Poursuite policière d’usagers dans la circulation : Un danger négligé qui occasionne des accidents

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Au Mali, la poursuite des usagers de la route, qui occasionne souvent beaucoup de victimes par accidents, est une pratique hautement dangereuse connue de tous, mais négligée par les autorités du secteur de la sécurité.

Ce phénomène, qui est en train de prendre de l’ampleur dans nos villes, doit être pris à bras le corps pour enfin éviter aux paisibles populations des situations d’accidents aux conséquences souvent désastreuses : des morts, des blessures graves et même des dégâts matériels.

Le dernier cas de ces comportements criminels date du samedi 5 mars 2022, où un adolescent de 13 ans a trouvé la mort au quartier Sikoroni de Bamako.  Le drame s’est produit au cours d’une course-poursuite des éléments du commissariat de police du 17ème Arrondissement. Les populations, en colère, n’ont aucunement voulu se taire. Ils ont alerté les policiers sur cette bavure. Cet acte vient s’ajouter à un autre plus récent, datant de la semaine dernière à Badalabougou  et qui aurait pu se terminer parun décès. Puisque, deux policiers à bord d’un véhicule, ont poursuivi un motocycliste qui a refusé de se soumettre au contrôle.

Le jeune homme, ne sachant plus où aller, s’est réfugié auprès d’un garagiste non loin de l’hôpital Golden Life. A la grande surprise de tous, les deux policiers le poursuivant, se sont précipités sur l’individu. Sans aucun mot, ils l’ont battu avec la grosse de leurs armes. Constant que le jeune saignait beaucoup, ils ont tenté de s’enfuir, et c’était sans compter avec la réactivité des garagistes, qui ont obligé ces policiers à rester sur place.

Pour ce faire, les garagistes ont fait appel au commissaire du 4ème arrondissement, qui est venu aussitôt pour calmer la population, furieuseet prête à régler les comptes aux agents de l’ordre. De ce fait, le commissaire a bien affirmé que les policiers ne sont pas autorisés à poursuivre qui que ce soit dans la circulation.

A cela s’ajoute un autre cas produit dans la nuit du mercredi au jeudi 22 juillet, aux environs de minuit, où une intervention des éléments de la Brigade Anti Criminalité (BAC) de la Police nationale contre un véhicule « suspect » en fuite, a conduit à la mort par balles d’un jeune spectateur de la scène, Abdoulaye Keïta, âgé de 19 ans. Le véhicule mis en cause a également renversé plusieurs usagers, faisant quatre blessés, selon un communiqué de la Direction générale de la Police. L’incident était survenu à Lafiabougou en Commune 4 du district de Bamako.

Devant ces différents cas où il y a des pertes en vies humaines, il faut rappeler avec force qu’en matière policière, la règle est que les courses poursuites sont interdites.

De quel droit les policiers poursuivent les usagers dans la circulation?

Pour en savoir plus, nous avons contacté l’un des responsables de la police. Ce dernier assure : « Il n’y pas une loi spécifique sur cette situation. Mais, vu les dégâts collatéraux qu’une telle poursuite peut occasionner, la hiérarchie les déconseille ». Et d’ajouter qu’il n’y pas de décret ou d’arrêté pour réglementer cette interdiction et la rendre contraignante. Il précise que pour un Mali en insécurité totale, il est difficile d’interdire à la police de faire des poursuites, puisque face à certains suspects, il faut agir… Le pire, poursuit-il, « les commentaires sur les réseaux sociaux ne sont pas vérifiés et les Maliens doivent comprendre que cette police est là pour les servir ».

Selon un autre policier, cette question de poursuite évolue en fonction du contexte. Les poursuites ne sont pas interdites, mais elles sont plutôt  encadrées.

Même s’il n’existe pas une loi spécifique pour les interdire, il urge de ne pas risquer de mettre en danger la vie de la personne poursuivie, celle du policier ou celle d’autrui. Mais, dans des situations graves, en cas de crime de sang par exemple, il est ordonné au porteur d’uniforme de prendre des risques importants pour intercepter la personne, surtout qu’il est appris aux policiers de renoncer aussi à la course poursuite en cas de danger. Ainsi, cette pratique des courses-poursuites n’est pas privilégiée par les forces de l’ordre, car, il n’y a aucun automatisme, c’est toute la difficulté.

Il nous revient d’une autre source policière, qu’il existe une « notion de discernement », qui permet de choisir le comportement le plus adapté à la situation. Par exemple, « on ne pourrait engager une course-poursuite pour un vol de téléphone portable ». Il faut une situation grave, comme la présence d’un individu armé ou d’autres cas de menace grave, qui peuvent engendrer d’énormes dégâts.

Par ailleurs, pour minimiser plus ces poursuites, les usagers de la route sont invités également à se soumettre aux différents contrôles des agents de police pour leur faciliter leurs services de tous les jours.

Lamine BAGAYOGO

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1 commentaire

  1. La Police ! Ho la la !
    Encadré ou pas avec un décret, le bon sens doit prévaloir. Il y’a mille autres choses non encadrées ou ignorées espres que les citoyens vivent tous les jours. Des permis saisis, des cartes grises saisies w des cahiers saisis qui n’arrivent jamais au GMS ni dans aucun autre commissariat!! Du grand professionnalisme ! Quand en est il du cas des motos et véhicules saisis, leur mode d’embarquement vers la police?

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