Début d’un duel à outrance entre Kati et Koulouba: A quelles fins ? Défénestré par la junte de Kati, le Président ATT déchu revient par une porte dérobée avec la bénédiction du FDR qui lui est resté fidèle parce que lui étant redevable.
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Amadou Toumani Touré, ATT[/caption]
Ainsi, les maliens assistent impuissants au retour triomphal des caciques de la 3ème République comme si de rien n’était. Avec Dioncounda c’est faire du ATT sans ATT. Autrement dit la stratégie d’ATT et le système qu’il a mis en place continuent leur petit bonhomme de chemin. Depuis le départ de Cheick Modibo de la primature et la nomination de l’homme de tous les consensus Diango Cissoko, on assiste au retour des bras armés du général Amadou Toumani Touré sur la scène politique nationale. Pourtant dans ce nouveau Mali en gestation douloureuse, il leur faudra beaucoup de courage, de la patience et de l’imagination pour échapper à la vindicte populaire et à l’application d’une justice indépendante avant de gravir les marches de Koulouba.
Jeunesse ignorante
S’il ya une prouesse réussie au Mali par le régime démocratique, c’est bien la formation d’une jeunesse ignorante et paresseuse. C’est pourquoi la situation que vit notre pays est bizarre à tout point de vue. Faute de relève après le coup d’Etat du 22 mars 2012 qui a renversé ATT, l’alternance générationnelle démocratique devra encore attendre et peut-être, faire malheureusement place au retour des infatigables et insatiables dinosaures qui commencent à sortir avec prudence de leur hibernation forcée. Si sous la gestion du Premier ministre « pleins pouvoirs » Cheick Modibo Diarra, la nomination des proches d’ATT posait des problèmes, tel n’est plus le cas avec le nouveau premier ministre Diango Cissoko, excellent valet de tous les régimes (dictatorial et démocratique). A titre d’exemple on se rappelle de la nomination controversée de l’ancienne ministre de la Promotion de la Femme et de l’Enfant, Sina Demba, à la tête de l’APEJ.
Pour se rafraîchir la mémoire, c’est en échange de sa victoire au profit de Dioncounda lors des législatives 2007 à Nara qu’elle a été récompensée. Autrement, une belle manière pour remettre en scelle la girafe de Nara.
Le Premier ministre Diango Cissoko ne pensait pas si bien dire en commentant sa nomination par la « naissance d’un Duo (entre le Président Dioncounda et lui) à la place du Duel (entre le Président Dioncounda et le PM Cheick Modibo) ». Pour mettre en pratique son nouveau et beau concept que nous avons salué de toute notre force tellement l’équilibre de la République était menacé jusque dans ses fondements institutionnels par la guéguerre au sommet de l’Etat entre les deux chefs de l’Exécutif, Diango Cissokho milite pour une période de phasage au niveau des actions et de loyauté de la Primature vis-à-vis de Koulouba pour permettre une synergie des activités du Gouvernement qui doivent, à priori, gagner en cohérence et en performance. L’annonce de ce changement de paradigme est donc très salutaire quant à la forme, mais c’est au niveau du fond que le bât blesse. En effet nous avons l’impression que dans la feuille de route du Premier ministre, le « recyclage » des anciens compagnons de ATT occupe une place de choix; il suffit juste de jeter un coup d’œil furtif sur les communiqués des derniers conseils de ministres pour se rendre à l’évidence. Jugez-en vous-mêmes par la nomination de l’ancien chef des bèrets rouges et compagnon du Président ATT, le Colonel-
Les nostalgiques du régime ATT
Major Issa Ould Issa comme Haut fonctionnaire de Défense auprès du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique; la nomination de l’ancien ministre d’ATT Ahmed Sow à la primature comme conseiller avec rang de ministre. Il fut pourtant le conseiller d’ATT qui a conçu son projet de société pour le PDES. Ahmed SOW est aussi un candidat sérieux à la présidentielle qui s’annonce. Pour cette il aurait du décliner l’offre. L’arrivée de l’ancien ministre Ousmane Thiam, un inconditionnel d’ATT, à la primature comme conseiller avec rang de ministre et le retour surprenant de l’ancien directeur de l’ORTM, Bally Cissoko, à la primature comme directeur de la cellule de communication. C’est un secret de polichinelle que de parler du soutien inconditionnel de Bally Cissokho au général Amadou Toumani Touré. Sans parler du maintien du ministre David Sagara dans le gouvernement de la transition, la nomination de Ousmane Sy comme secrétaire général à la présidence.
A ce rythme, force est de reconnaître que « le changement ce n’est pas maintenant ». Qu’est-ce qui a pu déterminer ces choix quand on sait que les années de Présidence de ATT ont été calamiteuses pour avoir largement contribué à la promotion du favoritisme, de l’incompétence, du clientélisme, de la corruption, de la clochardisation de la jeunesse qui sont autant de tares dont la société malienne doit guérir pour espérer survivre ?
Est-ce parce que le Mali manque à ce point de compétences.
Est-ce parce que Dioncounda et Diango sont nostalgiques du régime ATT ?
Est-ce parce que ATT les tient et leur font du chantage ?
Est-ce simplement parce que la Transition est entrain de préparer le 3ème mandat par procuration de ATT ? Alors vivement le retour des vautours pour le partage du gâteau national, car la nature a horreur du vide. Les militaires ayant fait leur part du boulot, comme pendant la révolution de 1991, c’est au peuple souverain d’achever le travail. Mais si la jeunesse ne veut pas prendre son destin en mains, alors les dinosaures, anciens pro-putch de 1991 devenus entre-temps des révolutionnaires embourgeoisés, décideront à leur place.
ATT continue de tirer les ficelles…
Le duo a la place du duel selon les propres propos du PM (que je sache Dioncounda est le chef selon la constitution) a au moins l’avantage précieux de clarifier le jeu institutionnel. Nous sommes sûrs que, désormais, toute décision de Diango est validée en amont par Dioncounda. Alors ces nominations des anciens collaborateurs de ATT qui se multiplient et se répètent au rythme presque lent des conseils de ministres, montrent à suffisance que ATT continue de tirer les ficelles dans l’ombre et à partir de son exil dakarois. De deux choses l’’une : ou bien les nouvelles autorités ont décidé de continuer le régime ATT pour l’avoir cautionné, apprécié et validé. Ou bien elles ont décidé de perpétuer ce système calamiteux, parce qu’elles sont redevables à ATT qui les tient par le dessous de la ceinture; ce qui ne surprendrait pas qui connait ATT et le caractère très vicieux de sa personnalité perverse.
Alors nous leur disons que le régime de ATT est mort et enterré, même si ce fut de manière brutale, et qu’on ne joue pas avec les institutions de la République. On ne règle pas des comptes personnels avec elles. Elles n’ont qu’à traiter leurs contradictions de coqs cocus et de poules en chaleur dans le champ privé des poulaillers mondains.
Aliou Badara Diarra