Communiqué de presse – Journée des Droits de l’Homme (DUDH) 10 Décembre 2015 : Réseau media et droits de l’homme

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  • La visite à Kidal, le samedi 17 mai 2014, du Premier ministre Moussa Mara a donné lieu à un affrontement sanglant. De nombreux éléments des forces de l’ordre du Mali et des assaillants, mais aussi des administrateurs et des civils ont perdu la vie au cours de ces affrontements. Il y a eu en outre, de nombreux blessés graves. Le Mali aurait perdu des engins militaires, des véhicules et des armes, qui ont été emportés par des assaillants armés. Ce conflit a eu pour conséquence, un regain de tension, après une période d’accalmie consécutive à la signature de l’accord de Ouagadougou le 18 Juin 2013, et qui a permis la tenue des élections présidentielle et législatives.

 

  • Sans se munir de garantie de droit, notamment une consultation de l’assemblée nationale ( 71 : «La déclaration de guerre est autorisée par l’Assemblée nationale réunie spécialement à cet effet. Le président de la République en informe la nation par un message »), le Premier ministre a déclaré le Mali en guerre et a lancé les Forces armées maliennes dans cette guerre le 21 mai, qui est devenu un mercredi noir, au regard du nombre de victimes civiles et militaires. Les circonstances de ces événements n’ont pas été élucidées, ainsi que le nombre de victimes civiles et militaires et le nombre de blessés auxquels ces combats ont donné lieu.

 

  • Les responsabilités n’ont pas encore été situées, près de 19 mois après ces événements sanglants, qui auront eu des conséquences néfastes sur le processus de paix au Mali : détérioration du climat de confiance entre les parties rendant plus difficiles les négociations du processus d’Alger, déplacements des positions des groupes armés au désavantage de l’intégrité territoriale du Mali, multiplication des attaques terroristes contre les Famas, les casques bleus et les civils, recrudescence de l’insécurité au Mali, extension de la carte de l’insécurité au centre et au sud du pays, et des attaques terroristes dans la capitale, Bamako.

 

  • La Division des droits de l’homme (DDH) de la Minusma a publié un rapport sur les droits de l’homme au Mali, couvrant la période du 1er novembre 2013 au 31 mai 2014. Si la période concernée inclut les événements de Kidal, curieusement, ce rapport n’a pas pris en compte lesdits événements tragiques. Interrogé lors du lancement de ce rapport, le vendredi 20 mars 2015, le Directeur de la DDH de la Minusma et Représentant du Haut- Commissaire des Nations unies aux Droits de l’homme, Guillaume Ngefa, a confié à la presse, que les événements de Kidal feraient l’objet d’un rapport spécial.

 

  • Lors de la conférence hebdomadaire de la Minusma, le jeudi 8 Octobre 2015, les conférenciers Radhia Achoura, porte-parole de la Minusma et Mbaranga Gasarabwe, Coordinatrice résidente du Système des NU au Mali, ont confié à la presse que le rapport sur Kidal était prêt et qu’il serait publié dans un bref délai.

 

  • Cette attente qui se prolonge toujours, nourrit le sentiment d’impunité chez les victimes ou leurs ayant droits, et développe l’impression que certains sont au-dessus de la loi et qu’ils ne doivent pas répondre de leurs actes et des conséquences qui y sont liées.

 

  • Le Réseau Media et Droits de l’Homme (RMDH), constitué de journalistes maliens de toutes les régions, des media publics et privés, s’interroge sur les motivations réelles de cette censure qui frappe le rapport de la DDH sur Kidal ;

 

  • Le RMDH s’indigne et condamne les tueries de Kidal, dénonce l’impunité dont bénéficient certains, et l’abandon dont souffrent d’autres, et qui dénotent de toute évidence, d’une situation d’inégalité devant la loi.

 

  • En conséquence, à l’occasion de la Journée des droits de l’homme, le 10 décembre 2015, nous appropriant la campagne « Nos droits. Nos libertés. Toujours. », le Réseau Media et Droits de l’Homme (RMDH) demande :

 

  • A la Division des droits de l’Homme de la Minusma (DDH), la publication illico presto de son rapport spécial sur les évènements de Kidal de mai 2014 ;

 

  • Aux autorités de la République du Mali, d’ouvrir une enquête sur les évènements de Kidal, pour situer les responsabilités et tirer toutes les conséquences de droit, afin que les coupables puissent répondre de leurs actes ;

 

  • Aux autorités maliennes de tout mettre en œuvre pour assurer la sécurité des enquêteurs, des témoins, ainsi que des défenseurs des droits de l’Homme au Mali.

Bamako, le 10 Décembre 2015

 

 

Pour le Bureau national/ Le président

 

Boukary Daou

 

 

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