Aminata Keïta salon de l’architecture : « Nous n'avons plus le droit de construire sans conscience » !

« Nous n'avons plus le droit de construire sans conscience. Nous n'avons plus le luxe d'improviser nos villes. Et nous n'avons plus le temps de laisser la profession d'architecte à la marge », a lancé, Mme Aminata Keita, initiatrice du Salon de l’architecture malienne et de la construction-(Samac), lors de la clôture des travaux du Salon en début du mois d’août au CICB.

Le Mali a organisé le premier « Salon de l’architecture malienne et de la construction (Samac) avec comme thème : « Habitat durable, culture et innovation », une initiative de Mme Aminata Keita. Un salon qui a regroupé pendant quatre jours des architectes du Mali et d’autres pays. Lors de la clôture, Aminata Keita a plaidé pour une architecture de l’avenir.

A la clôture des travaux, Mme Aminata Keita a magnifié le salon : « Les quatre jours de travaux ont été une plateforme citoyenne, universitaire, technique et politique autour du thème, ‘Habitat durable, culture et innovation’, et de la conviction d'une architecture comme enjeu de souveraineté. Durant ces journées, nous avons parlé de matériaux, de technologies, de normes, mais surtout, nous avons parlé d'un retour aux sources aux racines de notre culture architecturale. Ce que signifie bâtir sur une terre chargée d'histoire, de symboles, et de savoirs ».

Pour elle, chaque bâtiment public, chaque école, chaque logement, chaque route et chaque quartier, bâti, porte une décision collective qui traduit une vision ou l'absence de vision pour la croissance d'un pays. Les architectes ne sont pas que de simples prestataires techniques mais des acteurs essentiels de la planification, de la gouvernance urbaine et de la transformation sociale. Selon elle, l’expertise des architectes est stratégique pour orienter les politiques d'habitat vers l'inclusion et la durabilité.

Aujourd’hui, à son avis, il s’agit de construire des infrastructures adaptées aux réalités climatiques, de renforcer la résilience des territoires, de valoriser l'identité culturelle et l'esthétique urbaine dans l'intérêt général dans l'espace bâti. « Le rôle de l'architecte dépasse le chantier. Il intervient dans les logiques d'aménagement, d'équité, de justice sociale, de climat, d'éducation et de sécurité. Les architectes ont des défis institutionnels à relever d'urgence ».

Mme Aminata Keita soutient que la marginalisation de la profession d’architecte dans le processus de décision, l’inadaptation et le non-respect des lois relatives à la maîtrise d'œuvre, la rareté des concours d’architecture et le recours aux solutions importées, empêchent de tirer profit des compétences internes avec des solutions durables et viables économiquement et écologiquement.

« Le Samac est aussi une promesse de renouveau », exprimera-t-elle avant de conclure : « Il n'y aura pas de villes résilientes, d'infrastructures intelligentes, de logements dignes, sans une profession architecturale structurée, écoutée et responsabilisée. Nous n'avons plus le droit de construire sans conscience. Nous n'avons plus le luxe d'improviser nos villes. Et nous n'avons plus le temps de laisser la profession d'architecte à la marge. Le Mali a besoin de ses architectes. L'AES a besoin de ses architectes. L'Afrique a besoin de ses architectes ».

Koureichy Cissé