Ligne de force : MISMA : L'ONU placée face à ses responsabilités

21 Jan 2013 - 02:50
21 Jan 2013 - 18:14
 9

La résolution 2085 du 21 décembre 2012 est un chef d'œuvre d'ambigüité en ce qu'elle n'a pas fixé  un calendrier pour le déploiement d'une force africaine au Mali tout en faisant du dialogue avec les rebelles  du MNLA et d'Ançar dine une exigence pour les autorités transitoires de Bamako.  Ce faisant, le Conseil de sécurité a voulu contenter les tenants des deux approches en compétition  en son sein : ceux privilégiant une intervention militaire rapide (les Africains parrainés par la France) et ceux considérant qu'il faut épuiser toutes les cartes de la négociation avant de recourir à une action armée (les Etats Unis d'Amérique et leur alliée de circonstance, l'Algérie).

[caption id="attachment_56902" align="alignleft" width="310"] Saouti Labass Haïdara, Dirpub L'Indépendant[/caption]

L'embrouillamini qui en a résulté (les préparatifs de guerre côtoyant les initiatives de paix sans qu'aucune avancée soit visible dans l'un ou l'autre cas) a fini soit par exaspérer Ançar dine (le MNLA n'existant plus qu'à travers son sigle) soit par lui faire croire qu'il pourrait  profiter de cette situation de " ni guerre ni paix " pour s'aventurer vers le sud et conforter ses avantages  acquis sur le terrain.

Heureusement que le calcul du mouvement jihadiste a été  anéanti par l'intervention aérienne fulgurante de l'armée française qui, en plus d'avoir  donné le coup d'arrêt à une avancée qui s'annonçait périlleuse, a permis aux forces de défense du Mali de reprendre la main, requinquées par le soutien unanime de la nation puissamment mobilisée à ses côtés.

Faute d'un choix clair et déterminé en faveur de l'option militaire décrite à satiété comme inéluctable dans les milieux avertis, l'ONU est donc comptable de la situation qui prévaut actuellement.

Le schéma de sortie de crise qu'elle avait délicatement concocté  dans les salons feutrés du palais de verre de Manhattan a été réduit en poussière et emporté aux quatre vents par les boulets de canon et autres éclats d'obus provenant de ceux-là mêmes dont elle a cru en la bonne disposition pour le dialogue. Maintenant, il lui faut en tirer les conséquences et réviser ses plans. Plus  question de s'accorder un délai supplémentaire   pour le déploiement de la MISMA (initialement l'on pensait que cela pouvait attendre dix mois, le temps de mettre à niveau l'armée malienne, de rassembler les équipements et de mobiliser les 200 millions d'euros nécessaires au financement de l'opération). Il faut aller vite.

La France, sous la houlette de François Hollande  que l'on ne remerciera jamais assez pour la promptitude de sa réaction, a conjuré le pire. Les hordes islamistes et terroristes ont été mises en pièce, contraintes à la débandade, leurs bases arrières démantelées, en tous les cas, bloquées dans leur dérive meurtrière vers le sud. D'autres pays occidentaux ont promis un appui logistique encore timide, l'Union européenne a annoncé une aide financière de 50 millions d'euros, les Etats Unis en sont encore à l'étude de la forme de la contribution qu'ils doivent apporter. Tout cela est réconfortant mais n’est guère suffisant. Ce sont les Etats africains qui doivent fournir l'essentiel des forces combattantes de la MISMA. Ils sont résolus à le faire mais il leur manque la logistique et l'argent.

C'est pour cela que, réunis en session d'évaluation le week-end dernier à Abidjan, les chefs d'Etat de la CEDEAO, auxquels s'étaient joints Idriss Déby du Tchad et le ministre français des Affaires Etrangères, Laurent Fabius, ont lancé un appel pressant à l'ONU pour «fournir immédiatement l’appui logistique et financier pour le déploiement de la MISMA».

C'est le minimum qu'elle puisse faire pour se racheter des erreurs de jugement et de l'incohérence qui ont caractérisé la résolution 2085.

 

Saouti Haidara

Quelle est votre réaction ?

Like Like 0
Je kiff pas Je kiff pas 0
Je kiff Je kiff 0
Drôle Drôle 0
Hmmm Hmmm 0
Triste Triste 0
Ouah Ouah 0