Prévention de l’extrémisme violent au Mali : Promouvoir l’autonomisation socioéconomique pour soustraire les femmes de l’influence des groupes extrémistes

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Depuis 2012, le Mali est confronté à une profonde crise multiforme aux niveaux sécuritaire, politique et économique. Les insurrections indépendantistes, les incursions djihadistes et les violences intercommunautaires ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés. Après avoir embrasé le nord et le centre, cette violence s’est répandue également dans le sud. Et même si les Forces de défense et de sécurité (FDS) commencent à reprendre du poil de la bête avec l’appui d’autres forces alliées, l’extrémisme violent reste encore une préoccupation sécuritaire. Onu-Femmes et le Pnud ont mené une étude sur la question.

Les groupes terroristes et les groupes armés non identifiés de toute nature représentent plus de 80,2% des acteurs impliqués dans l’extrémisme violent ! Telle est l’une des informations majeures contenues dans la «Synthèse de l’étude des dimensions sexos-pécifiques de l’extrémisme violent au Mali» conduite par Onu-femmes et le Pnud. Les rôles des femmes et des jeunes et l’engagement des hommes dans l’extrémisme violent. Violation des droits de l’Homme ; un quasi-effondrement de l’administration publique ; la fermeture d’écoles, un accès limité aux soins de santé ; la perturbation de la production vivrière et de son acheminement, des déplacements de population ; les violences basées sur le genre ; la perte de vies humaines et matérielles… Voilà, entre autres, les conséquences directes qui découlent des tensions et violences auxquelles notre pays est confronté depuis 2012. Tout comme l’expansion des groupes extrémistes issus de l’Islam radical, des violences communautaire et intercommunautaire.

Selon l’étude en question, la pauvreté, le chômage des jeunes, le radicalisme religieux, le sous-développement, l’accès limité à une éducation de qualité et l’analphabétisme constituent des causes. Elle a aussi indexé la «dimension foncière» comme la cause principale de la plupart des conflits communautaires locaux. Cette situation menace la cohésion sociale entre jeunes, femmes et hommes. D’où l’essence de cette étude sur les dimensions sexo-spécifiques de l’extrémisme violent. Elle porte sur comment les femmes, les hommes et les jeunes sont affectés et contribuent à l’extrémisme violent ou au radicalisme qui aggrave les conflits au Mali.

Au Mali, indique l’étude, «les femmes mariées à des extrémistes restent complices des actes de leurs maris à travers les accompagnements, les conseils et aides directes». Elle précise, «les femmes complètent à 18.75 % les actions des hommes dans des actions liées à l’extrémisme violent soit en tant qu’auteure, soit en tant que complice, soit les deux à la fois». Ainsi, peut-on lire dans la synthèse, «le Code des personnes et de la famille en vigueur au Mali contraint la femme à l’obéissance de son mari. Si ce dernier est impliqué dans des actions liées à l’extrémisme violent, alors elle le soutient. Les femmes et jeunes femmes fournissent des renseignements aux groupes extrémistes. Elles collectent des fonds et en charge de la restauration».

L’étude a démontré que les jeunes prennent également part aux actions liées à l’extrémisme violent à hauteur de 21 % par rapport aux hommes adultes. Et cette étude fait des recommandations utiles pour renforcer la participation des femmes dans la prévention de l’extrémisme violent. «La réussite de la lutte contre l’extrémisme violent dépend fortement de la stratégie adoptée sur la base de quelques recommandations», soulignent les auteurs du rapport.

Impliquer systématiquement les femmes comme leaders communautaires dans les actions des projets ; recruter des femmes au niveau local pour la mise en oeuvre des projets de prévention de l’extrémisme violent ; identifier des évènements locaux comme opportunités de diffusion d’Information sur les pratiques de prévention de l’extrémismes violents ; promouvoir l’enseignement des droits humains et des femmes et la culture de la paix dans les universités et renforcer les connaissances des jeunes (femmes et hommes) sur la Politique nationale de lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme (PLCEVT) élaborée et approuvée par le décret N°2018-0197/P-RM du 26 février 2018 avec son Plan d’actions 2018-2020… Voilà entre autres recommandations faites par l’étude.

Pour renforcer la participation des femmes dans la prévention de l’extrémisme violent,  les auteurs de l’étude ont recommandé des actions comme appuyer la promotion des droits humains et des femmes dans les communautés à risques, renforcer la mobilisation sur le désarmement des différents groupes d’autodéfense en incluant les femmes dans le processus et soutenir les efforts de l’Armée malienne dans la sécurisation des populations et protection des civils ; renforcer les appuis financiers apportés aux groupements des jeunes et des femmes qui souhaitent se consacrer à des activités génératrices de revenus (AGR), à savoir la transformation agroalimentaire, le petit commerce, maraîchage, embouche, activités agricoles, etc.). Tout comme «l’autonomisation socioéconomique réduit leur vulnérabilité (femmes) aux appels des groupes extrémistes» ont démontré les auteurs de l’étude.

Conduite par Onu-femmes et le Pnud, la «Synthèse de l’étude des dimensions sexo-spécifiques de l’extrémisme violent au Mali» s’est aussi faite les échos des doléances formulées par les femmes, les jeunes et les hommes. Il s’agit d’amplifier les formation et sensibilisation sur les méfaits de l’extrémisme violent ; renforcer l’accès aux informations sur l’accès à la justice par les victimes de l’extrémisme violent ; consolider l’encadrement des prêches religieuses et promouvoir le recours à des mécanismes traditionnels de prévention et de gestion des conflits ; renforcer le dialogue avec les auteurs ou acteurs de l’extrémisme violent vivants dans les communautés ; renforcer le dialogue et les échanges entre les communautés affectées par l’extrémisme violent ; consolider les actions de sensibilisations, de concertations, de médiations et d’échanges sur l’importance du vivre-ensemble (cohésion sociale)…

Les femmes et les jeunes ont également souhaité le renforcement en leur faveur des activités génératrices des revenus en impliquant des associations des femmes et des cases des jeunes. Faisant ressortir les résultats clés des dynamiques sexo-spécifiques de l’extrémisme violent dans 25 localités du Mali, cette étude a été menée auprès de 272 personnes, dont 51 femmes (18,8 %), 217 hommes (79,8 %). Elle constitue «une activité importante» du programme conjoint d’appui à la Stabilisation du Mali à travers le renforcement de l’Etat de Droit (PROSMED) du Pnud et de l’Onu-Femmes Mali qui s’inscrit dans le cadre de la mise en oeuvre de l’axe 1 du Cadre Stratégique pour la relance économique et le développement durable du Mali (CREDD 2019-23) relatif à la «Consolidation de la démocratie et de l’amélioration de la gouvernance»…

Moussa Bolly

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