Plainte du Mali contre l’Algérie à la cour internationale de justice : A quand la désescalade entre deux pays liés par un même destin ?

Si pour Bamako cet acte constitue une violation flagrante de son intégrité territoriale et un acte hostile et condescendant, l’Alger  rejette ces accusations en affirmant que les données radars du ministère de la Défense ont bel et bien établi la violation de l’espace aérien algérien par le drone malien.

8 Sep 2025 - 07:27
10 Sep 2025 - 07:28
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Plainte du Mali contre l’Algérie à la cour internationale de justice : A quand la désescalade entre deux pays liés par un même destin ?

C’est dans cet imbroglio militaro-diplomatique que les deux pays semblent s’engluer en mettant à l’eau des décennies de relations économico- culturelles de bon voisinage qui ont toujours existé entre deux pays liés par l’histoire, la géographie, la sociologie, l’économie et la culture. Ces liens séculaires ont toujours résisté  aux soubresauts et autres brouilles diplomatiques entre les deux pays jusqu’au coup d’Etat de 2020 ou les relations se sont fortement érodées, avec en toile de fond la gestion de la crise du nord. Comment Les relations séculaires entre ces deux pays peuvent- elles être ébranlées au point d’en arriver à une rupture diplomatique aux conséquences désastreuses ? A quand la désescalade entre le Mali et l’Algérie, deux pays liés par un même destin ?

Pour rappel deux faits majeurs ont, semble-t-il, crispé les relations déjà empreintes de méfiance depuis l’arrivée des militaires au pouvoir au Mali, à savoir le tapis rouge que Abdelmadjid Tebboune a déroulé devant les opposants et autres séparatistes maliens sur le territoire algérien, mais aussi et surtout la mise à mort de l’accord d’Alger qui liait les groupes armés séparatistes Touaregs à l’Etat malien, considérés d’ailleurs par ce dernier comme des terroristes, toutes choses qui ont irrité l’Algérie. Les relations sont devenues encore plus tendues quand le gouvernement de la transition a décidé de reprendre par la force la ville malienne de Kidal aux mains des séparatistes Touaregs. En effet, cet acte comme tant d’autres ont été  considérés comme de la provocation par le gouvernement algérien et ont contribué à crisper davantage  les relations diplomatiques et de bon voisinage. D’autres faits majeurs posés de part et d’autre n’ont cessé de détériorer les relations déjà tendues entre les deux voisins. Que dire de la poussée d’adrénaline diplomatique qui s’est soldée par des attaques verbales au cours des sommets et autres Assemblées Générales des Nations Unies avant d’aboutir à cet acte de destruction d’un drone de l’armée malienne par l’Algérie. Rien ne va plus entre ces deux grands voisins partageant plus de 1400 Km de frontière. Le Rubicon semble déjà franchi avec la plainte que le Mali vient de porter plainte contre l’Algérie au sujet de la destruction du drone du premier par le second.

Comment Les relations séculaires entre ces deux pays  peuvent- elles être ébranlées au point d’en arriver à une rupture diplomatique aux conséquences désastreuses ?

Pour rappel la relation algéro malienne sous la première République, celle de Modibo Keita, le premier Président du Mali indépendant, était marquée par une coopération étroite et une solidarité panafricaine et Panislamique, caractérisée surtout par la reconnaissance de l’Algérie par le Mali ainsi qu’un soutien mutuel dans la lutte contre le colonialisme. L’Algérie a accueilli des pourparlers de paix inter maliens et depuis les indépendances les deux pays n’ont cessé de renforcer leurs liens économiques et diplomatiques. Qu’est ce qui pourrait bien ébranler ces solides relations qui ont résisté aux turpitudes et autres soubresauts circonstanciels ? Une réminiscence s’impose de part et d’autre pour non seulement revisiter les glorieuses pages d’histoires que les deux pays ont en partage, mais aussi un sursaut panafricain, car aucun pays africain ne pourrait se sauver sans les autres à fortiori un voisin si proche que tout lie.  Le Mali et l’Algérie sont condamnés à vivre à ensemble car ils ont en partage les mêmes peuples de part et d’autres de deux frontières que rien ne pourrait séparer. Ils sont contraints de vivre ensemble au grand bonheur des populations de deux pays. Pour rappel plus de 70 % de produits de grande consommation d’au moins deux régions du Mali, à savoir Kidal et Gao, proviennent de l’Algérie. Comment pourrait-on lutter contre ses propres intérêts ? Une désescalade s’impose pour permettre aux populations de vivre en harmonie et dans une solidarité incommensurable.

A quand la désescalade entre le Mali et l’Algérie, deux pays liés par un même destin ?

Rien qu’en revisitant les glorieuses pages d’histoire commune de deux pays, l’on trouvera un point de convergence permettant une décrispation des relations entre les deux pays. Qui ne se rappelle pas du soutien multiforme du Mali à l’Algérie dans sa guerre d’indépendance ? Seul le Mali de Modibo Keita a véritablement pris fait et cause pour l’Algérie dans sa guerre contre le colonialisme et a même offert son territoire pour ouvrir un nouveau front du FLN. Et quand cette dernière a enfin accédé à l’indépendance en 1962, son premier grand geste de solidarité a été la reconnaissance du Mali indépendant. Qui ne se rappelle de la coopération de deux pays au sein de l’OUA, en effet, le Mali et l’Algérie sont membres fondateurs de l’Organisation de l’Unité Africaine, OUA et ont collaboré à la recherche d’une paix et d’une coopération en Afrique. En somme, l’Algérie a accueilli les pourparlers de paix du Mali, d’abord  en 1990, ensuite en 2006 et enfin en 2015. Tous ces pourparlers ont abouti à des accords et surtout à la fin des hostilités entre belligérants, mêmes si certains ont été éphémères. Quid des relations économiques entre ces deux grands voisins ? Les liens de coopération ont été renforcés surtout dans le domaine du commerce et des infrastructures. Bref ce qui lie ces deux pays est plus fort que ce qui peut les diviser donc qu’ils mettent tous balle à terre pour préserver les intérêts communs et surtout lutter efficacement contre le terrorisme qui ne connait ni pays, ni frontière, ni religion.

En définitive, Le Mali et l’Algérie doivent parvenir à une paix de braves, celle qui éviterait aux deux pays une escalade militaire aux conséquences désastreuses pour nos pays en général et pour le Mali en particulier. Ce dernier, embourbé dans une crise sécuritaire consécutive au terrorisme, n’a nullement besoin d’un nouveau front qui pourrait annihiler tous ses efforts jusque-là consentis dans la lutte contre le terrorisme.

Youssouf Sissoko     

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