Pour instaurer un échange franc et sincère entre gouvernants et gouvernés, ramener le débat autour de la table… Le Crec innove avec des rencontres périodiques entre les citoyens et les pouvoirs publics

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Le Premier ministre du Mali, Soumeylou Boubeye Maïga
Le Premier ministre du Mali, Soumeylou Boubeye Maïga

Afin d’offrir un créneau aux pouvoirs publics pour exprimer sur l’action gouvernementale, le Cadre de réflexion et d’échange citoyen (Crec) a initié sa toute première rencontre, le samedi 10 novembre, dans un hôtel de la place. Le Premier ministre, Soumleylou Boubèye Maïga, était l’invité de ladite rencontre. Pour la circonstance, il était accompagné d’une dizaine de ministres de la République.

Dans son discours de bienvenue, le porte-parole du Crec, Alhousseyni Abba Maïga, a rendu un vibrant hommage au Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga pour avoir accepté de se prêter à cet exercice qu’il juge citoyen. Il a aussi salué tous les membres du gouvernement, des personnalités politiques et de la société civile pour avoir effectué le déplacement. Il n’a pas tari d’éloges pour le ministre Koïta, pour son accompagnement dans la réalisation de cette initiative  Il a saisi l’occasion pour expliquer les raisons de la création de ce cadre. Et de lever l’équivoque par rapport à la lecture erronée que certains font de l’Accord. Selon lui, il est important de souligner que l’accord signé entre les parties belligérantes suite à la rébellion de 2012 est un accord pour la paix et la réconciliation et non un accord de paix. A ce titre, il dira que c’est à la suite d’un processus que les Maliens doivent aboutir à une paix durable pour le bonheur de tous les Maliens.

A sa suite, le président du Conseil national de la jeunesse (CNJ), Souleymane Satigui Sidibé, a rassuré les plus hautes autorités du soutien total et sans faille de l’ensemble de la jeunesse malienne. Aussi, il a exhorté les membres du Crec à persévérer cette initiative. Et de remercier le chef du gouvernement pour la réalisation de certaines promesses tenues lors de sa rencontre avec la jeunesse malienne, entre autres l’octroi de 3 000 tablettes aux étudiants maliens, l’installation des structures de l’Agence pour la promotion de l’emploi des jeunes (Apej) dans plusieurs cercles du Mali, l’organisation de l’élection présidentielle de 2018, ainsi que l’organisation très prochaine des concertations régionales sur la réorganisation territoriale. Il a rappelé que le président IBK a confié son second et dernier mandat à la jeunesse. Pour lui, en donnant son mandat à la jeunesse, le président invite les jeunes à se former afin de jouer toute leur partition dans la construction de notre pays.

Aussi, il a annoncé l’organisation des assises de la jeunesse prévue pour le mois de mars prochain. A le croire, de ces assises des recommandations fortes seront formulées ainsi que l’élaboration d’une Charte nationale pour le citoyen.

Au chapitre des questions adressées au Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga

Premier à prendre la parole, Youba Konaté, après avoir rappelé la grave crise qui secoue notre pays depuis 2012, a évoqué la thématique de la gouvernance. Ainsi, il a adressé plusieurs questions à l’invité du jour, entre autres, les dispositions prises pour combler les lacunes constatées dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, l’implication politique et administrative de sa mise en œuvre sur la gouvernance, le bien-fondé des réformes envisagées.

Sur la thématique de la production d’une croissance inclusive, Bourama Doumbia, Pdg de la Société Aminata Konaté communément appelée Baramousso, après avoir retracé son parcours et présenté son entreprise, a évoqué la question d’une zone industrielle afin de booster l’investissement et l’émergence de nouvelles unités industrielles. Et d’inviter les plus hautes autorités à revoir à la baisse le prix de cession du mètre carré au Mali. De son analyse, dans la plupart des pays voisins le mètre carré est cédé à 2 000 Fcfa. Toute chose qui explique leur d’industrialisation. Il a également évoqué la question énergétique et celle de l’accès au financement pour les investisseurs maliens.

Quant à Jamal Nasser, un autre intervenant sur la thématique de la production d’une croissance inclusive, il s’est réjoui de la tenue de cette rencontre. Toutefois, il a tenu à savoir si l’initiative de la réorganisation territoriale a été initiée par l’actuel gouvernement ou par son prédécesseur ?

S’agissant de la thématique sur l’éducation et la citoyenneté, Djibril Sissoko du Réseau des communicateurs traditionnels (Recotrad) a exprimé ses inquiétudes sur la baisse du niveau de l’école malienne ainsi que le manque d’éducation qui caractérise notre société. A ce titre, il a insisté sur le retour de la culture du patriotisme à l’école, à travers le renforcement de l’éducation civique et morale (ECM) dans nos établissements scolaires et universitaires afin d’inculquer à nos enfants le respect dû aux aînés ainsi qu’aux enseignants.

Prendre des mesures contre les comportements pervers sur les réseaux sociaux

Et de poursuivre, en invitant les pouvoirs publics à prendre des mesures contre le nouveau phénomène en cours dans notre pays, notamment la problématique des réseaux sociaux. Ces médias sont devenus malheureusement un créneau où certaines personnes s’adonnent à toutes formes de perversions à travers des injures et invectives à l’encontre des personnalités maliennes. Il a aussi déploré le manque d’autorité dans notre pays. Ismaël Diallo s’est prononcé sur la question du redéploiement de l’Armée malienne sur toute l’étendue du territoire national. Et de s’interroger sur l’implication des jeunes dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger ainsi que sur le rôle des chef coutumiers dans la prochaine architecture institutionnelle.

Par rapport à la thématique sur les élections et la stabilité politique, Dr Baïla Niang, homme politique, a laissé entendre qu’après l’élection présidentielle, les différents états-majors politiques se sont mobilisés pour les élections législatives qui ont été finalement reportées. Ainsi, il a demandé au Premier ministre d’expliquer les raisons qui ont motivé ce report.

La thématique sur la jeunesse et l’emploi a été abordée par Mohamed Dème. Ses inquiétudes se rapportent à l’épineuse question de la réinsertion socioprofessionnelle des arabisants qui constituent de nos jours un pourvoyeur de terroristes.

Fatoumata Camara a évoqué la problématique relative au climat social en faisant savoir la situation désastreuse du panier de la ménagère conséquence de la cherté du coût de la vie. Elle n’a pas manqué de faire savoir au Premier ministre les difficultés auxquelles les femmes font face pour leur réinsertion et leur promotion surtout dans les services publics.

Dans la même veine, Aïssata Sacko s’est étendue sur la question du genre. Ainsi, elle a souhaité connaitre le délai de l’effectivité de la Loi sur le genre qui accorde 30% au genre dans les postes nominatifs et électifs. Et de solliciter auprès du gouvernement de l’encourager pour que l’implication des femmes dans les politiques publiques soit effective.

Pour sa part, Drissa Diarra, un jeune non-voyant, a soulevé la question sur l’application effective de la Loi sur la protection des personnes en situation de handicap. Et de féliciter le gouvernement pour l’adoption de plusieurs textes en faveur de ces personnes. Cependant, il a souligné l’insuffisance du quota accordé aux personnes vivant avec des handicaps. Avant d’inviter les tenants du pouvoir à créer un fonds pour les personnes en situation de handicap afin de réduire le taux de chômage chez cette couche vulnérable. Car, dit-il, c’est très difficile d’être en chômage, mais c’est encore pire s’il faut vivre le chômage avec un handicap.

La jeunesse appelée à être plus responsable et à cultiver l’excellence

En réponse aux différentes questions citées plus haut, l’invité du jour, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, a invité l’ensemble des Maliens à cultiver le sens de la responsabilité et de la confiance en soi pour aller vers le leadership. Et d’inviter les jeunes à prendre le chemin de la confiance en soi.

A le croire, l’amour du pays est la principale problématique qui se pose aux Maliens. Selon lui, c’est cette question qui est le socle de l’ambition d’avoir un pays où il fait bon vivre. A ses dires, les jeunes doivent également avoir la capacité de transformer toutes les situations en opportunités.

Répondant à la question relative à l’accélération de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus, il dira que le porte-parole du Crec, Abba Maïga, avait bien fait de lever l’équivoque qui prévalait sur le document. Pour lui, plusieurs aspects de l’accord font l’objet de discussions. Selon lui, la question fondamentale que l’on se pose est de savoir comment prendre en charge certaines dispositions de l’accord dans le respect du caractère unitaire de notre pays et en préservant sa diversité culturelle et ethnique.

Il rappellera que l’héritage que nous avons eu de nos ancêtres c’est le respect de la diversité. D’ailleurs, selon lui, c’est ce qui explique que dans chaque famille malienne, on y trouve toutes les ethnies ou toutes les régions de notre pays. Et de préciser que l’accord permettra de prendre en charge cette diversité. Et d’inviter les détracteurs du régime à faire preuve de sens de la mesure dans l’interprétation des dispositions de l’accord et dans la description de la crise. Car, a-t-il indiqué, il n’y a plus de belligérance entre l’Etat malien et un quelconque groupe armé.

A ses dires, dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord, toutes les régions et tous les cercles doivent être dotés d’autorité intérimaire. Et pour opérationnaliser ces nouvelles autorités, un fonds de développement durable de plus de 17 milliards de nos francs a été mis en place. Il a annoncé que le processus de Désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) est en cours d’exécution.

Recruter des volontaires pour faire au déficit d’enseignants dans le nord

A l’entendre, le gouvernement travail au retour des réfugiés maliens qui se sont déplacés du fait de la crise sécuritaire et qui vivent principalement dans nos voisins. Avant d’annoncer qu’il doit se rendre à Kidal en début de la semaine afin d’analyser le retour des services sociaux de base, notamment les infrastructures scolaires et sanitaires ainsi que des cantines scolaires pour permettre le maintien des enfants à l’école car les populations vivent dans l’extrême pauvreté. Pour lui, afin de rouvrir les classes et combler le déficit d’enseignants dans le nord, le gouvernement compte recruter des volontaires. De passage, il a taclé les détracteurs du régime. Selon lui, ceux-ci doivent aussi faire des propositions qui seront les bienvenues. De son point de vue, compte tenu de la profondeur de la crise, notre pays, le Mali, doit se construire sur plusieurs années.

Dans le cadre de la réconciliation nationale, il a précisé qu’une Loi d’entente nationale est en cours d’adoption. Et de faire savoir que tous les pays qui ont connu des crises sont passés par ces disposition similaires à travers l’adoption des Lois favorisant le pardon et l’entente entre tous les fils du pays. Avant de lancer des piques à certains membres de l’opposition en les appelant au respect du processus démocratique.

Sur la question de la réorganisation territoriale, le Premier ministre a été formel : “Nous allons appliquer la Loi de 2012 qui crée 19 régions administratives et le district de Bamako. Nous ne créons pas de nouvelles régions. Nous allons opérationnaliser ces régions qui ont été créées par la Loi citée plus haut”. Pour cet exercice, il faut définir le ressort sur lequel l’Etat veut mener ses politiques publiques. Il ajoutera qu’il faut également créer des raccourcis de façon que l’administration soit plus proche des citoyens.

De sa lecture, en multipliant le nombres de cercles, le gouvernement doit réfléchir au mode de scrutin pour une représentativité plus équitable à l’Assemblée. “Pour prendre en charge cette question, nous pouvons décider par exemple de prendre les régions comme le niveau des collectivités au lieu des cercles”. Il a saisi l’occasion pour inviter l’ensemble de la classe politique à participer aux consultations régionales organisées par le gouvernement pour la circonstance. Selon lui, cela permettra de mener le débat politique autour de cette question.  Pour le chef du gouvernement, la conviction politique de la plupart des personnes qui parlent se limite à leur intérêt personnel. Ainsi, il est très difficile de construire une démocratie avec des personnes qui ne sont des démocrates.

Par rapport au report des élections législatives, il dira que cela est dû à plusieurs facteurs, notamment la question du fichier électoral. Selon lui, si ces joutes se tenaient à la date indiquée, elles seraient organisées dans certaines localités sans d’autres. Car, dans plusieurs localités, la question des collectivités n’est pas encore résolue ainsi les modalités de désignation du nombre de députés par collectivité et la taille de la population. Donc, il faut impérativement résoudre toutes ces questions avant d’organiser les législatives.

En réponse à la question sur les réseaux sociaux, le Premier ministre a précisé que tous les pays sont confrontés à cette problématique. Et d’annoncer que le gouvernement est en train d’initier une loi sur la Cybercriminalité. A l’entendre, l’une des faiblesses de notre démocratie constitue le manque d’un socle de valeurs communes. Pour juguler l’épineuse question des réseaux sociaux, il a invité les parents à transmettre les valeurs positives aux enfants, notamment le respect dû aux ainés et aux personnalités.

Sur la question relative au retard constaté dans l’orientation des élèves admis au Diplôme d’études fondamentales (DEF) 2018, il indiqué que l’Etat débloque 38 milliards de Fcfa pour l’accueillir les élèves dans les établissements privés. Cette année, la pomme de discorde était que le gouvernement a conditionné le paiement des frais à la présentation de la liste nominative des élèves qui fréquente l’établissement. Alors que, les autres années, celui-ci était sur la présentation de la liste des élèves orientés. A la date d’aujourd’hui, l’Etat a payé plus de 29 milliards de Fcfa aux promoteurs qui ont accepté de soumettre à cette injonction.

L’Etat compte assainir ses finances à travers la réduction de ses dépenses 

Selon lui, plus de 70% des élèves sont orientés dans les établissements privés et le gouvernement est en train de travailler pour renverser cette tendance afin de réaliser des économies pouvant permettre de construire d’autres lycées publics. Pour lui, la nouvelle dynamique pour assainir ses dépenses, l’Etat s’assure que les élèves orientés fréquentent réellement les établissements dans lesquels ils sont orientés. L’Etat cherchera également à savoir si les enseignants qui y servent sont recrutés par l’établissement en question et que ceux-ci soient des enseignants de formation afin de résorber les centaines d’élèves-maitres formés dans nos Instituts de formation des maitres (IFM).

Par rapport à la question sécuritaire particulièrement dans le Centre, il a fait savoir que plusieurs éléments terroristes opérant dans le nord du pays se sont repliés dans les localités du Centre qui s’étend du nord du cercle de Banamba et de celui de Nara, aux localités du nord de la région de Ségou et plusieurs cercles de la région de Mopti. La présence de ces éléments s’est caractérisée par des attaques contre les représentants de l’Etat ce qui a instauré une zone de non-droit avec son corolaire de l’absence de toutes les activités légales dans ladite zone. Ainsi, une opération militaire de grande envergure a été menée contre l’insécurité et le trafic illicite dans cette zone. Car, dit-il, avec l’éclatement de la crise en 2012, la plupart des activités illicites qui transitaient par nos pays frontaliers se sont orientées vers le centre de notre pays.

Dans son développement, le Premier ministre a annoncé une autre mesure visant à rationaliser les dépenses et les ressources de l’Etat. A ce titre, le gouvernement envisage de réduire considérablement le train de vie de l’Etat. Selon lui, c’est inadmissible de vivre dans un pays à plusieurs vitesses. “L’Etat ne peut pas continuer à acheter des milliers de véhicules, alors qu’au même moment certains Maliens ont des difficultés à s’offrir un repas”, a-t-il martelé.

Se prononçant sur la dernière présidentielle, il a fait remarquer qu’au cours de celle-ci le peuple malien à fait mentir plusieurs analystes à travers la réélection du président IBK. Aux dires de l’orateur, le mérite du gouvernement c’est d’être en phase avec les citoyens. Et de poursuivre que cette réélection du président IBK est le mérite du peuple malien. Il a rappelé que la campagne est maintenant finie. Donc, le gouvernement est désormais préoccupé à mettre en œuvre la volonté du président de la République.

Une allocation familiale pour $les enfants maliens

En ce qui concerne la réinsertion des arabisants, le chef du gouvernement a précisé que ce nombre est estimé à plus de 400 personnes. A le croire, le gouvernement, à travers le département en charge de la Fonction publique et celui de la décentralisation, travaille afin de permettre leur intégration dans la Fonction publique des collectivités territoriales.

S’agissant de la question sur le genre, il a rassuré de l’application scrupuleuse de la Loi qui accorde 30% des postes nominatifs et électifs au genre. Dans le même volet, il dira que le gouvernement s’engage à assurer la protection des personnes en situation de handicap. Aussi, il a annoncé que son équipe est en train voire comment allouer des allocations familiales à tous les enfants. Pour lui, cela est une façon de corriger les inégalités sociales. Car, pour le moment, seuls les enfants des fonctionnaires bénéficient de ces allocations.

A l’entendre, pour permettre au Conseil national de la jeunesse (CNJ) de jouer pleinement son rôle dans l’élaboration des politiques en faveur des jeunes, un statut d’utilité publique doit être donné à la faitière de la jeunesse. En réponse à la question relative au développement industriel, Boubèye indiqué que la Zone industrielle doit être désaffectée. Et d’annoncer que le gouvernement est en train de finaliser un programme d’infrastructures routières à travers la réalisation de quatre grandes routes afin de booster notre économie.

Il n’a pas manqué de rappeler les efforts inlassables que le gouvernement a entrepris dans le domaine du Programmation militaire. Ainsi, il dira que le Mali est le seul pays en Afrique qui verse 10 ans de salaires aux ayants-droits des militaires décédés sur le champ de bataille. Aussi, il a annoncé l’organisation très prochaine des élections professionnelles afin de déterminer le poids de chaque organisation syndicale.

Aux dires du Premier ministre, son équipe compte assainir le secteur du travail à l’issue des concertations qui se seront organisées avec l’ensemble des acteurs impliqués dans les questions du travail. Ceci permettra de discuter de plusieurs sujets, notamment la question cruciale du niveau du salaire afin d’aboutir à un Pacte social.

Pour finir, il a exhorté les jeunes à être rester mobilisés pour toutes les questions relatives à la vie de la nation. De son point de vue, la jeunesse doit cultiver l’excellence pour assoir son leadership tout en croyant en capacité collective et individuelle.

                          Boubacar PAÏTAO

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