Situation sécuritaire au nord Mali : Les familles des militaires manifestent bruyamment leur ras-le-bol
Fatigués de la situation de leurs maris, leurs enfants et frères évoluant dans l'"éternel" brasier du Nord Mali, les femmes et enfants des militaires de Kati ont fait entendre leur voix à travers une marche de protestation dans les matinées du 31 janvier au 01 février 2012. En effet, un long cortège a quitté Kati pour Koulouba, en empruntant, naturellement, la route du Point G, en vociférant et en allumant des pneus tout le long du parcours. C'est dire que la situation sécuritaire au septentrion n’a pas fini de mobiliser diverses couches de la population éprises de paix.
C’est après avoir vu les soldats blessés et évacués du nord pour l’hôpital de Kati, que la colère a commencé à gagner les familles de militaires. C’est ainsi que les femmes et enfants des militaires de Kati ont décidé de se rendre à Koulouba afin de rencontrer le chef de l’Etat pour enfin être éclairés sur la situation de leurs époux ou frères qui sont sur le front au nord-Mali. «Nous en avons mare du veuvage et des mensonges à propos de la situation des hommes qui sont sur le terrain. Ceci étant, nous réclamons le retrait immédiat de ses bras valides». Tels étaient les propos que scandaient ces femmes et enfants qui, visiblement, en ont déjà marre de cette situation de ni-guerre ni-paix au nord du Mali, mais qui pourtant leur ôte des proches de temps à autre.
A noter que cette protestation a commencé depuis la journée du 30 janvier à Kati ville. Le lendemain, mardi 31 janvier, vers les environs de 11 heures, excédées, les femmes du camp militaire de la ville de Kati sortent et marchent en direction de Koulouba, en brûlant des pneus sur la grande voie routière de Kati-Bamako. Notons que, quelques minutes auparavant, une patrouille blindée de la police avait contribué à l'apaisement des esprits. Mais, les manifestants, déterminés à rencontrer le président de la République, Amadou Toumani Touré, n’entendaient pas démordre. On ne lisait dans leurs regards que de la colère et de la révolte.
Aux environs de midi, une unité de la garde républicaine accompagnée de certains éléments de la police, se rendent à l’entrée de la ville de Bamako où ils forment un barrage afin de maintenir l’ordre. L’objectif étant non seulement d’empêcher la foule d’accéder à Koulouba, mais aussi d’essayer de trouver une entente avec les marcheurs du jour pour que ces derniers s’assagissent et retournent à leur point de départ. Ils y parviennent sans heurts, malgré que, jusque là, la situation était tendue même s’il n’y a eu aucun dégât véritable.
Notons qu’aux environs de 13 heures, le ministre de la Défense, Natié Pléa, est arrivé sur les lieux pour calmer les ardeurs des uns et des autres. Il s'ensuit des pourparlers entre le Ministre et quelques femmes. «Nous ne voulons parler qu’au président de la République et seul le retrait immédiat de nos maris qui sont au nord peut nous faire entendre raison. Il est grand temps de mettre fin à la transmission de fausses informations sur leur situation au Nord. Certes, ils se sont engagés pour défendre cette nation. Mais de grâce, dites-nous réellement ce qui se passe au front» ont souligné les femmes. A son tour, Natié Pléa les rassura et leur proposa de rentrer chez eux en mettant à leur disposition 4 véhicules.
Dans son intervention, le Ministre a souligné que «la meilleure façon de trouver une entente est de rentrer et de former une délégation qui pourra me faire parvenir les doléances et ma porte est grandement ouverte à tous. Sachez avant tout que je suis chef de famille et je compatie sincèrement». Notons que, au moment où un accord avait abouti à la suspension des manifestations, suite à la rencontre entre le ministre de la Défense et les femmes, les jeunes, furieux, avaient commencé à saccager la voiture d’un passant. En partant, après une heure de dialogue, le ministre de la Défense a donné une instruction ferme aux agents des forces de l’ordre de comprendre la position des manifestants et de ne procéder à aucune violence envers eux.
Entre pillage et vandalisme à Kati
Après, la marche des femmes des militaires de Kati du 31 janvier sur Koulouba, la tension est montée d’un cran hier dans la ville de Kati à travers une autre marche de protestation. Les manifestants ont pris à partie les familles et les biens des maures et Touaregs résidents dans la ville garnison. Malgré le déploiement impressionnant des forces de sécurité, ils ont saccagé et pillé des boutiques, une policlinique à Sananfara appartenant à El Meydi et un autre immeuble sis juste à la sortie de la ville, dont le propriétaire serait un Touareg.
Ibrahim M. GUEYE
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