Le Généralus léopardis, enfin, intronisé

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L’investiture d’Amadou Toumani Touré se sera distinguée par des particularités inhabituelles, qui annoncent déjà que le consensus démocratique, inventé sous son premier mandat, fera place au fair –play démocratique sous le second, qui s’annonce difficile.

Dans son discours d’investiture, le nouveau Président de la république a rappelé les engagements et promesses du PDES. Mais il a, aussi, tenu le pari de rassembler toutes les sensibilités, politiques, autour de la gestion de la cité. Aussi a – t-il décidé, au cours de ce second mandat, de « faire du leader de l’opposition une personnalité reconnue ». L’on comprend mieux –fait inhabituel – la présence de tous les anciens premiers ministres à cette cérémonie. Et même de certains candidats à l’élection présidentielle de 2007, tels que IBK, Mme Diallo Aminata, Mamadou « Blaise » Sangaré, Madiassa Maguiraga et… Oumar Mariko. Une première !

Une investiture au rabais

Le timing prévu pour l’arrivée des hôtes s’est quelque peu détraqué. Si bien que le début de la cérémonie, initialement prévu pour 10 heures, a été retardé. Le temps de permettre aux invités de se rassembler à l’Hôtel de l’Amitié, pour former un convoi en direction de l’ex –Palais des Congrès. Les délégations ont été accueillies soit par A.T.T. (la veille de la cérémonie), soit par le Premier ministre, Ousmane Issoufi Maïga et le ministre des affaires Etrangères, Moctar Ouane, dans la matinée du 8 juin.

Les premiers à atterrir sur l’aéroport de Sénou : Omar Bongo Ondimba du Gabon, le Dr Yayi Boni du Bénin, le congolais de Brazaville, Denis Sassou N’guesso et son épouse, le Président mauritanien fraîchement élu, Sidi Mohamed Ould Cheick Addallahi et son épouse, le Premier ministre marocain, Driss Jetou, le Secrétaire Général de la CEN-SAD représentant le Guide libyen, Al Madani Al-Azari, les représentants des Nations Unies, des Etats-Unis, de la Belgique, du Luxembourg, de l’Espagne, de l’Algérie, et le Ministre français des Affaires Etrangères, Bernard Kouchner. Dont la première tournée africaine commence au Mali. L’ancien leader de « Médecins Sans Frontières » en a profité pour visiter l’Ecole de maintien de la paix.

On a aussi noté la présence du Président de la Cour Constitutionnelle du Niger, Abba Moussa Issoufi, du Président de l’Assemblée nationale du Ghana, et de la Vice –Présidente de la Gambie. Quant au togolais Faure Gnassingbé, il a passé un coup de fil à A.T.T., en lui assurant son regret de ne pas pouvoir participer à la fête pour cause de deuil national. Il y a quelques jours, en effet, l’avion des supporters de l’équipe togolaise de Football s’était écrasé en terre libérienne. Un crash au cours duquel le ministre togolais des sports a perdu la vie….

D’autres invités débarqueront dans la matinée du 8 juin : le burkinabé Blaise Compaoré, le Premier ministre ivoirien Guillaume Soro (accueilli à l’aéroport par Moctar Ouane), les Présidents tchadien et centrafricain, Idriss Deby Itno et François Bozizé, venus avec leurs épouses, dans le même avion (le Toumaï Air Tchad), le Premier ministre sénégalais Macky Sall, venu représenter Wade qui se trouve en Allemagne pour le sommet du G.8. Il était accompagné d’un de ses ministres, Djibo Ka. En principe, 54 délégations étrangères étaient attendues à cette investiture. Dont 9 chefs d’Etat et de gouvernements qui avaient déjà confirmé leur arrivée. Un nombre inférieur à celui de 2002, où 11 chefs d’Etat étaient présents à l’investiture d’A.T.T.

La preuve par le concret

Lors de la première investiture d’A.T.T, en 2002, la même salle Djéli Baba Cissoko, a dû « refuser du monde », faute de places. Pour parer à ce désagrément, trois autres salles ont été équipées : celle de 2000 places, pour les officiels et les hôtes de marque, celle de 500 places pour la Presse, et celle des banquets. Mieux, cette année, non seulement les entrées sont filtrées, mais l’accès à l’esplanade du CICB relevait de l’exploit. Il fallait montrer patte blanche : une carte spéciale d’invitation avec un badge. Les précautions se ressentaient à travers un dispositif de sécurité impressionnant. Quant au clou de la cérémonie, il se déroulera en six étapes. D’abord, une courte allocution de la Présidente de la Cour Suprême, Mme Diallo Kaïta Kayentao, pour ouvrir la cérémonie.

Notons qu’elle est la première femme à occuper cette fonction, et la première femme à devenir juge de paix à compétence étendue. Une fonction qu’elle a exercée à Bougouni… Elle sera relayée au micro, par le greffier en chef de la Cour qui, après un rappel des valeurs ancestrales et de la responsabilité présidentielle, donnera lecture des résultats de l’élection et de quelques articles –clés de la Constitution. Dont l’article 37, qui précise, en substance : « … Le Président élu entre en fonction 15 jours après la proclamation des résultats de l’élection présidentielle par la Cour Constitutionnelle… ».

Ensuite, le Procureur général du ministère public près la Cour Suprême, fait son réquisitoire, suivi de la prestation de serment du nouveau Président, devant la Cour Suprême. Alors, le grand chancelier lui passe, autour du cou, le fameux collier doré, qui le consacre grand Maître des Ordres Nationaux et le confirme dans… sa nouvelle fonction. A noter que le Colonel Koké Dembélé est le Troisième chancelier du Mali…

Après la clôture de la cérémonie, les hôtes du Généralus léopardis retourneront à l’Hôtel de l’Amitié pour un déjeuner offert par le chef de l’Etat. Ensuite, un dépôt de gerbes au monument de la Paix, par le général, et 21 coups de Canon en son honneur, qui tonneront dans le ciel de la capitale. Et le voilà officiellement… réinstallé sur son trône de Koulouba.

Pour la réussite du PDES, A.T.T. a décidé d’adopter la politique du bâton et de la carotte. Le bâton pour réprimer, la corruption et l’incivisme. La carotte, pour accompagner des hommes et des femmes qu’il faut aux places qu’il faut. Car, ce qu’espèrent le peuple et les électeurs maliens, c’est qu’entre son premier et son second mandat, le Généralus léopardis fasse la preuve… par la différence. Ce qui nous fait penser à cette boutade d’un participant à cette investiture : « On a vu le premier A.T.T. à l’œuvre : c’était pas bon, mal dans l’ensemble. Maintenant, on attend le deuxième A.T.T. »

Le Viator

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