Afflux massif de réfugiés au centre du Mali : MSF au front

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Koro, au centre du Mali, un attroupement de réfugiés devant les structures publiques en quête d’aide, juillet 2024.

 La situation humanitaire est préoccupante dans la ville de Koro au centre du Mali. Depuis mai 2023, la ville accueille de milliers de réfugiés ayant fui les violences dans la zone des 3 frontières au Sahel. Face aux besoins croissants et à la faible mobilisation des acteurs, en collaboration avec les autorités locales les équipes de MSF apportent une assistance médicale aux réfugiés et leur facilitent l’accès à l’eau potable dans la ville de Koro.

Les premiers réfugiés ont commencé à arriver en mai 2023 des régions frontalières et la vague s’est intensifiée durant les deux premiers trimestres de 2024.  En juillet dernier, les équipes de MSF ont d’ailleurs dénombré environ 82.000 personnes réfugiées dans la ville de Koro. La Commission Nationale Chargée des Réfugiés (CNCR) de son côté a pu enregistrer 46.128 réfugiés en septembre et souligné qu’il reste encore plus de 11.000 personnes en attente d’enregistrement. Les autorités locales parlent à leur tour de plus de 100.000 personnes au total cherchant refuge dans tout le cercle de Koro. Tous ces chiffres montrent qu’aujourd’hui le nombre de réfugiés dépasse largement la taille de la population hôte qui est de 56.729 personnes, faisant de cette ville malienne un carrefour où les populations fuyant les violences dans cette région du sahel trouvent un abri.

Aminata a fui son pays d’origine située à la frontière avec le Mali. Aujourd’hui elle est réfugiée dans la ville de Koro au centre du Mali, avec sa famille, après avoir échappé à un massacre des habitants de son village par des hommes armés.

Nous étions dans notre village quand des hommes armés sont venus nous voir. Nous ne savons pas qui ils étaient. Ils ont commencé à tirer sur les gens. Certains ont pu s’échapper et d’autres ont péri. Parmi les gens tués, il y avait 10 femmes, des enfants et nos époux“.

On a fui pour venir ici à Koro. Nous n’avons rien amené, nous n’avons pas à manger, nous payons le loyer. Cela nous est insupportable !! Certes nous recevons de l’aide, mais cela ne nous suffit pas pour payer le loyer. Nous ne pouvons plus retourner dans notre village. Si la guerre finit, nous chercherons à aller dans un autre village. Là où on a été décimé, on ne peut plus retourner là-bas. Notre village a été transformé en tombeau, on ne peut plus revivre là-bas”. 

Une pénurie de ressources dans la ville notamment en eau et abris

La ville de Koro était déjà confrontée à un problème récurrent en eau potable. La présence des réfugiés a augmenté la demande en eau accentuant davantage la pénurie en eau. Le nombre de logement disponible pour ces réfugiés fait aussi défaut.

 C’est la première fois que la ville de Koro reçoit un nombre de réfugiés plus élevé que la population autochtones” explique une autorité locale. “Pour celles et ceux qui connaissent Koro et ses problèmes d’eau, l’arrivée de ces réfugiés rend l’accès à l’eau encore plus difficile pour toute la ville et engendre un problème d’abris. Plus de 6.300 familles sont sans abris et se sont installés dans la cour de “ La maison de la Femme ”, un établissement public qui sert de lieu de transit aux réfugiés en attendant d’avoir un local. Seulement 1.200 ménages ont reçu une aide alimentaire couvrant deux mois ainsi qu’une distribution d’argent liquide qui a été faite uniquement ‘1000 personnes de la part d’autres acteurs présents“.

« Le besoin en eau, ajoute-t-il, a été en grande partie résolu par Médecins Sans Frontières qui a installé des points d’eau dans la ville afin de faciliter un accès gratuit à tous les réfugiés. »

Des structures de santé débordées face à une réponse insuffisante

Face à cette crise, MSF a déployé son équipe pour appuyer le centre de santé communautaire central de Koro afin de prodiguer des soins gratuits à tous les réfugiés malades, installé des points d’eau dans la ville et construit des latrines.

 Notre intervention est loin de couvrir tous les besoins” alerte Jonathan Tumbwe, Coordinateur de MSF à Koro. Le nombre de malades consultés au centre de santé central où nous intervenons est passé de 300 à plus de 1000 le mois, les accouchements de 10 à 37 ; aussi plus de 15 enfants souffrent de malnutrition aigüe sévère sur le total d’enfants dépistés chaque mois.

Nous n’arrivons pas à couvrir tous les besoins de ces réfugiés. Certains d’entre eux vivent dans des familles d’accueil, d’autres sont dans des logements dont ils payent la mensualité. Nous avons aussi un grand nombre de réfugiés qui n’ont pas d’abris et qui sont exposés aux intempéries. Ils n’ont pas de vivres alimentaires et manquent d’article de ménages essentiels.

Nous sommes à une phase de réévaluation de notre stratégie d’intervention pour voir comment rehausser notre niveau de réponse face à une demande croissante. Car à mesure que les réfugiés arrivent, les besoins augmentent.

« Nous demandons une assistance en vivres pour tous les réfugiés afin de prévenir une situation de malnutrition et de construire des abris pour eux. » conclut Jonathan Tumbwe. « Car il n’est pas normal que des personnes déjà vulnérables, et qui se trouvent en situation de besoin d’aide, aient à payer un loyer ».

La Commission Nationale Chargée des Réfugiés (CNCR) du pays également a lancé de son côté également lancé un appel afin qu’une réponse adaptée à cette crise soit déployée : « Face aux nombreux besoins constatés et nos moyens limités, nous réitérons notre appel à la mobilisation de tous les acteurs humanitaires, contributeurs et bailleurs afin d’apporter une assistance permettant de soulager ces populations ayant trouvé refuge sur le territoire malien, mais également les populations hôtes positionnées en premières dans l’accueil des réfugiés ».

Dans la région Bandiagara où se trouve la ville de Koro, MSF a déployé des projets visant à apporter une assistance médico-humanitaire d’urgence aux populations victimes des conflits armés à travers un appui aux hôpitaux de Koro, de Bankass et Bandiagara pour la prise en charges des afflux massifs de blessés. Les équipes MSF assurent également un volet de protection et d’assistance psycho-sociale. Au niveau communautaire, les équipes de MSF travaillent dans les centres de santé de Diankabou, Dioungani, Mory et Baye, ainsi que dans 14 sites de soins essentiels communautaires afin d’apporter des soins curatifs et préventifs de base aux populations et assurent la référence des patients vers les structures de prise en charge.

 

Source : MSF

 

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1 commentaire

  1. Cela s’appelle la “souveraineté” d’avoir recours à de l’aide alimentaire et dépendre des ONG
    Cette junte fait rire avec leurs numéros de cirque ….. Les maliens rient beaucoup moins

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