Les coups de la vie : Il y a une vie après la mort

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    J’ai eu une enfance heureuse auprès de mes parents. Mon père était très généreux. Il avait recueilli plusieurs enfants de ses frères et  amis qu’il scolarisait et avec qui nous, ses enfants, avons grandi en parfaite harmonie. Ma mère s’en plaignait, mais il soutenait qu’un bienfait n’était jamais perdu. Mon père n’était pas vraiment riche, mais il nous avait inculqué certaines valeurs telles que la solidarité, l’honnêteté et l’amour du prochain. A la maison, nous étions quinze enfants qui allions à l’école, dont seulement six de papa. Parmi les neufs autres, figurait Aïda.

    Aïda avait douze ans lorsque papa l’avait recueillie. Elle était tellement belle qu’elle attirait tous les regards à l’école. Son père était le meilleur ami de papa. La rumeur disait qu’il était mort de chagrin. Son épouse serait une infidèle patentée et Aida ne serait pas sa fille. Pourtant, tonton Yao était très amoureux de sa femme. Après sa mort, papa avait décidé de prendre en charge Aïda afin que sa  mère refasse sa vie. Papa était très gentil avec la fille ; il subvenait à tous ses besoins, mieux que nous, ses propres enfants. Comme Aïda et moi avions pratiquement le même âge, nous étions inséparables. Lorsque j’avais besoin de quelque chose, je l’envoyais auprès de papa qui ne lui refusait rien. Je la considérais comme ma propre sœur. Elle était adorable et me faisait me marrer.

    Déjà à 14 ans, ne supportant pas le fait de manquer de sou, Aïda avait des amants ; le sexe n’avait pas de secret pour elle. J’aimais être à ses côtés pour bénéficier de ses largesses, mais j’avais peur de faire comme elle. Elle n’avait pas froid aux yeux : là ou moi j’hésitais, elle fonçait. Elle aimait parler de sexe et m’incitait à faire comme elle, mais je n’osais pas parce que j’étais bien trop timide. Papa et maman, eux, ignoraient ce dont leur fille adoptive était capable. Je ne la dénonçais pas puisque je l’admirais ; j’enviais sa grande beauté. Partout ou elle passait, les hommes ne tarissaient pas d’éloges à son endroit. Elle plaisait, car elle avait un sourire naturel qui captait l’attention. En plus, Aïda savait se faire coquette et avec l’argent qu’elle recevait çà et là, elle m’achetait des accessoires et des artifices afin que je soir comme elle. Elle n’arrêtait pas de me dire que si j’avais un petit ami, cela m’aiderait à me prendre en charge. J’y croyais mais je n’avais pas la force de m’engager.

    Un soir, en revenant de l’école, je fus abordée par un Blanc d’un certain âge. Je pensais d’abord que cet homme avait besoin de renseignements, mais au lieu de cela, il me tendit sa carte de visite en ajoutent que j’avais une belle poitrine et que si j’avais besoin d’argent, je pouvais le contacter. Lorsque j’en fis  part à Aïda, elle m’encouragea à l’appeler, ce que je refusai de faire. Elle l’appela donc en se faisant passer pour moi et l’homme lui donna rendez-vous. Aïda me convainquit de venir avec elle. Elle voulait à tout prix m’initier au sexe, mais j’avais peur.

    Lorsque nous arrivons au lieu du rendez-vous, l’homme en question nous reçut dans son service. Apparemment, il était riche. Il avait un immense bureau avec beaucoup d’employés qui l’appelaient  ‘’boss’’. Il nous présenta comme étant les filles de son ami. Une fois dans son bureau, il ferma la porte à double tour et proposa de nous faire l’amour à toutes les deux contre la somme de cent mille francs chacune. Je refusai catégoriquement. Aïda essayait de me convaincre, mais j’avais trop honte pour franchir le pas. Séance tenante, elle retira ses vêtements sous mes yeux, se rapprocha du vieil homme, lui ouvrit la braguette et se saisit de son sexe qu’elle engloutit en pleine bouche. J’étais scandalisée. Sans être gênée de ma présence, Aïda caressait ce gros monsieur qu’elle venait de rencontrer comme s’ils étaient amants depuis belle lurette. Le vieux Blanc était visiblement heureux de cette prestation. Lorsqu’elle eut fini, il lui remit l’enveloppe contenant les cent mille francs et lui demanda de revenir de temps le voir. Je n’en croyais pas mes yeux.

    Après son acte, Aïda me trimballa jusqu’au supermarché ou elle acheta des vêtements pour elle et moi. J’en étais heureuse, mais l’acte qu’elle avait posé  me hantait. Après ce jour-là, elle allait régulièrement voir cet homme et plusieurs autres. Une petite gâterie çà et là et la vie était belle pour elle. Jusqu’ à l’âge de dix-huit ans, j’étais toujours aux côtés d’Aïda sans pouvoir la copier. Je devins très croyante par la suite, car ma mère nous avait toutes deux inscrites à la catéchèse. Mais Aïda y allait par contrainte. Nous avons été baptisées et confirmées la même année. Même le prêtre n’avait pas  échappé au piège d’Aïda. Elle le trouvait beau et avait tout fait pour arriver à ses fins. Le prêtre aussi était éperdument amoureux d’elle. J’essayais de freiner quelque fois ‘’ma sœur’ mais elle n’en faisait qu’sa tête. Elle trouvait toujours le moyen d’attirer l’attention sur elle. A l’école, les professeurs voulaient presque tous sortir avec elle. Elles avaient même les faveurs du directeur. A un moment donné, je m’étais éloignée un peu de la vie d’Aïda qui faisait de bêtises à mon gout. Je ne voulais pas qu’on nous confonde. Tout le monde parlait de sa légèreté, mais elle n’en avait cure. Mes parents finirent par avoir des échos de sa vie et découvrirent le genre de fille qu’elle était. Elle quitta alors notre domicile pour s’installer chez l’un de ses amants. Aïda adorait le luxe. Elle était d’d’abord sortie avec un fils à papa qui dévalisait ses parents pour l’entretenir. Puis, elle disparut à un moment donné et réapparut deux années plus tard riche et encore plus belle. Elle portait des vêtements  somptueux et des bijoux extrêmement chers. Sa voiture était très luxueuse. Elle se déplaçait avec chauffeur et garde du corps. Le jour où elle débarqua dans notre cité, je fus impressionnée. Elle me traita de bonne sœur avant de me confier qu’elle était venue investir dans certaines affaires. J’étais fière d’elle, mais je ne pouvais m’empêcher de me poser la question de savoir où et comment elle avait fait fortune. Selon ses dires, elle avait déjà construit trois immeubles à Abidjan et elle prévoyait acheter des terrains pour en construire d’autres.

    Mon père qui était très fier d’Aïda l’aida à acquérir des terrains et même des maisons qu’elle paya au comptant. Sa mère l’accompagnait dans tous ses déplacements. Bien qu’elle fut mariée et fortunée, la jeune femme avait toujours plusieurs amants. Son époux était fou amoureux d’elle, et comme si l’histoire se répétait, il acceptait de la partager, sans se plaindre, avec d’autres hommes. Aïda ne craignait pas les dépenses et rendait service à bon nombre de personnes. En moins d’une année, elle avait construit deux grands immeubles dans notre cité.

    Nos rapports n’étaient plus comme avant, mais je la considérais toujours comme une sœur .Elle était très reconnaissance vis-à-vis de mes parents à qui elle avait offert une maison. Seulement, un fait me tracassait. D’où provenait l’argent qu’Aïda dilapidait de la sorte ? De mauvaises langues murmuraient qu’elle vendait de la drogue. D’autres encore répandaient une rumeur selon laquelle elle avait signé un pacte avec le diable. J’y croyais car je connaissais mieux Aïda que quiconque et je savais qu’elle en était capable. Plusieurs fois, elle m’avait demandé de lui proposer un projet qu’elle financerait, mais je n’avais jamais eu la force de le faire. J’avais des doutes sur la « propreté » de son argent. Je n’étais pas riche certes, mais je tenais à rester digne…

    A suivre….

    La Rédaction

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