En demandant, contre toute attente, le report de l’élection présidentielle, le parti Sadi manifeste un recul méprisable pour notre démocratie, et va à contre-courant de la volonté de la majorité des Maliens qui exigent un changement dès le 8 juin prochain. L’imposture est flagrante et témoigne qu’Oumar Mariko et ses camarades ne sont prêts pour ces échéances. Explications.
[caption id="attachment_41353" align="alignleft" width="310" caption="Oumar Mariko, président Sadi"]

[/caption]
Elections ou pas élections le 29 avril prochain ? La question a longtemps divisé les acteurs et les observateurs de la classe politique depuis l’éclatement des événements, le 17 janvier dernier au Nord de notre pays. On est presque sûr, il n’y aura pas de report. Du moins si l’on en croit au chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré. « Les élections auront bel et bien lieu conformément au délai constitutionnel », a asséné ATT face à Alain Foka dans une interview diffusée sur les antennes de RFI.
Manœuvres aventuristes !
Cependant, certains apprentis sorciers de la classe politiques étaient déjà dans un autre dessein. Et leurs manœuvres allaient tout droit dans le sens du report des élections. Parmi ces formations politiques favorables à ce forfait honteux pour notre démocratie, on peut citer le Parena de Tiébilé Dramé et le parti Sadi du tonitruant député Oumar Mariko.
L’imposture est flagrante et inadmissible pour tous ceux qui aspirent à un nouveau régime à partir du 8 juin 2012. Si pour Tiébilé Dramé la déclaration est peu surprenante de la part d’un « leader » et de son parti en quête de crédibilité et qui ne seront même pas aux élections présidentielles, pour le parti Sadi, la proposition déçoit à plus d’un titre. Et on ne comprend pas d’où Oumar Mariko et ses camardes sortent cette idée.
Dans leur diatribe, ils se fendent de l’argument qu’« une importante partie de nos populations sont déplacées à cause des combats au Nord ». Soumana Sako, Dioncounda Traoré, Moussa Mara, IBK, Madani Tall ont raison ! Il faut avoir le courage de le dire : « Un report des élections constitue un KO et une victoire des pseudos rebelles dans leur aventure sécessionniste ».
La réponse dans l’histoire
Face aux actions sporadiques d’un groupe de « rebelles » se réclamant du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad), le Mali ne peut reporter ses élections et trahir sa Constitution. Cela, à cause de plusieurs raisons.
La première, d’emblée, est que ce n’est pas la première que le Mali va aux élections en temps de crise. Ceux qui connaissent l’histoire de leur pays, se souviendront qu’en 1992, alors que nous sortions de la rébellion de 1990, le Mali a connu ses premières élections libres et démocratiques. Pour notre première expérience d’élection, le coup a réussi grâce à la volonté politique.
Mieux, dans un passé très récent (en 2007), nous avons organisé et réussi notre élection alors que nous sortions des attaques du 23 mai 2006 perpétrées par des éléments d’Ibrahim Ag Bahanga. En 2012, il n’y a donc pas de raison de ne pas tenir les élections. N’en déplaisent à Tiébilé Dramé, Oumar Mariko et leurs camarades.
L’idée que les élections ne peuvent se tenir avec des « milliers de populations déplacées », est un argument absurde. Elle participe de la campagne de désinformation alarmiste menée par certaines organisations dites « humanitaires ». Aujourd’hui, on les estime 126 000 déplacés. Franchement, le ridicule ne tue plus dans notre pays. Nous allons être heureux d’avoir autant d’électeurs dans nos villes du Nord. La seule population du quartier de Lafiabougou (à Bamako, en Commune IV) dépasse celle de Kidal ville.
Mieux, dans les centres urbains du Nord, les populations vaquent à leurs occupations. Dans les écoles, les commerces, les transports, etc. la vie poursuit son cours normal à Kidal, à Tombouctou, Gao, Goudam, Niafunké, etc. Et les informations qui nous parviennent par le biais de nos frères du Sud affectés dans les services publics et privés de ces localités, constituent pour nous des raisons de ne pas s’affoler. Il est vrai, la quiétude ne peut être comme en temps de paix, mais avec le renforcement du dispositif de sécurité dans ces localités, le Mali peut bien tenir ses élections sans violer sa Constitution. Une transition au Mali est synonyme de recul de notre démocratie. Car elle engendre la dissolution de toutes les institutions de la République et la recomposition de la classe politique. Bref, une remise en cause de tout le système. Un vrai gâchis que Sadi nous recommande.
Il n’y a rien de plus illogique que de penser à un report des élections. Car cela veut dire que nous sommes prêts à sacrifier notre démocratie à cause d’une poignée d’individus, se disant « rebelles ». Et il n’y a pas plus grande défaite que de remettre en question les fondements même de notre Etat.
Il faut accepter les conséquences de la guerre. Bref, comme disait IBK en début de semaine : « Il n’y aura pas de vraie solution à la crise sans la tenue de la présidentielle le 29 avril ». Et le parti Sadi peut continuer à courir, la démocratie malienne veut avancer !
Issa Fakaba Sissoko