La tribune du lundi : Enseignement supérieur du Mali : A quand l’autonomie des structures ?

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Dr Sekou Diakite
Dr Sekou Diakite

Face à cette panoplie de problèmes, l’Etat du Mali a consenti d’énormes efforts financiers dans l’éducation, en général, et à l’enseignement supérieur, en particulier. Malgré ces efforts le système éducatif malien se détériore (gaspillage des ressources, manque d’infrastructures adéquates, incompétence du personnel enseignant, baisse généralisée du niveau des étudiants, etc.). Mais, il faut reconnaitre que les dépenses effectuées par l’Etat ne sont pas utilisées de façon optimale. Alors, quelle est l’alternative crédible à envisager pour que les structures de l’enseignement supérieur puissent donner une bonne formation aux étudiants ?

L’entrée à l’université au Mali est, généralement, restreinte aux élèves qui ont préalablement un diplôme d’enseignement secondaire (Baccalauréat et BT). Le nombre d’étudiants dans les universités monte en flèche d’année en année. De nos jours un bon fonctionnement des universités et plus généralement de l’enseignement supérieur est considéré comme un atout économique. Donc, nos autorités, pour soutenir la compétition internationale, doivent lancer un mouvement de réflexion et de réformes de nos universités.

Une université est un établissement qui fédère en son sein la production (recherche), la conservation (publications et bibliothèques) et la transmission de différents domaines de la connaissance. Elle se distingue en cela des grandes écoles, qui sont centrées sur la seule transmission d’un domaine bien défini de la connaissance. Une université peut être, soit publique (contrôlée et financée par une collectivité publique, système largement pratiqué au Mali, par exemple, où l’enseignement supérieur reste essentiellement du domaine de l’État), soit privée.

Le développement universitaire est perçu comme l’un des principaux critères du rayonnement politique, économique et culturel d’un pays. Les universités, et plus globalement l’ensemble des établissements d’enseignement supérieur, sont de nos jours considérés par les économistes comme pouvant être des vecteurs de croissance économique. Des études récentes ont insisté, d’une part sur le fait que selon que le pays était proche ou loin de la ” frontière technologique “, les caractéristiques du système d’enseignement supérieur devaient évoluer et d’autre part, sur l’importance des relations entre les universités et leur environnement géographique (notion de pôle de compétitivité).

En effet, alors le pays n’est plus dans l’imitation mais dans la création, dans l’invention des produits et des services de demain. D’où l’intérêt pour les pays, tel que le Mali, qui se trouve très loin de la frontière technologique, d’avoir des universités et grandes écoles davantage orientées vers la recherche et la créativité. Cela passe aussi parfois par des changements organisationnels destinés à rendre ces structures (Universités et grandes écoles) plus réactives et plus proches des acteurs économiques. De nos jours le développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) renforce ce trait.

Est-ce que nos universités et grandes écoles ont pour ambition de produire des compétences profitables à tous ou si elles doivent assurer aux titulaires des diplômes ? Nous regrettons le manque d’assiduité des étudiants autant que des professeurs, nous suspectons la qualité et la valeur des diplômes délivrés, nous constatons la fraude et la complaisance, etc.

L’économie repose sur l’échange de deux types de savoir: d’une part le savoir formalisé, codifié, écrit, c’est-à-dire l’information et d’autre part le savoir tacite, qui permet d’utiliser l’information, d’en juger la qualité de l’appliquer à un problème concret, ou connaissance. La connaissance est nécessaire à la création. Or si l’information circule mondialement, la connaissance reste plus localisée. Les Universités jouent un rôle clé, car c’est sur elles que reposent, en très grande partie, les capacités d’innovation. Pour qu’un pôle de compétitivité soit efficace, il faut que les leviers de la compétitivité soient entre les mains des autorités qui gèrent les périmètres locaux et que les Universités aient elles-mêmes une autonomie forte qui les rendent capables d’assumer des responsabilités importantes.

L’autonomie de la science est la capacité de la communauté scientifique à produire ses propres règles de fonctionnement et à déterminer elle-même ses priorités de recherche, et la façon dont ses recherches doivent être menées puis évaluées, et cela indépendamment des considérations économiques, politiques ou idéologiques. La question de l’autonomie de la science est souvent associée à la transformation des structures de financement qui tendraient à ôter aux chercheurs une part de leur pouvoir décisionnel en matière d’orientation scientifique. Cette autonomie se heurte à diverses volontés politiques et économiques enjoignant les communautés scientifiques à répondre à des impératifs extrascientifiques. Donc, mettons l’autonomisation de nos structures au cœur des débats publics, en particulier autour des questions d’éthique.

Le Mali a, maintenant, besoin des hommes responsables, courageux, sérieux, patriotes et capables de relever les défis du changement afin d’apporter la solution au problème très crucial à travers des vraies réformes au niveau de l’éducation, en général, et de l’enseignement supérieur, en particulier. Une des solutions pourrait être l’autonomie des Universités et grandes écoles. Est-ce que ces structures sont prêtes à se prendre, en partie, en charge ? Est-ce que les responsables de ces structures (Recteurs, Doyens, Directeurs) ont la maîtrise de tous les avantages qui leur seront offerts par l’autonomisation ? L’Etat osera-t-il augmenter la part des frais de scolarité des étudiants pour permettre un bon fonctionnement de ces structures ?

Depuis la fin du XXe siècle les Universités sont identifiées comme un élément clef de la croissance des États. Sur l’impulsion du modèle américain, la plupart des pays du monde investissent maintenant dans le développement et la valorisation de ses Universités. A quand le tour du Mali ?

Jules-Paul TARDIVEL: ” Le vrai patriote s’inquiète, non du poste qu’il doit occuper dans la patrie, mais du rang que la patrie doit atteindre parmi les nations “.

Dr. Sékou DIAKITE

Président de l’Association

” Mouvement pour le Changement à Kati  (MCK)”

Cell.:(+223)65736462/735684 7

 

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