Détérioration du climat politique : L’opposition tient IBK pour responsable

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Gestion «calamiteuse» d’IBK au pouvoir
Soumaila Cissé, Djiguiba Keita, Amadou Abdoulaye Diallo (G-D) (photo archives)

Les partis politiques de l’opposition ont animé une conférence de presse, le samedi dernier, pour dénoncer « les propos inacceptables et injustifiables » du président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, contre le président du Parena, Tiébilé Dramé. L’opposition condamne « fermement » le comportement du chef de l’Etat et le tient, avec le gouvernement, pour responsables de la détérioration du climat politique dans le pays.

Ils étaient tous là, au CICB, le 31 octobre 2015. Les ténors de l’opposition malienne étaient visiblement décidés à dresser une image d’unité, de cohésion  et de bloc compact contre les dérives verbales du président de la République qui visent les acteurs politiques et compromettent la démocratie. « Nous sommes tous ce petit Monsieur », était le slogan de la rencontre avec les médias. Soumaïla Cissé, Modibo Sidibé, Djibril Tangara, Amadou Koïta, Me Hamidou Diabaté, entre autres, étaient les principaux animateurs de la conférence.

Tout est parti de la visite d’Etat du président de la République en France du 20 au 24 octobre derniers. IBK n’a pas apprécié la circulation de tracts dénonçant la mauvaise gouvernance de son régime. Pour le chef de l’Etat, l’instigateur de ce tract n’est autre que le président du Parena, Tiébilé Dramé, qu’il qualifia, à son retour à Bamako, de « Petit Monsieur ». C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

Pour le collectif des partis de l’opposition démocratique et républicaine, la visite d’Etat a été ternie par les propos du chef de l’Etat qui s’est livré à « une attaque personnelle, de façon gratuite, malencontreuse et injurieuse à l’encontre de M. Tiébilé Dramé, président du Parena, parti politique membre de l’opposition démocratique et républicaine ».

Depuis ce jour-là, le climat politique a pris un coup. Et Dieu seul sait, ce qui pourrait advenir de la détérioration de ce climat.

La salle Balla Moussa Keïta du CICB était pleine à craquer de militants et de sympathisants de l’opposition, mais également des représentants de la presse nationale et internationale. Onze partis politiques (Urd, Fare An Ka Wuli, Parena, Parti Lumière, Fcd, Pids, PS Yeleen Coura, Pdes, Psp, Prvm Faso ko, Afp), ont répondu à l’appel de l’opposition, qui, par cette conférence, tenait à soutenir le président du Parena contre le président de la République et le gouvernement malien. Mieux, il s’agit pour les leaders de l’opposition d’opposer un niet aux tentatives de musellement de la démocratie et des personnalités politiques de l’opposition.

 

Manquements à la démocratie

Le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, a salué et loué l’image d’une opposition unie et solidaire, et rappelé au président de la République les manquements à la démocratie et à la constitution du 25 février 1992.

« Faut-il rappeler au Président de la République qu’en France, le concept de liberté d’expression germa sous l’ancien régime. Il fut l’une des premières conquêtes de la Révolution française. Aujourd’hui, la liberté d’expression de ses opinions est une des premières libertés politiques et plus généralement des libertés fondamentales… 

Faut-il rappeler au président de la République qu’il est le gardien de la Constitution. Il doit incarner l’unité́ nationale. Il est le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité́ du territoire, du respect des Traités et Accords internationaux… », indique l’honorable Cissé. Qui précise qu’en France, aussi bien qu’au Mali, l’opposition politique constitue un élément fondamental de la démocratie pluraliste. « C’est à ce titre qu’elle est politiquement reconnue, juridiquement protégée et a, en conséquence des droits et des devoirs… », souligne le chef de file de l’opposition.

C’est pourquoi, le collectif des partis de l’opposition condamne fermement le comportement du Président de la République et de son gouvernement tout en considérant que  les injures de personnalités politiques  sont indignes de la fonction présidentielle.

 

« Nous ne lâchons rien… »

L’opposition considère aussi que les termes du communiqué du gouvernement sont « inacceptables » et ils constituent une remise en cause des libertés publiques et une attaque contre l’ensemble des patriotes et des forces démocratiques du Mali.

Enfin, le collectif tient le président de la République et le gouvernement pour responsables de la détérioration du climat politique du pays.

Me Hamidou Diabaté du Parena est parti des arguments juridiques et de la religion, pour démontrer que l’opposition n’est un ennemi, ni du Mali, ni de ses dirigeants. C’est pourquoi, l’ancien ministre (de la Justice !) considère que les menaces du régime contre Tiébilé Dramé contrarient la démocratie. « S’il n’y a pas de contre-pouvoir, il n’y a pas de démocratie », indique l’ancien bâtonnier.

Modibo Sidibé des FARE An ka wuli renchérit dans le même sens en indiquant que les Maliens tiennent beaucoup à leur souveraineté et à la liberté d’expression. « Et çà, il faut le défendre… », soutient l’ancien Premier ministre. Qui avertit : « ni les injures, ni les diffamations, ni les menaces ne font taire l’opposition ».

Le chef de file, prenant à témoin l’opinion, explique que cette opposition, qui a choisi d’inscrire toutes ses actions dans le dialogue, n’a eu droit qu’à des insultes. « Au même moment, ceux qui ont violé, pillé, assassiné, volé…, sont honorés et considérés. Ils voyagent même dans l’avion présidentiel…», regrette Soumaïla Cissé. Qui invite le chef de l’Etat à accepter les critiques et à se consacrer à la résolution des attentes des Maliens.

« L’opposition républicaine et démocratique refuse de se laisser distraire et continue d’exiger du gouvernement que la lumière soit faite sur tous les scandales qui caractérisent le régime en place. L’opposition reste convaincue que la vie publique, dans son ensemble, doit être marquée du sceau de la morale et de la transparence.  Nous ne lâchons rien, comme on le dit si bien au bord de La Seine: le Président de la république et son Gouvernement se sont énervés parce que l’opposition dénonce les détournements à la pelle, les  surfacturations, les scandales et le pillage des ressources publiques… », conclut le chef de file de l’opposition.

Idrissa Maïga

 

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