#Mali : Disparition de Bassata Djiré : Une pionnière de la lutte pour l’émancipation des femmes s’en est allée

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«Toutes les actions menées par les pionnières sont maintenant jetées dans les oubliettes», regrettait Mme Dembélé Sata Djiré dite Bassata lors d’un entretien en août 2023. Pourtant, précisait-elle, «la lutte des femmes n’a pas commencé».

Figure importante du mouvement féminin et panafricain au Mali, militante anticoloniale, Bassata Djiré s’est éteinte le 2 avril dernier à l’âge de 92 ans. Ses obsèques ont lieu trois jours après à N’Tomikorobougou en Commune III du District de Bamako. Ainsi avec sa disparition, le Mali perd une grande défenseuse de la cause des femmes et de l’émancipation africaine.

De la Chine à l’Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS) d’alors, en passant par la Tanzanie et le Kenya, Bassata Djiré a porté haut le combat pour l’émancipation des femmes en construisant des ponts avec d’autres militantes engagées à travers le monde. Mais, c’est toujours au Mali que son engagement la ramène.

Directrice d’école, la battante travaille d’arrache-pied dans le secteur de l’éducation. Ainsi, elle exerce comme institutrice pendant 15 ans et comme maîtresse d’anglais au fondamental II dans plusieurs localités du pays dont Bamako, Bafoulabé, Ségou et Kadiolo. La militante a collaboré étroitement avec les femmes rurales, s’investissant dans la promotion de l’alphabétisation, du développement d’activités génératrices de revenus, ainsi que dans la sauvegarde de l’environnement à travers l’utilisation des foyers améliorés, a témoigné l’équipe du Projet archives des femmes, qu’elle a ardemment soutenue.

Cette brillante carrière la conduira à la direction nationale de l’alphabétisation fonctionnelle (ex-Dnafla) où elle servira comme directrice jusqu’à sa retraite. Née vers 1932 à Bamako, Bassata est l’une des sept premières institutrices et syndicalistes du Mali. Leader dans l’âme, elle fait partie des cinq déléguées qui représentent l’Afrique à la Conférence de la Fédération démocratique internationale des femmes (FDIF) de 1958 à Vienne (en Autriche). Femme d’action, panafricaine convaincue, elle est l’une des initiatrices du Congrès de l’Union des femmes de l’Afrique de l’Ouest (Ufoa) en 1959 à Bamako, qui avait rassemblé près d’un millier de participants lieux de la sous-région.

Elle est également membre fondatrice de l’Union des femmes du Soudan (UFS) la même année avec Mme Jeanne Martin Cissé de la Guinée. Déléguée syndicale de l’École des filles de la Poudrière. De 1958 à 1960, elle occupe le poste de secrétaire général de l’Intersyndical des femmes travailleuses du Soudan français, secrétaire général du comité du Rassemblement démocratique africain (RDA) de N’Tomikorobougou de 1956 à 1959 et du bureau des femmes du même parti à Kadiolo.

Après avoir fréquenté tôt l’école de filles de Bamako pour ses études primaires de 1941 à 1947, elle étudie au collège de Markala jusqu’en 1950. Mme Dembélé Sata Djiré débute sa carrière professionnelle comme institutrice du collège de filles de Bamako en 1951. En 1966, elle obtient le Certificat de stage de perfectionnement en anglais aux États-Unis d’Amérique, plus précisément au San Jose State collège de Californie. Une année après, elle décroche son Certificat d’aptitude professionnelle (Cap) en 1967. Pour de bons et loyaux services rendus à la nation, elle a été distinguée chevalier de l’Ordre national du Mali en 2006. Mère de quatre enfants et plusieurs petits-enfants, Démbélé Bassata Djiré affectueusement appelé Mamie repos désormais au cimetière de Hamdallaye.

Aboubacar TRAORE

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