
Bamako 13/05/2015 -
Fixé par la médiation algérienne et relayé par le gouvernement, ce quinze mai 2015 pourrait abriter la signature d’un accord global et définitif de paix censé dans sa mise en œuvre, mettre fin au conflit qui sévit depuis trois ans au bord du Niger.
C’est en tout cas ce vers quoi tous les regards sont tournés. Et malgré une situation très tendue dans le nord du pays où des combattants de la CMA continuent d’attaquer des villes en faisant des victimes, à Bamako, on est beaucoup plus concentré sur la date du quinze qui doit être « une réussite », selon le pouvoir qui a d’ores et déjà mobilisé un important dispositif de sécurité au Centre International des Conférences de Bamako, là où rebelles et gouvernement malien sont attendus pour signer l’accord devant l’équipe de la médiation algérienne et des représentants de institutions internationales conviés. Il est aussi signalé la présence de plusieurs chefs d’Etats africains.
Même si Bamako, dit-on, par souci de paix, a paraphé le document, des personnalités proches même du pouvoir reconnaissent que « cet accord n’est pas un bon accord, mais un mauvais accord vaut mieux qu’une situation sans accord ». Cependant on est amené à se demander si on croit pouvoir gagner la paix à tout-va. Car le problème ne sied pas à la signature d’un accord, mais plutôt à son application. Alors que son application dépendra d’abord du résultat d’un référendum constitutionnel auquel il sera véritablement soumis et suspendu. Les Maliens du nord comme du sud appelés à s’affirmer au suffrage universel, seront-ils en majorité d’accord de l’accord ? Le pouvoir qui, sans doute, ouvrira une décisive campagne à la faveur de l’accord, pourra-t-il convaincre la majorité des Maliens à voter « oui » en sa faveur ? Bien malin qui prédira l’avenir de cet accord au Mali.
Les leaders de l’opposition de leur côté, sont en déphasage sur le ton qu’il faut pour cet accord qu’ils décrient tout au moins. Entre « se démarquer et prendre acte » du document, la nuance fait polémique entre opposants.
Du côté de la CMA, où on estime ne pas se retrouver dans le document, le mystère plane toujours si les rebelles du nord accepteront de prendre part à l’évènement du quinze tant attendu.
Pour Mongi Hamdi, représentant spécial de Banki Moon au Mali, il faut amener la CMA à parapher le document avant la date de sa signature. Pour ce, une première réunion prévue le dimanche dernier à Alger a échoué. Elle pourrait se tenir avant le 15, selon l’équipe de la médiation.
Nonobstant tout, Mongi Hamdi croit qu’une éventuelle absence de la CMA le 15 à Bamako n’est pas à encourager. Mais aussi, que cela ne devra pas rimer avec échec. « La CMA peut adhérer à l’accord même après sa signature par Bamako et ses mouvements alliés », croit-il judicieux.
En attendant le 15 mai, date prévue pour la signature de l’accord d’Alger, les commentaires vont bon train.
La CMA, constituée du Mnla, du Hcua et du Cpa, sera-t-elle de la partie au complet ou en rang dispersé ? Sinon quelle seront les conséquences pour ces rebelles sans réelle légitimité mais qui veulent à la limite prendre le Mali et la communauté internationale en otage ?
Enfin, il est évident qu’à quelques erreurs près, on s’achemine vers l’échec de l’Algérie sur le dossier malien qu’elle a arraché des mains de la CEDEAO. Surtout si la CMA s’absentait à un tel rendez-vous cher pour Bamako et les pays engagés aux côtés du Mali pour la paix.
T. Issiaka (maliweb.net)