Entrepreneuriat culturel au Mali : Un vaste domaine de possibilités

Au Mali, l’entrepreneuriat culturel s’impose lentement mais sûrement comme un secteur d’avenir.

23 Août 2025 - 10:52
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Entrepreneuriat culturel au Mali : Un vaste domaine de possibilités

Entre traditions revisitées et technologies numériques, les porteurs de projets culturels montrent que la créativité peut être un outil puissant de résilience, d’insertion sociale et de développement économique. A condition que les politiques suivent. Nous avons fait un tour de quelques secteurs et acteurs/trices.

 L’entrepreneuriat culturel prend une place de plus en plus visible dans le tissu économique du Mali. Face aux défis socio-économiques, à l’instabilité sécuritaire et au chômage des jeunes, des créateurs maliens transforment leurs talents artistiques en véritables leviers de développement et d’innovation sociale.

Le secteur culturel et créatif représente pourtant un potentiel considérable au Mali. Selon l’Unesco, les industries culturelles pourraient représenter jusqu’à 3 % du PIB dans les pays en développement, si elles sont correctement structurées.

Mais au Mali, les artistes et entrepreneurs culturels devront composer avec un environnement souvent précaire : manque de financement, faibles infrastructures, absence de protection sociale, piratage, etc.

Selon Yacouba Magassouba, "Founoufounou est une fédération d’artistes de plusieurs domaines : danse (don sen folo) ; marionnette (Compagnie Nama) ; photo (Yamarou photo) et théâtre (Anw Jigi Art). Actuellement Founoufounou accompagne 70 artistes, leur ouvre des opportunités de participer à des événements, des rencontres dans différents pays d’Europe. Des fonds, comme Maya, Dônko ni Maya, soutiennent les artistes et font en sorte qu’ils atteignent leurs objectifs".

Né en 1981, Yacouba Magassouba est formé dès son enfance à l’art de la marionnette par son grand-père, Bamba Magassouba, puis notamment par son oncle, le maître marionnettiste Yaya Coulibaly, avec la compagnie Sogolon. Grâce à cette formation à la fois traditionnelle et professionnelle, il rejoint l’équipe de Yaya et commence à voyager à l’international dès 2002, à l’occasion du festival Titirimundi en Espagne.

En 2010, Yacouba crée la Compagnie Nama, nom inspiré du masque traditionnel sacré Nama de la culture malinké/bamanan, en hommage à ses racines culturelles. La compagnie mélange marionnettes, danse, masques, chants et percussions traditionnelles, pour ses marionnettes géantes. Yacouba mène des tournées dans de nombreux pays : Burkina Faso, Espagne, Belgique, Canada, France, Allemagne, Sénégal, Niger, Guinée…

Il préside l’association Art, marionnette, musique, clowns et danse dans nos rues (Acmur) et organise le festival "Rendez-vous Chez nous à Bamako", premier festival d’art de rue au Mali. Il est également président d’Unima Mali, la section nationale de l’Union internationale de la marionnette.

Pour lui, l’affiliation des artistes à l’INPS que le ministre de la Culture Mamou Daffé vient de signer est une bonne nouvelle pour les artistes.

Selon Yacouba Magassouba, la plupart des financements que reçoivent les entrepreneurs culturels viennent d’ailleurs. "Si tu vois les associations et les structures financées, c’est très souvent l’œuvre de la fondation Doen. C’est quand Daffé est arrivé à la tête du ministère de la culture et la décision de faire de 2025 année de la culture que des fonds ont été débloqués pour les artistes et créateurs".

Il organise des formations destinées aux jeunes générations, avec un accent sur l’inclusion des femmes dans l’art de la marionnette. La compagnie propose un programme de formation spécifique pour des marionnettistes féminines, recrutées dans toute l’Afrique de l’Ouest. Depuis 2017, il parcoure écoles, orphelinats et même prisons pour sensibiliser les enfants et les jeunes à travers des spectacles-thèmes comme la cohésion, l’éducation et la paix.

M. Yacouba Magassouba affirme qu’il parvient à vivre des revenus tirés de son art. "Grâce aux représentations des marionnettes, ma maison a été construite". Même si tous les artistes n’ont pas investi comme Oumou Sangaré ou Salif Kéita, Yacouba Magassouba, reconnaît que le travail paie.

Nantenin Fadiga

(stagiaire)

 

MAMA KONE

Le développement local par la culture

Mama Koné est une figure majeure de la scène culturelle malienne : comédienne, metteure en scène, formatrice, directrice artistique et présidente d’association, Mama est une touche à tout dans le domaine de la culture.

 

Fondatrice et directrice de l’association Côté Court, elle met en lumière la culture malienne à travers théâtre, contes, danse, musique, arts visuels et productions audiovisuelles. Pourtant, rien ne prédestinait cette spécialiste en sciences de l’éducation à ce métier.

De teint clair, le physique de mannequin, le regard déterminé, le pas décidé, Mama a eu la chance de côtoyer très tôt de grandes figures, comme Sotigui Kouyaté, mais également un beau-frère artiste comédien.

Elle a beaucoup travaillé sur un festival que la famille de Sotigui Kouyaté organisait à Bobo-Dioulasso au Burkina Faso. Riche de cette expérience, et après un passage dans la troupe Acte 7 d’Adama Traoré, elle va se lancer, en créant Côté Court, dans un premier temps, et ensuite, le Festival international arts-femmes, Festival de Déguéla, qui a le mérite de s’ancrer sur un milieu local et d’exploiter les potentialités locales.

Festival arts femmes a été lancé en 2016. Il est à la fois atelier de formation à Bamako et un Festival de restitution à Déguéla (cercle de Kangaba). Il réunit chaque année des jeunes femmes venant du Mali et d’autres pays à africains (Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Sénégal, Guinée, Bénin, Togo…)

Les ateliers de formation couvrent des domaines comme scénographie régie-lumière, dramaturgie et administration culturelle…

En octobre 2021, Mama Koné a été élue présidente de Réseau Kya, le principal réseau des organisations culturelles du Mali, pour un mandat de trois ans. Sous sa direction, le Réseau a mis en place la formation numérique, renforcé la transparence financière et diversifié, les activités au niveau national.

Nantenin Fadiga

(stagiaire)

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