Primaire à l'Adema/Pasj : Pourquoi le consensus est impossible
Ce sont 7 leaders et militants qui ont décidé de défier le président Dioncounda Traoré pour la désignation du candidat de l’Adéma/PASJ pour la présidentielle de l’année prochaine. Il s’agit sans nul doute d’une situation inconfortable pour le président de l’Assemblée nationale qui voulait être désigné comme le candidat naturel. Sa quête du consensus parait aujourd’hui plus que compromise d’autant plus que sa gestion des fonds est décriée par les militants qui vont lui demander des comptes.
On ne devait pas en arriver là à l’Adéma/PASJ pour le choix du candidat du parti pour la présidentielle de 2012. Incapable de se poser en leader naturel, Dioncounda Traoré est aujourd’hui obligé de passer par les primaires pour décrocher le sésame. Il se voit surtout défier par 7 camarades dont le plus redoutable est son 1er vice-président, Iba N’Diaye accrédité d’un léger avantage.
Pourtant, le sort lui avait largement souri quand en 2000 il avait été choisi par l’ancien président Alpha Oumar Konaré pour prendre la tête du parti au détriment d’Ibrahim Boubacar Keïta poussé à la dimension. Il a alors eu 11 longues années pour préparer sa candidature, voire son élection à la présidence de la République surtout que son parti est réputé être une machine électorale.
Son manque de charisme et d’autorité ont fait qu’il n’a jamais fait de cette machine un bataillon organisé et discipliné. A cause de sa faiblesse, on est encore obligé de recourir aux votes de ses camarades pour confirmer ou infirmer son leadership. Un exercice qui a déjà fait en 2002 le malheur de l’Adéma à travers une convention d’investiture qui a fait perdre au parti toute sa crédibilité à cause des ravages causés par l’argent, roi des abeilles. Comme si cela ne suffisait pas, Dioncounda Traoré lui-même peut s’essayer à la même méthode. Et ses partisans ne reculeront devant rien pour gagner la compétition. Depuis plusieurs mois, ils étaient rentrés en campagne en investissant le terrain avec l’argent du parti dont la gestion est à contrôler car s’agissant des fonds venant des caisses de l’Etat. On dit que le questeur de l’Assemblée nationale est le cerveau de cette campagne de corruption et d’achat de conscience. Mais, ils se doivent se dire qu’ils ont déjà essuyé deux défaites : la première avec la tenue des primaires qu’ils voulaient éviter à tout prix et la seconde la multiplicité des candidatures, un échec personnel de Dioncounda Traoré qui n’ a pas su tirer profit de son expérience et de son statut pour s’imposer en candidat naturel. Il est obligé de batailler comme tous les autres candidats à l’instar d’Iba N’Diaye, Sékou Diakité ainsi que des inconnus comme Téoulé Koné, Ousmane Traoré, Harouna Bouaré, Youssouf Kamaté et pour devenir le porte-étendard du parti pour la présidentielle, tant attendue de l’année prochaine.
Des soupçons sur l’utilisation des fonds
Les joutes des primaires donnent lieu à des révélations sur la vie du parti majoritaire. Certains n’hésitent plus à dénoncer une gestion catastrophique des fonds octroyés dans le cadre du financement public des formations publiques. D’ailleurs, il n’y en a même qu’on mette un scellé sur les comptes du parti avant la fin du processus de désignation du candidat Adéma à la prochaine présidentielle.
En cette période de campagne des primaires à l’Adéma/PASJ, les langues commencent à se délier sur la gestion du parti, précisément sur ce qu’on fait des fonds alloués dans le cadre de l’aide publique aux partis politiques. Au parti de l’Abeille, cette manne financière serait utilisée dans une totale opacité car en dehors du président, de son trésorier et quelques individus, personne ne sait au parti ce qu’on fait ou ce qu’on a fait de ces sous. Pourtant, il s’agit des centaines de millions de FCFA, pour ne pas dire des milliards de FCFA quand on sait que du début de cette opération à maintenant, l’Adéma/PASJ, première force politique du pays, n’a jamais eu en dessous de 200 millions de FCFA, d’ailleurs cette année, il s’est tapé plus de 400 millions de FCFA qui seraient d’ailleurs tombés dans les caisses sans que personne ne soit informé en dehors d’un petit clan. C’est pourquoi, des membres du comité exécutif qui se refusent de parler publiquement de cette gestion clanique pour ne pas éclabousser le parti, pensent qu’en cette période de primaires, il faudra mettre des scellés sur les comptes pour qu’on ne s’en serve pas encore pour des intérêts personnels comme cela peut être imaginé. Certains souhaitent même que les inspecteurs des finances jettent un regard sur la gestion de ces fonds utilisés à d’autres fins. Ce qui est ni plus, ni moins qu’un détournement.
L’impossible accord sur les alliances
Estimés entre 25 et 35, les partisans du président de la République au sein du comité exécutif seront déterminants pour le choix du candidat du parti à l’élection présidentielle. Dans la course à leurs voix, Dioncounda Traoré seraient pénalisés par ses partisans, comme Aly Nouhoun Diallo, Ousmane Sy ou El Madani Diallo, qui ont décidé d’ouvrir les hostilités avec le président de la République.
Pour les observateurs avertis, les partisans du président de la République sont les plus nombreux au sein du comité exécutif de l’Adéma/PASJ. Même si certains d’entre eux ont échoué à faire reporter pour la 4e fois les primaires, ils sont sûrs d’être les faiseurs de roi. C’est pourquoi, leurs voix seront très recherchées et dans cette course-poursuite, le candidat Dioncounda Traoré souffre d’un handicap majeur, l’hostilité de ses principaux soutiens à l’actuel locataire du palais de Koulouba. Et leur point de désaccord, c’est surtout autour des alliances car si les pro-Dioncounda Traoré travaillent pour ce qu’ils appellent la reconstitution de la grande famille l’Adéma avec le retour de l’URD de Soumaila Cissé, du RPM d’IBK et du Miria de feu Mamadou Lamine Traoré ainsi que du Parena, pour les autres, la logique voudrait une alliance avec le PDES avec lequel l’Adéma a géré durant ces dix dernières années. Voilà bien des points de discorde qui rendent presque impossible le consensus au parti de l’Abeille.
Abdoul Karim Maïga
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