choqué non seulement sa famille et la communauté malienne de France, mais aussi l'ensemble de la nation malienne.

Dès l'annonce de ce drame, notre ministère, en collaboration avec l'ambassade du Mali à Paris et le Consulat général, s'est mobilisé pour accompagner la famille du défunt, suivre de près l'évolution de l'enquête et veiller à ce que toute la lumière soit faite sur les circonstances de ce crime.

Au-delà de l'émotion et de la tristesse, ce drame rappelle les défis sécuritaires auxquels nos compatriotes peuvent être confrontés même en dehors de nos frontières. Nous réaffirmons notre solidarité et notre soutien indéfectible à la famille éplorée et à toute la diaspora malienne en France.

Le gouvernement restera vigilant pour que justice soit rendue et que la mémoire d'Aboubacar Cissé soit honorée avec dignité.

Une des difficultés auxquelles les Maliens vivant à l'étranger sont confrontés concerne la quête ou le renouvellement des pièces d'identité. La situation semble toujours demeurer. Alors ?

Vous touchez à une préoccupation réelle de nos compatriotes. L'accès aux documents d'état civil et aux pièces d'identité, notamment la carte Nina, la carte consulaire et le passeport, reste un défi pour de nombreux Maliens établis à l'extérieur.

Nous avons pleinement conscience de ces difficultés et nous travaillons à y apporter des solutions durables. C'est pourquoi le gouvernement a accordé un moratoire de dix ans depuis 2022 afin de permettre à tous ceux qui rencontrent des erreurs ou des incohérences de les rectifier.

Pour toutes informations complémentaires nous invitons nos compatriotes à s'adresser à la Délégation générale des Maliens de l'extérieur (DGME).

Ensuite, des efforts sont engagés pour rapprocher les services de nos compatriotes. Cela passe par le renforcement des moyens techniques et humains de nos missions diplomatiques et consulaires, la digitalisation progressive des procédures et la moralisation de l'ensemble du système afin de réduire les lenteurs et les pratiques indésirables. Enfin, nous travaillons en synergie avec les ministères concernés, notamment celui de la Sécurité et celui de l'Administration territoriale, pour sécuriser et moderniser l'ensemble de la chaîne de délivrance des documents.

La tâche n'est pas simple, mais je veux rassurer nos compatriotes : l'Etat ne ménagera aucun effort pour garantir à chaque Malien, où qu'il vive, l'accès à des documents fiables, sécurisés et délivrés dans des délais raisonnables.

Pouvez-vous nous faire le point de l'exécution des recommandations issues des différentes rencontres dédiées aux Maliens de la diaspora ?

Les différentes rencontres consacrées aux Maliens établis à l'extérieur, notamment les Etats généraux de la migration tenus en août 2023 et le Forum international de la diaspora (FID 2025), ont permis d'identifier des priorités claires et de formuler des recommandations structurantes. Depuis, le ministère, avec l'appui du gouvernement et des partenaires, a œuvré pour traduire ces recommandations en actions concrètes.

En matière de dialogue et de gouvernance, une avancée majeure a été l'institutionnalisation du Cadre de concertation avec les Maliens établis à l'extérieur (CCMEX), créé par décret en février 2025. Cet organe consultatif sert désormais de plateforme de coordination entre le gouvernement et les différentes composantes de la diaspora. Il facilite le dialogue, prévient les conflits et permet de remonter directement les préoccupations des communautés maliennes de l'extérieur.

Sur le plan de la réinsertion et de l'accompagnement des migrants de retour, le Cadre national pour la réintégration des migrants (CNRM) a été mis en place. Il regroupe les ministères sectoriels, les organisations internationales et les associations de migrants, avec pour objectif d'assurer une réinsertion durable.

Concernant la mobilisation économique et financière, plusieurs initiatives issues des recommandations sont en cours :

- Le lancement du Programme Tounkaranké, qui associe les institutions financières et les collectivités territoriales pour transformer l'épargne de la diaspora en investissements productifs locaux.

- La préparation de la création d'une Banque d'investissement de la diaspora et d'un Fonds d'appui, afin de garantir un financement souverain, durable et transparent aux projets portés par nos compatriotes.

- La mise en place d'un guichet unique pour la diaspora, destiné à simplifier et sécuriser les démarches administratives liées à l'investissement et à l'entrepreneuriat.

Dans le domaine de la digitalisation et de la proximité avec la diaspora, la plateforme Tounkan Blon a été lancée. C'est un espace numérique interactif qui permet un dialogue direct entre le ministère et nos compatriotes établis à l'extérieur. Elle recueille leurs préoccupations, diffuse des informations officielles et crée un canal de communication transparent. De plus, les démarches liées aux documents administratifs sont progressivement digitalisées pour améliorer l'accès et réduire les lenteurs.

La relecture de la Politique nationale de migration (Ponam), adoptée en 2014, est un autre chantier important. Cette révision vise à aligner notre cadre de gouvernance migratoire sur les nouveaux enjeux internationaux, à renforcer la protection des Maliens de l'extérieur, à valoriser davantage leur apport économique et à intégrer les dynamiques liées à la géopolitique et à la sécurité.

Enfin, sur le plan de l'intégration africaine et régionale, le Mali, à travers le ministère, joue un rôle actif dans la Confédération de l'Alliance des Etats du Sahel (AES). Conformément aux recommandations, nous travaillons à l'harmonisation des politiques migratoires, à la reconnaissance mutuelle des documents de voyage et à la libre circulation des personnes et des biens.

L'organisation du FID 2025 a aussi marqué un tournant décisif, car il a permis de rassembler plus de 300 participants diaspora, institutions publiques, secteur privé, collectivités et partenaires autour de la question de l'investissement productif. Les recommandations issues de ce forum, notamment la création d'un fonds d'investissement diaspora, le renforcement de l'entrepreneuriat féminin, la digitalisation des services et la mise en place d'une cellule de suivi des projets, sont en cours de mise en œuvre. Il convient de signaler que le ministère a déjà réceptionné des projets porteurs de la diaspora conformément à l'appel du chef de l'Etat.

En résumé, les recommandations des rencontres de la diaspora ne sont pas restées au stade de simples déclarations. Elles se traduisent aujourd'hui par des réformes institutionnelles, des programmes opérationnels, des plateformes numériques, des mécanismes financiers et des actions concrètes qui placent la diaspora au cœur de la refondation du Mali.

Quelle appréciation faites-vous du travail des consuls généraux et consuls honoraires pour le confort des Maliens vivant dans leurs juridictions respectives ?

Je tiens à saluer le travail des consuls généraux et des consuls honoraires, qui représentent un maillon essentiel dans la mise en œuvre de la politique du gouvernement en faveur de nos compatriotes établis à l'extérieur. Leur rôle est stratégique, car ils sont le premier point de contact et d'assistance pour les Maliens vivant dans leurs juridictions respectives.

Ils œuvrent au quotidien pour faciliter l'accès de nos concitoyens aux services administratifs, à commencer par l'établissement ou le renouvellement des documents consulaires et de voyage. Ils assurent également un accompagnement dans les situations de détresse : rapatriement, assistance juridique, médiation avec les autorités locales ou soutien aux familles éprouvées par des drames.

Les consuls jouent aussi un rôle important dans la mobilisation et l'organisation de la diaspora. Ils sont à l'écoute des associations, participent à la mise en place des structures locales de concertation et servent de relais pour renforcer l'unité et la cohésion au sein de nos communautés à l'étranger.

Nous sommes conscients que leurs missions sont parfois rendues difficiles par l'ampleur des besoins, les contraintes budgétaires ou matérielles, et le nombre important de nos compatriotes dans certaines juridictions. C'est pourquoi le gouvernement s'emploie à renforcer leurs moyens, à moderniser les services consulaires par la digitalisation, et à améliorer la coordination entre les postes consulaires et le ministère.

Mon appréciation est donc globalement positive : malgré les défis, nos consuls généraux et honoraires s'acquittent de leur mission avec engagement et patriotisme. Ils constituent des relais indispensables pour rapprocher l'Etat de ses ressortissants et garantir que chaque Malien, où qu'il vive, se sente protégé, accompagné et écouté.

Le Haut conseil des Maliens de l'extérieur (HCME) et le Conseil supérieur de la diaspora malienne (CSDM) sont des partenaires de votre département. Etes-vous satisfait de leur apport dans la quête de bien-être de leurs mandants ?

Le Haut conseil des Maliens de l'extérieur (HCME) et le Conseil supérieur de la diaspora malienne (CSDM) sont en effet des partenaires de notre département. Leur rôle est fondamental, car ils constituent des relais organisés entre l'Etat et nos compatriotes établis à l'étranger.

Ces faîtières comme d'autres, œuvrant pour le bien-être de notre diaspora, contribuent activement à la défense des droits des Maliens, à l'organisation de la solidarité communautaire et à la remontée des préoccupations vers les autorités nationales. Elles se sont illustrées à travers des initiatives concrètes dans l'accompagnement des migrants en difficulté, la sensibilisation sur la migration irrégulière et la mobilisation de la diaspora autour des grands débats nationaux. Leur action, conjuguée à celle du gouvernement, permet de mieux protéger nos compatriotes, de renforcer la cohésion de la diaspora et de faire de celle-ci un véritable partenaire stratégique de la refondation nationale.

L'année 2025 a été proclamée "Année de la culture" par le président de la Transition. Quelle est jusque-là la partition jouée par le département dans la réalisation de cette volonté politique ?

La proclamation de 2025 comme "Année de la culture" par le président de la Transition est une initiative qui traduit la volonté des plus hautes autorités de renforcer notre identité nationale et de valoriser nos richesses culturelles. Notre département s'inscrit pleinement dans cette dynamique et apporte sa contribution à travers la mobilisation de la diaspora et la promotion de l'intégration africaine. D'abord, nous avons associé la diaspora à plusieurs activités culturelles organisées au Mali et à l'étranger. Les communautés maliennes vivant hors du pays ont été sollicitées pour mettre en valeur nos traditions, nos langues et nos savoir-faire artistiques, renforçant ainsi le lien identitaire avec la mère patrie.

Ensuite, à travers la Politique nationale d'intégration africaine, nous avons promu des initiatives culturelles régionales. Nous avons organisé la Semaine nationale de l'intégration africaine 2024, qui s'est poursuivie dans la même dynamique en 2025 avec des activités éducatives, artistiques, culturelles et scientifiques.

Ces manifestations ont contribué à rapprocher les peuples, en particulier au sein de l'Alliance des Etats du Sahel (AES), où nous travaillons à consolider la coopération culturelle en même temps que la coopération politique et économique.

Notre département a également soutenu la tenue du Forum international de la diaspora (FID 2025), qui, au-delà de l'économie et de l'investissement, a intégré un volet culturel en mobilisant des artistes, des intellectuels et des créateurs issus de la diaspora. Cela a permis de renforcer le rayonnement de la culture malienne à l'international et de démontrer que notre diaspora est aussi un vecteur de diplomatie culturelle.

Enfin, nous travaillons à institutionnaliser certaines manifestations, comme la Semaine des Maliens de l'extérieur, afin qu'elles deviennent des cadres permanents d'expression culturelle et de rapprochement entre le Mali et ses fils établis à l'extérieur. Nous projetons d'organiser la Journée internationale des migrantes éditions 2025 sous une thématique en lien avec la culture.

Ainsi, notre partition dans l'"Année de la culture" se joue à travers la mobilisation des Maliens de l'extérieur comme ambassadeurs de notre patrimoine, la promotion des échanges culturels africains et l'intégration des valeurs culturelles dans toutes nos politiques migratoires et diplomatiques.

Vous avez pris votre bâton de pèlerin et les missions semblent fructueuses avec des mesures d'assouplissement ou même de libération de Maliens en conflit avec la loi de leurs pays d'accueil. Pouvez-vous nous faire le point ?

Effectivement, l'une de nos priorités est la protection consulaire et judiciaire de nos compatriotes en difficulté à l'étranger. Nos missions ont permis d'obtenir des avancées notables, qu'il s'agisse de mesures d'assouplissement, de transferts ou même de libérations dans certains cas.

Le cas le plus emblématique est celui de Yaya Cissé, au-delà de ce dossier, d'autres cas ont connu des évolutions positives grâce à nos interventions. Dans plusieurs pays, des compatriotes ont bénéficié de réductions de peines, d'allégements de procédures ou d'une meilleure prise en compte de leurs droits dans le cadre judiciaire. Ces résultats sont le fruit de la diplomatie proactive menée par nos ambassades, nos consulats et nos missions spéciales.

Nous avons aussi renforcé le dialogue avec les autorités judiciaires et administratives des pays d'accueil afin que la situation de nos ressortissants soit examinée avec équité et dans le respect des droits humains. En parallèle, nous accompagnons les familles des détenus pour leur apporter écoute, soutien et assistance, car derrière chaque cas, il y a une dimension humaine et sociale qu'il ne faut jamais perdre de vue.

Quelles sont les actes posés ou actions entreprises par votre département dans le cadre de l'intégration des peuples AES ?

Notre département a joué et continue de jouer un rôle central dans l'opérationnalisation de l'Alliance des États du Sahel (AES), car l'intégration des peuples constitue l'un des piliers de cette Confédération. Plusieurs actes concrets ont déjà été posés.

Premièrement, nous avons travaillé à l'harmonisation des documents de voyage et d'identité entre les pays membres de l'AES. Cette mesure vise à faciliter la libre circulation des personnes et des biens dans l'espace confédéral et à donner à nos compatriotes une mobilité sécurisée et reconnue.

Deuxièmement, nous avons initié des actions de simplification des formalités administratives pour les ressortissants des pays de l'AES vivant au Mali. Cela inclut les procédures de résidence, de travail et d'accès aux services publics, afin de garantir un traitement équitable et d'encourager la mobilité intra-confédérale.

Troisièmement, nous avons contribué à l'ancrage culturel et social de l'AES à travers des activités de sensibilisation, de dialogue communautaire et d'intégration sociale. La Semaine de l'intégration africaine a été un cadre privilégié pour rapprocher les peuples, avec des volets éducatifs, culturels et scientifiques qui renforcent le sentiment d'appartenance à un destin commun.

Quatrièmement, nous avons consolidé le cadre de coopération entre les États membres dans des secteurs clés : agriculture, énergie, infrastructures, sécurité et emploi des jeunes. Notre département a participé activement aux travaux préparatoires pour assurer que la dimension humaine, migratoire et sociale soit pleinement intégrée dans ces politiques sectorielles.

Enfin, au niveau diplomatique, nous avons œuvré à maintenir un dialogue permanent avec les partenaires régionaux et internationaux pour expliquer la démarche de l'AES, préserver les acquis en matière de libre circulation hérités de la CEDEAO et bâtir des mécanismes spécifiques propres à l'AES.

Et de manière générale de l'intégration africaine ?

Au-delà du cadre spécifique de l'Alliance des Etats du Sahel, notre département agit activement pour l'intégration africaine dans son ensemble, conformément à la Politique nationale en matière d'intégration africaine (Pniam). Nous avons entrepris plusieurs actions concrètes. Nous avons conclu et renforcé des accords bilatéraux et multilatéraux avec nos pays voisins, facilitant la libre circulation des personnes et des biens. Ces démarches s'inscrivent de la volonté de positionner le Mali comme un acteur clé de l'intégration régionale et continentale.

Nous avons également organisé des événements majeurs pour promouvoir cette intégration. Notamment l'atelier d'évaluation du plan d'action de la Pniam, qui s'est tenu à Sikasso en décembre 2023,cela  nous a permis de mesurer les progrès réalisés et de définir de nouvelles orientations. En mai 2023, le Mali a abrité un colloque international sur la contribution de la science à l'intégration, en partenariat avec l'Université catholique de l'Afrique de l'Ouest (Ucao) et l'Ecole de maintien de la paix (EMP). Ces différentes rencontres ont  permis de rapprocher les chercheurs, les décideurs et acteurs de terrain autour des défis communs de l'Afrique.

Dans le même esprit, nous avons initié et coordonné la Semaine nationale de l'intégration africaine, qui rassemble chaque année des activités éducatives, artistiques, culturelles et scientifiques autour de thèmes fédérateurs.

Et en 2024, nous avons placé cette semaine sous le signe de l'éducation adaptée au 21 siècle, à travers des panels, des journées de réflexion, la montée des couleurs africaines à la tour de l'Afrique et la Nuit de l'intégration africaine, qui rassemble toutes les communautés vivante au Mali.

Tous ceux-ci , pour vous dire que nous  veillons également à l'implication de la diaspora africaine vivant au Mali dans ces dynamiques, notamment à travers la Fédération des communautés  africaine au Mali (Fécam), qui soutient des activités culturelles et artistiques renforçant la fraternité et la solidarité entre nos  peuples.

Enfin, nous participons activement aux instances de l'Union africaine et de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa), en apportant la voix du Mali sur les questions migratoires, de mobilité et de coopération régionale. Notre objectif est de bâtir une Afrique intégrée, solidaire et prospère, où chaque peuple se reconnaît dans une communauté de destin.

De tout ce que vous avez fait, quelle est l'action qui vous a le plus marqué ?

Toutes les actions menées par le département ont leur importance, car chacune répond à une attente forte de nos compatriotes. Mais s'il fallait en retenir une qui m'a personnellement le plus marqué, je citerais sans hésitation la protection et la réinsertion des Maliens en détresse, à travers les opérations de rapatriement et l'accompagnement de milliers de nos concitoyens.

Un autre moment fort reste le dossier Yaya Cissé, détenu en Mauritanie pendant plus de treize ans, et qui a pu être transféré au Mali en avril 2025. Cet acte symbolise notre détermination à défendre la dignité et les droits de nos compatriotes, où qu'ils se trouvent, et à transformer en réalité ce que certains considéraient comme impossible.

Je voudrais aussi souligner la mobilisation de la diaspora autour du développement national, notamment à travers le Forum international de la diaspora (FID 2025). Cet événement a permis de placer notre diaspora au cœur de la refondation économique, et de créer un climat de confiance entre l'État et ses ressortissants de l'extérieur.

Ces actions, qu'il s'agisse de sauver des vies, de restaurer la dignité ou de construire l'avenir, traduisent toutes la même conviction : la diaspora n'est pas seulement une force d'appoint, elle est un pilier de la souveraineté et du développement du Mali.

Quel appel lancez-vous à tous au nom du Mali Kura en construction ?

Un appel à l'unité et à la responsabilité ! Le Mali Kura que nous bâtissons ne peut se réaliser sans l'engagement de tous : ceux qui vivent au pays comme ceux qui vivent à l'étranger. Chaque Malien, où qu'il se trouve, a un rôle à jouer dans cette œuvre collective.

J'appelle la diaspora à continuer d'être une force d'appui, non seulement par les transferts financiers qui soutiennent déjà des millions de familles, mais aussi par l'investissement productif, le partage de compétences et l'innovation. Votre savoir-faire, vos talents et vos ressources sont indispensables à la refondation de notre pays.

J'appelle également la jeunesse à croire en elle-même et à croire en son pays. L'aventure migratoire irrégulière n'est pas une solution. Le véritable avenir est ici, au Mali, dans l'exploitation de nos ressources, dans l'entrepreneuriat et dans la créativité. L'Etat est déterminé à multiplier les opportunités d'insertion et de formation pour vous offrir des alternatives viables et dignes.

Enfin, j'appelle à la solidarité et à la cohésion. Le Mali Kura repose sur des valeurs de dignité, de justice et de fraternité. C'est ensemble que nous devons transformer nos difficultés en opportunités, et c'est ensemble que nous devons faire rayonner notre pays au sein de l'Afrique et dans le monde.

Le mot de la fin…

Je voudrais exprimer ma gratitude à l'ensemble de nos compatriotes établis à l'extérieur pour leur engagement constant envers la patrie. Malgré les épreuves, ils continuent de soutenir leurs familles, de renforcer l'économie nationale et de porter haut l'image du Mali dans le monde.

Je réaffirme la détermination du gouvernement à rester à leurs côtés, à protéger leurs droits et à créer les conditions pour qu'ils puissent investir, travailler et contribuer pleinement à la construction du Mali Kura.

Enfin, j'invite chaque Malien, où qu'il vive, à garder confiance. Le Mali traverse des défis, mais il avance résolument vers un avenir de dignité, de souveraineté et de prospérité. Ensemble, nous réussirons.

  Réalisé par El Hadj A.B.HAIDARA

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