Guerre au Sahel: la communauté internationale «plus prompte à donner des conseils qu’à mettre la main à la poche»?

Déclaration du Président @EmmanuelMacron à son arrivée en Mauritanie pour le Sommet de Nouakchott. https://t.co/wEIM0Z5IVx
L’exception sécuritaire mauritanienne?
«Beaucoup oublient qu’en 2007-2008, la Mauritanie était l’une des principales bases arrière d’Al-Qaïda*, avec des cellules dites dormantes mais en fait très réveillées et, souvent, droguées […] Les officiers qui ont pris le pouvoir à l’époque ont fait le choix de développer le pays en renforçant l’armée», rappelle Jemal Taleb. L’autre ingrédient, selon cet avocat, est à chercher dans le soutien de la population aux forces armées et de sécurité mauritaniennes. Les djihadistes auraient donc échoué à prendre véritablement racine dans le pays: «Contrairement au Mali, les forces armées mauritaniennes trouvent leur meilleur soutien parmi les petits bergers et les paysans. La culture militaire existe en Mauritanie, sans doute aussi parce que le Président actuel a su redonner confiance à l’armée en créant les Groupements spéciaux d’intervention (GSI), très mobiles, et une surveillance aérienne renforcée», ajoute-t-il. Par conséquent, il réfute, les qualifiant d’«ubuesques», les allégations –répétées au fil des années– selon lesquelles le Président Aziz aurait passé un marché avec Al-Qaïda* pour que cessent les attaques terroristes sur le territoire mauritanien. «Il y a une nette différence entre "je ne vous cours pas après" [au-delà des frontières] et "je passe un accord avec vous"», argue Jemal Taleb. Reste à savoir comment venir à bout des djihadistes dans la région entière. À compter de 2014 (date de sa création), le G5 Sahel a tenté d’apporter une «réponse globale à des problèmes sécuritaires communs aux cinq États de la ligne de front». Or, au lieu d’aider, l’encombrement actuel des forces déployées sur le terrain (G5 Sahel, Barkhane, Minusma, etc.) crée, selon lui, une «cacophonie sécuritaire». Alors qu’un renforcement des armées nationales des États concernés pourrait résoudre le problème du terrorisme dans cette région avec plus d’efficacité, fait-il valoir.La France, trop peu généreuse?
Il suffit de comparer les sommes actuellement dépensées avec les besoins exprimés par le G5 Sahel pour mettre en place une «véritable coalition», dit-il. Ceux-ci, rappelle-t-il, ont été estimés à «60 millions de dollars pour s’équiper, puis 225 millions de dollars pendant dix ans pour faire le job!». L’avocat regrette de surcroît que la communauté internationale soit «plus prompte à donner des conseils qu’à mettre la main à la poche». Et notamment l’Union européenne, qui a «été totalement absente jusqu’à présent», dénonce-t-il. «L’Arabie saoudite a donné environ 150 millions de dollars, les Émirats arabes unis 100 millions, mais la France seulement huit millions et la Turquie cinq millions. La générosité de ceux qui donnent des leçons tous les jours –comme d’aller organiser des élections (au Mali) dans des conditions chaotiques– n’est pas là!», s’insurge Jemal Taleb Faut-il, dans ces conditions, envisager un élargissement du G5 Sahel? Hors de question, pour Jemal Taleb, car si on laisse entrer le Sénégal ou la Côte d’Ivoire, pourquoi pas dans ce cas le Maroc ou l’Algérie? Sans qui, en ce qui concerne cette dernière, «aucune solution sécuritaire durable au Sahel n’est envisageable», argue-t-il. *Organisation terroriste interdite en RussieQuelle est votre réaction ?






