ATT s'adressant aux ulémas d'Afrique sur la question de la sécurité dans la bande sahélienne à l'ouverture de leurs travaux au CICB \"Les terroristes prétendent agir au nom de l'islam, c'est à travers l'islam qu'il faut leur répondre\"
La question de la sécurité dans la bande sahélo-saharienne s'invite, une fois de plus, dans le débat à l'issue de la conférence constitutive de l'Union des ulémas d'Afrique dont l'ouverture a eu lieu, le vendredi 8 juillet, au CICB. C'est le chef de l'État en personne qui a levé le coin du voile en renvoyant les ulémas et érudits du continent à leurs responsabilités. "C'est au nom de l'islam que certains prétendent agir en tuant et en massacrant des innocents sur nos terres. Cet islam, nous ne le connaissons pas. Il faut que vous jouiez votre rôle et nous dévoiliez son vrai visage. C'est sur ce terrain que nous vous attendons, vous devez le faire".
Le chef de l'Etat Amadou Toumani Touré ne pouvait pas espérer meilleure tribune que celle de la conférence constitutive de l'Union des ulémas d'Afrique et en présence des invités venant de tous les pays africains, du Maghreb et des représentants au plus haut niveau de l'Organisation de la Conférence islamique (OCI) pour dénoncer les pratiques posées par des bandits armés au nom de l'islam.
Aux ulémas du continent, leaders religieux et responsables d'associations et organisations musulmanes, Amadou Toumani Touré a été on ne peut plus clair pour signifier aux uns et aux autres leurs responsabilités face à la menace terroriste : "Nous avons besoin de vous pour vos prières, vos conseils et critiques mais aussi pour l'encadrement et la formation. C'est au nom de l'islam qu'on tue, qu'on fait des prises d'otage et c'est au nom de cette même religion que vous devez nous aider à sensibiliser notre population en lui faisant clairement apprendre les valeurs de tolérance, de solidarité et d'amour". Avant de souligner que «nous n'avons pas connu ce visage de l'islam empreint de violence et de cruauté que ne cessent de véhiculer les bandes armées».
C'est fort de ce constat qu'Amadou Toumani Touré dira clairement que la riposte dans l'immédiat doit être d'ordre culturel. Comme pour dire que c'est sur ce terrain que nos leaders religieux doivent être aussi percutants. Le chef de l'Etat a tenu à préciser que la solution militaire, très fortement prisée par certains pays de la bande sahélo-saharienne, «est aussi importante mais qu'elle est loin d'être déterminante». C'est pourquoi, a-t-il relevé, il faut insister sur la bataille idéologique.
L'autre solution préconisée pour venir à bout d'AQMI est le développement économique et le bien-être social, car les bandes armées jouent sur la précarité de la population pour endoctriner les jeunes gens.
Même son de cloche chez le président du Haut conseil islamique, Mahmoud Dicko, qui a fait part de sa tristesse de constater que le Mali, terre d'accueil et d'hospitalité, est aujourd'hui trainé dans la boue et accusé de tous les péchés d'Israël par la faute de vulgaires bandits armés. Avant de déclarer à qui veut l'entendre que "l'islam prôné par ces gens n'est pas le nôtre". En clair, pour Mahmoud Dicko, le monde islamique a besoin de se retrouver, plus que jamais, et de parler d'une même voix.
Par ailleurs, pendant les trois jours de travaux, les participants se sont penchés sur "le rôle des ulémas dans la consolidation de la paix ".
Signalons, enfin, que Bamako a été choisie pour abriter le siège de l'Union des ulémas d'Afrique. Nous y reviendrons.
Abdoulaye DIARRA
Quelle est votre réaction ?






