ME Magatte Séye à propos des arrestations... "On ne peut pas détenir quelqu'un à Kati sans l'aval du CNRDRE"

18 Juin 2012 - 13:30
19 Juin 2012 - 01:56
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Il fait partie des avocats qui défendent les officiers supérieurs Hamidou Sissoko dit Man, Malamine Konaré,  Abdoulaye Cissé et le commissaire ''Chine''. Dans un entretien accordé à la Voix de l'Amérique, Me Magatte Séye a fait savoir que les personnes détenues à Kati sont dans les pires conditions de détention. Il soutient  que c'est l'ex- junte militaire de Kati qui les détient de façon illégale, alors qu' il y a un ministère de la Justice,  un procureur comme juge d'instruction dans le dossier. [caption id="attachment_72634" align="alignleft" width="315" caption="Me Magatte Seye"][/caption] Que pensez-vous des militaires en détention au camp de Kati? Magatte Seye : En réalité,  il faut distinguer deux sortes de détenus : il y a quelques détenus qui sont des officiers supérieurs, qui ont les moyens de s'offrir les services des avocats (il faut dire les choses comme elles sont) et qui nous ont donc pris comme avocats, que nous défendons et que nous sommes allés voir dans des conditions extrêmement difficiles. Enfermés 24/24 portes et fenêtres closes, n'ayant pas mangé de viande au moins depuis un mois, ils sont frappés d'interdiction de lire des  journaux, interdiction d'avoir même une feuille et un bic, interdiction de la moindre petite promenade. Ils portent toujours une seule et même tenue depuis le jour des arrestations. Même pour aller aux toilettes, il y a un militaire qui est là avec son fusil. Le ministre de la Justice était intervenu suite à nos protestations. Depuis, les conditions se sont sensiblement améliorées pour nos clients. Quel est le sort des autres ? M.S : Les autres détenus à Kati  sont donc des hommes du rang, des soldats qui ont été pris. Il s'agit de détention dans les conditions réellement  épouvantables. Il n’y a pas la moindre voie, la moindre issue de sortie pour eux, pour que leurs familles les voient,  c'est la croix et la bannière. Ce n'est que depuis une petite semaine qu'on laisse entrer, et au compte goutte encore, quelques repas.  Je crois que nous, bien que nous  ne soyons pas leurs avocats,  ne pouvons pas fermer les yeux là-dessus. Il faut réellement faire quelque chose pour ces gens-là, ils sont des Maliens comme nous. Ils sont inculpés, ils sont donc supposés être innocents jusqu'à ce  leur culpabilité soit démontrée. Vraiment, ce sont des pratiques d'un autre temps. Qu'allez-vous faire ? M.S : Nous avons lancé un appel à nos confrères avocats. Cependant pour un avocat, la simple dénonciation ne suffit pas. Notre rôle, notre essence, notre raison d'être est la défense des droits humains, celle des libertés individuelles et collectives. Nous n'avons pas le droit ''d'oublier'' que certains de nos compatriotes sont détenus dans un camp militaire à Kati.  Que ces compatriotes n'ont pas les moyens de se ''payer'' un avocat et qu'il faut, par conséquent les aider, les soutenir et les sortir de ce gouffre. J'ai lancé cet appel avec Maîtres Arandane Touré et Amidou Diabaté. Nous appelons au sens élevé du devoir pour s'engager résolument à la défense de nos compatriotes abandonnés à leur sort. Nous exhortons Monsieur le Bâtonnier de l'Ordre des Avocats à exiger la liste complète de toutes les personnes détenues à ce jour à Kati afin qu'elles puissent être défendues par des avocats et enfin recouvrer leur dignité de Malien et d'homme tout court. Car, tout compte fait, eux aussi sont présumés innocents. Donc, pour vous, la procédure n'est pas respectée ? M.S : Il y a surtout le fait que quatre des militaires en principe sont détenus par la gendarmerie. Mais ici nous nous retrouvons dans un cas de figure de façon incroyable : ces militaires ont été mis à la disposition d'autres militaires, mais jusque-là, chacun nous dit d'être patient. Or, il s'agit  des vies qui sont en danger. Qui a la main dans ce dossier ? M.S : Celui qui est en charge du dossier, officiellement, c'est le juge d'instruction, donc le procureur de la République de la commune III. Mais réellement, ramenons les choses à leur juste valeur, disons que ces militaires sont détenus à Kati, et qu'à Kati c'est le CNRDRE qui fait la loi. On ne peut pas détenir quelqu'un à Kati sans l'aval du CNRDRE. Propos recueillis par Nicolas Pinault et transcrit par Kassim Traoré.

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