La nation face à ses défis : entre craintes et espoirs

La célébration de notre indépendance doit être le symbole de notre responsabilité, notre liberté, de notre prospérité, mais aussi et surtout pour honorer la promesse qui a toujours été au cœur de notre vie sociale et culturelle, cette promesse que nous avons reçue de nos ainés, qui veut que chaque génération vive mieux que la précédente.

9 Sep 2025 - 18:05
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La nation face à ses défis : entre craintes et espoirs
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La nation face à ses défis : entre craintes et espoirs

Cette date nous rappelle évidemment de nous acquitter de cet engagement envers nos jeunes populations, qui doivent être mieux nantis que nous afin que notre Nation avance vers des lendemains meilleurs. Et en ce mois de Septembre 2025, alors que nous nous unissons pour célébrer cette promesse du Mali et témoigner de notre volonté de renforcer l’étoffe de notre Nation et améliorer notre bien-être commun ; nous reconnaissons tous que peu de périodes dans l'histoire de notre Nation ont été plus difficiles que celle dans laquelle nous nous trouvons actuellement.

Ces cinq dernières années ont été ponctuées de conflits sanglants à travers le pays et de l’instabilité politique et sociale. La misère la plus noire côtoie l'opulence la plus extravagante et des inégalités criantes persistent au sein de notre pays. Nous vivons un temps de profonde inquiétude pour l'avenir de notre nation. Pourtant, les officiers militaires, issus du coup d’État de 2020, qui étaient supposés aider à rétablir une vision commune pleine d'espoir, liée d’un avenir meilleur, de promesses économiques et de fierté nationale et la promesse fondatrice malienne au centre de notre évolution sociétale ont sûrement trahi leur serment et notre nation.

Les conséquences de leurs actes de trahison sont lourdes, affectant non seulement nos Forces de Défense et de Sécurité, mais aussi la Nation qu'ils sont supposés servir. Ces trahisons ont érodé la confiance envers notre vaillante Armée et ont eu de profondes répercussions sur le tissu social de notre Nation. Nos communautés se sentent aliénées, marginalisées et craintives, ce qui a entraîné une rupture sociale.

La confiance entre les officiers et au sein de nos Forces a été gravement ébranlée. Nombre d'entre eux se sont sentis trahis par les actions d’officiers félons, ce qui a créé un environnement de travail toxique et une baisse du moral.

En effet, leurs actions ont non seulement affecté les militaires individuellement, mais ont également porté atteinte à l'image de nos Forces de Défense et de Sécurité et de la profession dans son ensemble. Mais, pire encore, ils ont logé parmi nos braves soldats d'importants corps de troupes étrangères armées pour se protéger contre leur propre peuple. Cela a entraîné une surveillance accrue de la part du public et des médias, ce qui a porté atteinte à la réputation de nos femmes et hommes en uniforme et a créé un cercle vicieux de méfiance.

De surcroît, il est dommage de constater qu’en la veille de cette journée commémorative de notre Nation, notre digne peuple qui souffre énormément, continue d’être traumatisé par l’incompétence et les politiques néfastes des dirigeants auto-imposés.

Or, la compétence d’un gouvernement s’apprécie notamment au regard de sa capacité à gérer des crises, même exceptionnelles. Celles que nous traversons depuis plus de cinq ans montrent ainsi ce qu’il faut en penser. Les faits sont indéniables, obstinés et difficiles à ignorer, même face à nos désirs ou à nos opinions.

S’il est un domaine dans lequel ce regime et ses alliés se distinguent particulièrement aujourd’hui, c’est celui de leur cupidité et de leur incompétence. Plus exactement, celui de leur absence de sens politique, de leur incapacité à gérer les crises auxquelles ils sont confrontés, de leur grande difficulté à anticiper et à prévoir; bref, de leur incompétence à gouverner puisque gouverner, c’est prévoir.

En tout état de cause, dans une gouvernance saine, chaque responsable est amené un jour ou l’autre à rendre des comptes, sur ses actions, sur ses abstentions, sur ses nominations, sur le maintien à leur poste d’agents défaillants. Une chose est sûre, le peuple décidera souverainement de l’avenir de ces responsables militaro-politiques actuels tôt ou tard.

La situation dans notre pays semble ingérable et chaotique. Ces derniers temps, nous voyons tous comment est gérée la crise sécuritaire que nous traversons depuis plusieurs années, avec la multiplication des violences et cruautés barbares sur nos populations. L'insécurité augmente et on n’arrive plus à défendre nos territoires face aux terroristes mettant notre Nation en péril avec des conflits armés. Un djihadisme radical qui continue de déchirer notre Nation.

Entre temps, le regime trouve toujours judicieux d’introduire des articles et ‘‘textes de loi’’ qui, plus que polémiques, sont surtout problématiques puisqu’il cherche à bâillonner les médias nationaux, à entraver la liberté d’expression, à bloquer le droit à l’information. En effet, le pouvoir instrumentalise la narrative et la propagande. Il veut continuer à contrôler la narrative en embellissant malhonnêtement les discours et en créant des illusions et des croyances erronées.

La narrative est désormais le champ de bataille. Il veut contrôler les esprits des citoyens et notre pays. Le régime continue d'écarter nos officiers généraux de compétence sans pareille, harcèle et arrête arbitrairement d’autres officiers militaires de valeurs, des civils dans les rues reclamant leurs droits et devoirs de citoyenneté, des activistes luttant pour la cause malienne et des politiques exigeant l’Etat de droit, poursuivant ainsi ses pratiques répressives à l'égard d'opposants présumés.

L'absence de procédures régulières, les arrestations arbitraires et le harcèlement crient aux yeux. Le régime a absolument rendu les juges et les magistrats dépendants de sa seule volonté. Il ne s’agit pas seulement de paranoïa, mais d’un complot cynique visant à détourner l’attention de notre population de la détérioration de la situation économique, sociale et sécuritaire et à l’empêcher de considérer les véritables coupables de la crise nationale : les élites militaro-politiques irresponsables et kleptocratiques du régime.

Ces violences physiques et économiques colossales inscrites dans leurs différents textes de loi témoignent de la faillite morale des membres de leur soi-disant Comité national de transition (CNT). Une basse-cour illégale et illégitime qui n'a ni fondement, ni but ou justification. Ces membres ne font que gaver notre people avec des ‘‘textes de loi’’ dont l’esprit est pernicieux et malveillant, et très contraire à nos principes, nos valeurs et nos rêves. Ils ont suspendu nos propres législatures et s'être déclarés investis du pouvoir de légiférer pour nous dans tous les cas. Ils continuent de supprimer nos règles de société, d’abolir nos lois les plus précieuses et modifier fondamentalement les formes de notre gouvernement. L'histoire témoigne que les membres anosognosiques de ce CNT se drapent dans le voile de la ‘‘souveraineté’’ pour couvrir et justifier leurs pulsions corrompues les plus haineuses. Ils devraient avoir honte, mais ils semblent naître avant la honte. Notre société trouvera donc les moyens de les tenir responsables.

Ces ‘‘gouvernants’’ n’arrivent toujours pas à comprendre que leur responsabilité fondamentale est de servir le peuple, répondre aux besoins des citoyens, assurer leur sécurité, préserver leurs droits et défendre leurs valeurs. Le peuple Malien attend de ses dirigeants qu'ils identifient les grands problèmes du pays et agissent pour y remédier. Malheureusement, les actions et décisions prises par ces dirigeants ne font que mettre davantage notre pays au chaos. Les Maliens ont plus que jamais besoin de dirigeants intègres et dignes de confiance capable de trouver des solutions à la crise profonde qui touche notre pays. Et ils veulent surement un gouvernement compétent qui soit prévisible, solide et transparent.

Le régime ne veut toujours pas accepter que plus de la majorité des citoyens s’éloignent de leur domination politique, économique et plus encore militaire. Alors qu’il défende toujours le statu quo, le peuple accablé et affamé est en colère et veut un changement pour un avenir meilleur. Il va sans dire qu’il ignore la douleur et l’aliénation politique et sociale que connaissent des millions de maliens. Eh bien, il est temps que ces ‘‘officiers’’ se regardent dans le miroir et commencent à comprendre que leur complexe de supériorité morale et leur arrogance ne fonctionnent plus.
Il est temps de prendre des mesures exceptionnelles à la hauteur des menaces auxquelles fait face notre Nation. Il est plus que temps et surtout nécessaire d’agir afin d’arrêter cette hémorragie. Il est temps qu’un nouveau vent commence à souffler dans les processus de gouvernance de notre pays car il est grand temps pour nous de tout faire fonctionner correctement pour notre pays. Alors, l’histoire se souviendra que notre génération a tenu bon, a agi à temps et a assuré notre avenir commun. Reprenons sérieusement et avec sincérité notre souveraineté, rétablissons notre sécurité et rééquilibrons la balance de notre justice. Nous ne devons plus jamais laisser de fausses idéologies se developper sous la couverture de la souveraineté nationale et les agiter comme un véritable paravent pour bafouer nos populations et l’État de droit. l’État de droit est inséparable de la souveraineté nationale et l'indépendance est éphémère si elle ne devient pas l’essence de cette même souveraineté nationale. Pourtant, un petit courant égocentrique et corrompu de ladite société civile dans notre pays s’est attelé à véhiculer l’idée de dresser le Mali sur le plateau de ‘‘l’État de droit’’ sous la coupe d’un régime qui semble ignorer les lois et s’adonner à toute espèce d’impureté jointe à la cupidité. Bien des members de cette ‘‘société civile’’ et ‘‘notables’’ ont troqué consciemment la souveraineté nationale contre la mise à l’index de notre peuple. Nous devons consolider notre Nation tout en recréant l’espoir car l’espoir est une force motrice, une motivation à construire un avenir meilleur. Nous ne nous fatiguons pas de souligner que la Nation et sa consolidation ne peuvent résulter que de la mise en œuvre de politiques de gouvernance adaptées et des institutions qui représentent réellement les aspirations du peuple. La Nation elle-même ne peut que se reposer sur un État de droit et une justice sociale. Il faut reconnaitre que l’instabilité et la souffrance des maliens ne sont que les conséquences des actions et décisions prises par ce régime qui, incapable de gérer les impossibilités des gouvernés, s'impose à la Nation tout en tirant ou imposant ses pouvoirs illégaux et illégitimes sans leur consentement, croyant évidemment avoir un avantage sur eux. Cela nous démontre sans équivoque que l’État de droit est plus que menacé. Et, comme les démarches persuasives ont été épuisées, nous devrions faire de notre mieux pour ne pas hériter d'une Nation traumatisée et façonnée par des hommes aux valeurs fondamentales corrompues. Ils sont peut-être incompétents, mais ils ont déjà fait beaucoup de dégâts et suscité nombre de divisions dans notre société. S'il existe un critère juste pour juger quelqu'un, c'est bien sur ses actions face à des situations qui affectent autrui. Il est temps de mettre fin au chaos et à l’instabilité structurelle, et il est surtout temps de travailler sur un changement structurel qui nous permet de consolider notre Nation tout en créant des conditions favorables à la paix et au developpement. Notre Nation, une fois consolidée, la conscience nationale mobilise ses énergies pour la défendre et la reconstruire. L’état actuel de la Nation est certes très inquiétant, mais nous devons conjuguer nos efforts et énergies en commun pour mieux faire face à l’adversité, et surtout relever ensemble les grands défis auxquels notre pays est confronté. Et aujourd’hui, afin de respecter notre engagement envers la prochaine génération, nous devons mettre nos forces et nos compétences en commun pour définir une vision extrêmement ambitieuse et transformationnelle dans nos objectifs et cibles.

Bien que nous fassions face à une époque d’immenses défis en ce mois d’anniversaire de notre Indépendance, nous exprimons notre gratitude pour nos nombreuses bénédictions et nous célébrons les valeurs qui nous unissent en tant que maliens, nos idéaux de liberté et d’opportunités qui sont chers à notre Nation. Nous célébrons et exprimons également notre gratitude envers ceux qui ont honoré et ceux qui continuent d'honorer notre pays par la plus haute forme de service – Le sacrifice ultime de leur vie pour la défense de la Nation par les porteurs d'uniforme de nos Forces de Défense et de Sécurité et leurs familles. Nous reconnaissons les défis auxquels le Mali est désormais confronté ; toutefois, forts de la détermination de nos citoyens, nous relèverons volontiers ensemble ces défis qui nous attendent. En effet, les Maliens peuvent relever les défis de la crise et sauvegarder notre Nation, tout en la consolidant avec des politiques cohérentes et mûries, des politiques responsables qui garantissent l’inclusion de toutes ses forces vives. Aussi, en élaborant activement des politiques réfléchies et des stratégies dans une perspective nationale et régionale tournée vers l’avenir.

Notre but ultime sera toujours de faire avancer sur le chemin d’améliorer de manière radicale les conditions de vie et de sécurité de nos populations en leur donnant les moyens de participer pleinement à la vie économique, politique et sociale. Et, toujours ensemble, nous frayerons un chemin prospère dans ce nouveau dédale de l’inquiétude en libérant notre potentiel humain, en exploitant notre créativité et notre diversité. Nous créerons un avenir dans lequel nous prospérons, aujourd'hui et dans un future plus prometteur et moins périlleux.

La puissance de Dieu s’est révélée dans la patience et la résilience des maliens. Notre foi en Dieu, à nos efforts et à l’avenir nous permettra sûrement d’accomplir nos objectifs pour notre pays.

Puisse ce nouveau cycle apporter la paix, de nouvelles opportunités, de nouvelles bénédictions et un nouvel Espoir.

Que Dieu continue d’assister notre Nation et qu’Il bénisse nos efforts partagés. 

Cheick Boucadry Traore

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