Crise sécuritaire au Mali : Quand les camions citernes deviennent des trophées de guerre

Pour une guerre à connotation religieuse, d’instauration de la Charia, communément appelée le Jihad, les groupes armés jihadistes qui sévissent au Mali n’ont trouvé d’autre stratagème que la pénitence de la population civile.

13 Octobre 2025 - 09:19
 0
Crise sécuritaire au Mali :  Quand les camions citernes deviennent des trophées de guerre

Une population prise pour cible dans sa survie même. Car sachant que les hydrocarbures constituent la matière pour tous les aspects de la vie actuelle, les groupes armés jihadistes ont choisi d’incendier des camions citernes sur des grands axes destinés à ravitailler le pays. Ces agissements ont eu pour effet la réduction de la fourniture d’électricité (de 19h à 6h car dépendante du carburant) et le ralentissement, sinon l’arrêt de nombreuses activités économiques ces dernières semaines au Mali. Pourtant ces camions citernes appartiennent à des privés qui n’ont rien à voir les décideurs.

Au fil des mois et des épreuves, l’histoire est en train de donner raison à ceux qui ont affirmé que ce qui se passe au Mali, par ricochet, dans les pays du sahel, n’a rien à voir avec du Jihad. De l’attaque des positions, postes et camps des forces armées, les groupes armés jihadistes ont changé de cible depuis maintenant quelques semaines. Dans un premier temps, ils ont évoqué du blocus économique à l’encontre des populations de Kayes et de Nioro, pour leur soutien aux FAMa durant les attaques réprimées. Par la suite, c’est une compagnie de transport ‘’Diarra Transport’’ qui s’est retrouvée dans leur collimateur. Et à la surprise générale et contre toute attente, ils ont orienté leurs attaques sur les différents axes à l’encontre des camions citernes, d’abord sur l’axe Kayes-Bamako et maintenant pratiquement sur tous les grands axes et aires de stationnement du pays. Comme à la période de l’embargo économique de la CEDEAO, cette situation commence à porter un coup dur aux activités économiques du pays au grand détriment de la population civile.  

La lâcheté de s’attaquer aux intérêts civils

Les groupes armés jihadistes semblent abandonner l’idée d’avoir pour cible les Forces Armées Maliennes (FAMa) pour maintenant s’attaquer aux civils et à l’économie malienne notamment le secteur des hydrocarbures. Leurs derniers agissements s’illustrent avec les meurtres des civils sur l’axe Ségou-Bamako et sur d’autres grandes routes du Mali dont l’ancien député de la Cité des Balazans (Ségou), Abdoul Jalil Mansour Haïdara le 2 octobre dernier.

En plus, sur certaines voies nationales, ils tirent sur les convois avec des lance-roquettes ou récupéraient des citernes remplies de plusieurs litres d’essence disposés à servir la population avant de les brûler. Ce faisant, à travers leurs réseaux de communication et médias partenaires, ce sont le nombre de camions citernes brulés par jour qui déterminent leur bravoure. En un mot, les camions citernes brûlés sont devenus ‘’des trophées de guerre’’.

De l’autre côté, les Autorités de la Transition procèdent autant qu’elles peuvent à la sécurisation des convois de camions de citerne d’une part et d’autre part, à la communication fervente de gestion de crise pour rassurer non seulement la population, mais également des acteurs du secteur des hydrocarbures. D’ailleurs, en recevant en audience le Groupement Malien des Professionnels du Pétrole le 16 septembre dernier sur le sujet, le Premier Ministre, Général de Division Abdoulaye Maïga avait déclaré que : « le travail continue. Même s’il faut aller chercher notre carburant à pied avec des cuillères, nous allons le faire ».

Et quand-est-elle de la promesse des centrales solaires?

Jusqu’à présent la majeure partie des fournitures d’électricité au Mali se fait par des groupes électrogènes alimentés en carburant. Avec cette crise énergétique dont le Mali fait face depuis des années, dans le but de résoudre la situation, le Président de la Transition, le Général d’Armée Assimi Goïta a lancé la construction de 3 centrales solaires en 2024. En effet, au cours de son adresse à la Nation à l’occasion du 65e anniversaire d’indépendance du Mali, le Président Goïta a exprimé sa préoccupation de la situation en ces termes : « Je ne saurais passer sous silence la question énergétique qui a longtemps alimenté les débats publics. Grâce à la participation patriotique du peuple malien au Fonds de soutien aux Infrastructures de Base, la fourniture d’électricité s’est améliorée.  Les centrales solaires de Safo, Sanankoroba et Tiakadoukou avancent de manière satisfaisante, et la création de l’Agence nationale des Énergies Renouvelables constitue une réforme majeure pour relever le défi du mix énergétique ».

Sauf que contrairement au propos de Chef de l’Etat, la fourniture d’électricité a détérioré depuis un moment. Ce faisant au lieu de 19h par jour, c’est devenu 6h dû à la pénurie de carburant.

En somme, le moins qu’on puisse dire est que c’est la population qui paye le lourd tribut, autant des agissements des groupes armés jihadistes que des manquements des autorités actuelles.

Mariam Sissoko

Quelle est votre réaction ?

Like Like 0
Je kiff pas Je kiff pas 0
Je kiff Je kiff 0
Drôle Drôle 0
Hmmm Hmmm 0
Triste Triste 1
Ouah Ouah 0