Les sacrifiables et les saccarifiables

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La vertu pointerait-elle subitement être au zénith au pays de la goinfre avec l’arrestation de quelques boucs émissaires et menus fretins ? Pour les candides, le rêve pourrait bien tourner au cauchemar. Très vite, ceux qui ont cru pourraient déchanter. La fameuse croisade contre la corruption en cours n’étant rien d’autre qu’une opération de communication pour apaiser la communauté des bailleurs et endormir les populations de plus en plus révoltées contre la conjoncture sécuritaire et la mauvaise gouvernance.

Mis en demeure par les bailleurs de fonds de donner suite judiciaire aux 140 milliards volatilisés en 12 ans et de s’engager résolument dans la voie de la bonne gouvernance, le pouvoir n’avait aucune autre alternative que de montrer patte blanche. Voltigeant sur la crédulité du Malien, on brandit la lutte contre la corruption comme si c’était un concept novateur alors qu’elle est imposée. À travers des mises en scène dignes du petit manuel de l’instrumentalisation des foules, on consacre et sacre des pseudo-héros de cette comédie (les saccarifiables) et on envoie à l’ombre quelques sacrifiables !

À travers cette chasse sélective du système contre le système, on veut faire croire aux Maliens que plus rien ne sera comme auparavant, que cette poignée de mal-aimés du système soigneusement choisis (des lâchés), après moult hésitations, qui est à la base du fléau de la corruption au Mali !

Reste à convaincre les Maliens de bonne foi que la poursuite des auteurs de ridicules spéculations foncières, de détournements présumés des pécules d’une coopérative, des fonds destinés aux lampadaires d’une avenue encore mal éclairée, était plus opportune que celle des criminels à col blanc qui ont fait perdre au trésor public, rien que pour l’année dernière, plus de 100 milliards francs CFA, ou ceux ont qui détourné des milliards destinés à équiper notre armée… en guerre. Mais ceux-ci, on n’est pas pressé de les interpeler. Ils peuvent tranquillement dormir chez eux et continuer à vider les caisses de l’État. Ce qui urge, c’est trainer dans la boue des élus locaux, des leaders paysans et de petits fonctionnaires.

La lutte contre la corruption n’est pas et ne saurait se résumer à une opération de Com, des mises en scènes politiques et actions de spectacle, surtout pas d’injustice et d’iniquité. Les sacrifiables ne peuvent et ne doivent pas payer pour le confort et la tranquillité des saccarifiables. Il y a va l’honneur de la République.

Par Sidi DAO

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