Encore une fois, les Merengues ont prouvé qu’ils étaient inarrêtables en C1, éliminant leurs voisins au bout du suspense pour filer en quarts.
Bien sûr, il fallait que ce huitième de finale de Ligue des Champions entre le Real Madrid et l’Atletico se termine sur une décision arbitrale polémique ! Julian Alvarez a bien touché le ballon deux fois en marquant le deuxième penalty des Colchoneros, une erreur fatale qui scelle 210 minutes de football crispé, parfois indigeste.
Mercredi soir, l’Atleti a eu le dessus dans le jeu. Son succès 1-0 en temps réglementaire, portant le score cumulé à 2-2, en témoigne. Mais sur l’ensemble des deux manches, des prolongations et d’une séance de tirs au but controversée, le Real a encore trouvé le moyen de l’emporter. Parce que c’est ce qu’il fait. Et il est regrettable que tout se termine ainsi : des conférences de presse tendues de Diego Simeone, du chambrage sur les réseaux sociaux et de l’indignation chez les supporters rivaux.
Dès la 27e seconde, on aurait pu croire à une soirée épique. L’Atleti a frappé d’entrée grâce à une action initiée par un Antoine Griezmann inspiré et conclue par Conor Gallagher, profitant d’une défense madrilène apathique. Dès lors, les Rojiblancos ont verrouillé tous les espaces, empêchant le Real de développer son jeu. Vinicius Jr a tenté de forcer les lignes, en vain, constamment encerclé par une marée rouge et blanche. L’Atleti, de son côté, a su profiter des contres mais a cruellement manqué de tranchant devant le but.
Vinicius aurait pu renverser le cours du match sur penalty, après une percée de Kylian Mbappé stoppée irrégulièrement par Clément Lenglet. Mais le Brésilien a envoyé son tir dans le ciel madrilène, un instant symbolique de sa soirée cauchemardesque.
L’Atleti aurait dû capitaliser sur cet échec, mais le Real a resserré les rangs, limitant les incursions adverses et forçant Alvarez, excellent pendant 120 minutes, à des frappes impossibles. Une fois la séance de tirs au but enclenchée, il ne faisait guère de doute sur l’issue : l’erreur technique d’Alvarez, combinée au tir de Marcos Llorente sur la barre, a gommé la tentative manquée de Lucas Vazquez. Comme face à Manchester City la saison passée, Antonio Rüdiger a eu le dernier mot.
Et ainsi, le Real poursuit son chemin. Indéboulonnable, insubmersible, porté par une chance insolente et une foi inébranlable dans sa destinée européenne.
GOAL analyse les gagnants et perdants de ce derby électrique…
GAGNANT : Carlo Ancelotti
Un peu de crédit doit bien lui revenir, non ? Le débat est permanent sur l’impact réel de Carlo Ancelotti à Madrid. Il est de notoriété publique qu’il ne dirige pas les entraînements – cette tâche revient à son fils – et qu’il n’est pas un tacticien révolutionnaire. Mais il est avant tout un entraineur d’aura, un homme qui insuffle confiance à un groupe rempli de talents et de fortes personnalités, là où d’autres auraient vu le vestiaire exploser sous le poids des egos.
Et une fois de plus, la preuve a été faite. Ancelotti a pris des décisions justes mercredi. Remplacer Luka Modric (émoussé) et Aurélien Tchouaméni (en difficulté) après l’heure de jeu a redonné de l’énergie au milieu madrilène. Sortir Vinicius avant la séance de tirs au but pouvait sembler risqué, mais cela faisait sens. Plus globalement, il a su maintenir son équipe à flot dans un environnement hostile, sans qu’elle ne s’effondre sous la pression.
Ces dernières semaines, quelques rumeurs ont suggéré que son poste pourrait être menacé en cas de saison blanche. Un scénario absurde. Avec un effectif bouleversé par l’arrivée d’un Mbappé à 150 millions d’euros et décimé par les blessures, beaucoup d’entraîneurs auraient vu leur équipe s’effondrer. Ancelotti, lui, tient le Real à bout de bras. Et après tout, un triplé est encore à portée de main au Bernabéu.
PERDANT : Julian Alvarez
Comment ne pas éprouver de la peine pour Alvarez ? Les ralentis vont être diffusés en boucle dans les jours à venir. Mais la VAR a appliqué la règle à la lettre : l’Argentin a bien touché le ballon deux fois sur son penalty pourtant parfaitement tiré. Rien de volontaire, simplement un appui mal assuré sur la pelouse. Un coup du sort cruel, mais un instant qui restera gravé dans les mémoires pour de mauvaises raisons.
Toute sa soirée a ressemblé à cela : des « presque ». Il a tout fait juste, il a frôlé la perfection dans 99,9 % de son match, mais il lui a manqué ce petit quelque chose pour frapper un grand coup. Son pressing a été constant, ses appels dans les espaces impeccables, et il a même forcé Thibaut Courtois à trois parades de grande classe. Ces derniers mois, une chose devient évidente : il était sous-exploité à Manchester City en doublure d’Erling Haaland.
Mais le destin est parfois cruel, et son premier chapitre en Espagne risque d’être réduit à cette malheureuse mésaventure, plutôt qu’à ses nombreuses performances abouties.
PERDANT : Vinicius Jr
« Je reviendrai 10 fois plus fort s’il le faut. » C’est ainsi que Vinicius avait réagi après avoir échoué de peu face à Rodri dans la course au Ballon d’Or 2024. Le Brésilien assurait alors que cette déception ne ferait que le motiver davantage.
Depuis ce tweet, son bilan est en demi-teinte. Il a signé des buts sublimes, offert des éclairs de génie, mais sans régularité. Bien sûr, la présence écrasante de Kylian Mbappé dans l’équation y est pour beaucoup. Mais plus globalement, Vinicius a parfois manqué de tranchant dans les moments décisifs.
Or, ce sont précisément ces matchs-là qui sont censés faire oublier tout le reste. En Ligue des champions, la version Ballon d’Or de Vinicius a l’habitude de briller. Pourtant, face à l’Atlético, il a été méconnaissable. Diego Simeone sait pertinemment comment lui compliquer la vie : l’étouffer, l’empêcher de respirer, multiplier les fautes si nécessaire, et le tourner en dérision lorsqu’il s’énerve.
Ce harcèlement a fini par l’atteindre. Quand son grand moment est arrivé – un penalty qui aurait pu sceller la qualification – il a craqué. Vinicius n’a pas besoin d’être le héros à chaque match. Mais si ces soirées-là forgent les légendes et façonnent les Ballons d’Or, alors son mercredi soir fut un véritable échec.
GAGNANT : Kylian Mbappé
Kylian, tu voulais ta Ligue des champions ? Te voilà un pas de plus vers ton rêve.
Mbappé a quitté le Paris Saint-Germain avec une obsession en tête : porter le maillot du Real Madrid et s’inscrire dans la légende du club de son enfance. Chaque choix de carrière, chaque décision prise semblait le rapprocher un peu plus de ce destin de Galactico. Les distinctions individuelles et les grands rendez-vous européens, voilà ce qui le motive avant tout.
Imaginez un instant l’humiliation s’il avait quitté la compétition dès les huitièmes de finale, à peine 24 heures après que son ancien club ait enfin prouvé qu’il était un prétendant sérieux au sacre européen. L’Espagne aurait été inondée de débats sur une prétendue « malédiction Mbappé », avec un PSG libéré d’un buteur qui, en réalité, freinait peut-être son ascension, tandis que Madrid aurait hérité d’un génie du ballon incapable de toucher au sommet.
Mais le capitaine des Bleus a évité ce scénario catastrophe. Il est toujours en lice pour son premier sacre continental, et, cerise sur le gâteau, l’élimination de Mohamed Salah redonne du crédit à ses ambitions pour le Ballon d’Or. Cette première saison sous le maillot madrilène pourrait bien être celle de la consécration.
PERDANT : Diego Simeone
Tard dans la nuit de mercredi, Diego Simeone s’est transformé en sondeur improvisé lors de sa conférence de presse. Il a demandé aux journalistes présents combien d’entre eux avaient réellement vu Julian Alvarez toucher le ballon deux fois lors de son tir au but. Pas une seule main ne s’est levée. Une question biaisée, évidemment. Qui oserait contredire un entraîneur frustré, surtout quand même les supporters dans le stade n’avaient pas compris pourquoi le penalty avait été annulé ?
Mais au-delà de cette polémique, El Cholo doit en avoir ras-le-bol du Real Madrid. Ces dernières saisons, l’Atlético a tenu tête à son rival en championnat, mais dès qu’il s’agit d’une confrontation à élimination directe ou d’un trophée en jeu, Simeone ne trouve jamais la clé. Cinq duels européens face au Real en Ligue des champions sous son ère, cinq éliminations.
Le sort semble s’acharner sur lui. Difficile pourtant de lui reprocher ses choix mercredi. Antoine Griezmann, exténué, n’aurait pas tenu jusqu’en prolongation. Alex Sorloth paraissait être l’homme idéal pour soulager une équipe sous pression. Même les ajustements défensifs faisaient sens : Rodrigo De Paul et Conor Gallagher coulissaient sur les ailes pour fermer les espaces aux ailiers madrilènes. Mais parfois, le football se moque des plans parfaits. Cette fois encore, le destin a tourné le dos à Simeone.
PERDANT : Arsenal
Les supporters d’Arsenal devaient prier pour une qualification de l’Atlético. Car affronter le Real Madrid en Ligue des champions ne pourrait pas tomber à un pire moment pour les Gunners. Entre les blessures, un jeu en panne d’idées et l’absence d’un véritable numéro 9, l’équipe de Mikel Arteta semble bien loin du niveau requis pour rivaliser avec les géants européens.
Peuvent-ils gagner des gros matchs ? Oui. Mais peuvent-ils éliminer le Real Madrid ? Rien n’est moins sûr. Arsenal s’est compliqué la tâche ces dernières semaines, et même si Bukayo Saka pourrait être de retour pour les quarts de finale, il faudra bien plus que cela pour redonner confiance à Martin Ødegaard. Sans son fidèle complice, le Norvégien semble bridé, notamment dans les derniers mètres.
Arteta adore ce genre de défis et tentera sans doute de rendre le duel aussi fermé et rugueux que possible. Mais qui, sérieusement, parie sur Arsenal ? Ce ne sera pas une humiliation façon Bayern contre Wenger, mais éviter une nouvelle saison sans trophée relèverait presque du miracle.
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