Le Mot de la semaine de Youssouf Sissoko : Humiliation

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C’est avec une grande surprise que l’opinion publique nationale a appris la privation du droit de vote au Mali des pays non permanents par lettre datée du 18 janvier 2016 adressée au président de l’Assemblée générale par le Secrétaire Général lors de la 70ème session des Nations Unies à New York. Cette énième humiliation du Mali sur la scène internationale pose véritablement la problématique de la gouvernance et surtout le manque de sanction en cas de faute commise. Nous avons été la risée du monde entier et pourtant le Président de la République n’a jamais manqué d’occasion pour rappeler à la face du monde  notre grandeur, nos origines célèbres et les grandes civilisations auxquelles nous appartenons, à travers cette fabuleuse assertion : « Nous fûmes quand beaucoup des nations dites développées aujourd’hui n’étaient pas ». Le Mali a été suspendu pour non paiement de sa cotisation annuelle en application de l’article 19 de la charte des Nations-Unies, et cela à cause d’une modique somme de 200 millions de francs CFA.

Quelle négligence d’Etat a pu conduire à une telle humiliation d’un pays  descendant de grands empires et qui a donné au monde de grands empereurs qui ont brillé de mille feux et qui ont parcouru les quatre coins de la planète comme en témoigne l’exploit d’Aboubakari II en Amérique avant Christophe Colomb ? Le PM dans son adresse à la Nation malienne en milieu de semaine expliquait comment cette grave négligence a pu arriver tout en l’assumant comme cela se doit pour un Chef.  Il précisera que sur ordre du ministre en charge des Affaires Etrangères, instruction avait été donnée au Trésor Public d’émettre des ordres de transfert télégraphique d’un montant de 200 millions environs pour s’acquitter de la cotisation auprès de l’ONU.

Sauf que le numéro de compte donné par le ministère des Affaires Etrangères n’était pas le bon et la BCEAO, de son côté a retourné au Trésor les sommes qui auraient du être transférées. Les fonctionnaires qui ont reçu ce retour n’ont absolument rien fait. Et voilà comment leur négligence a sanctionné le Mali. La section syndicale du Trésor Public apportera sa version des faits à travers son Secrétaire Aguissa Zouladéini Maiga qui dira qu’une lettre avait été bien adressée à la Direction du Budget afin qu’elle lui transmette les bons numéros de compte, sans succès. Lettre qui fut renvoyée à la même Direction trois mois plus tard, encore une fois sans succès. Une cacophonie intolérable dans les hautes sphères de l’Etat. Le limogeage de l’ambassadeur du Mali à l’ONU, si elle est salutaire, n’est absolument pas suffisant.

Des têtes doivent tomber au niveau de l’Administration des Finances et du Trésor. Au Mali, l’autorité de l’Etat n’a jamais été aussi bafouée que sous IBK, lui qu’on crut capable de tant de pouvoir et de coefficient personnel pour redresser une Administration qu’on savait déjà malade. De mémoire de diplomate, se semble être la première fois que le Mali est ainsi suspendu de son droit de vote à l’ONU. Le président IBK doit savoir que le tribunal de l’histoire est sans appel et impitoyable. Il doit pour la postérité laver cet affront fait à notre Peuple par la faute de certains fonctionnaires peu soucieux du respect de nos engagements internationaux et qui ont d’autres agendas différents de celui du Mali. L’image du Mali vient encore une nouvelle fois d’être écorchée et ternie par une telle affaire banale.

 

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