Lettre à grand-père

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Cher grand-père !

Pipipiiiipipi Baaaaki ! Pipipiiiiipipi Baaaaki ! Le baccalauréat malien le plus réussi, parait-il, serait celui de cette année. Et c’est sûr, les résultats seront emblématiques et historiques. Toutes les mamans vont crier de joie : « Awn Dewn Passera » ! « Nos enfants sont admis » ! Mais pour aller où ? Demain, renforcer des milices, des camps de guerre, le terrorisme ou le banditisme peut-être ? « Awn  Dewn Passera» ! « Ka Tami ». « Nos enfant sont tous admis » ! Mais pour aller où ? Cher grand-père ? Pour faire quoi ou devenir qui ?

Oui cher grand-père ! Encore une fois de plus, on a sauvé l’année scolaire. Cela fait plusieurs années, c’est l’année qui est sauvée avec les quelques élèves dont les parents ont les moyens. Les parents qui peuvent trouver une bourse pour leurs enfants, les envoyer étudier ailleurs ou dans les universités privées et sans oublier les quelques rarissimes fils et filles de paysans.  Le reste périt.

Ha oui ! Cher grand-père, c’est cette politique que les dirigeants politiques ont adoptée depuis que ceux qui décident du sort de l’école malienne (ministres, directeurs, secrétaires généraux, conseillers techniques et autres), ne mettent leurs enfants que dans les écoles et universités privées ou les envoient à l’étranger. L’école publique malienne n’est plus un souci. Tout ce qui compte, c’est d’organiser le baccalauréat, le quitus national pour leurs enfants et que le reste périsse (enseignants et élèves).

D’ailleurs,  cher grand-père, c’est un autre avantage pour leurs enfants. Avec la grosse baisse de niveau des nombreux enfants pauvres, leurs enfants de retour de l’étranger ou après leur sortie des universités privées, auront moins de concurrents dans les postes de grands journalistes, d’avocats, de magistrats, de directeurs de banques etc. Quelle belle politique ? Quelle stratégie ?  Quelle grande intelligence ? Vive nos dirigeants !

Triste ! Cher grand-père ! Triste ! Et cela jusqu’au jour où le pays sera peuplé de jeunes femmes et hommes qui croiront en des  nouveaux prophètes capables de diviser la méditerranée, ressusciter les morts ou d d’aller voir Dieu au ciel. Oui ce jour-là, grand-père, l’oligarchie aura du mal et comprendra, qu’il fallait éduquer tous les enfants pauvres et riches. Et que c’est cela la première Sécurité. L’arme, même nucléaire n’est pas un danger entre les mains d’un peuple éduqué mais même un simple couteau qui traine, là où il n’eût pas d’éducation, peut étrangler, décapiter voire dépecer.

Cher grand-père, cela fait 8 ans que la moitié des enfants qui avaient 7 ans au Centre et au Nord du Mali, n’ont pas eu droit à l’éducation. Aujourd’hui, ils ont 15 ans. Dans 5 ans, ils auront 20 ans, sans rêve et sans projet. Pour te dire que les futurs rebelles, djihadistes et terroristes du Mali, sont aujourd’hui des petits innocents de 15 ans privés d’éducation et dont les yeux errent dans le ciel à la recherche de quel sens donner à leur vie. Quel idéal mené ? Pour quoi, vivre ?

Pis grand-père ! Au Sud, les enfants passent en classe supérieure sans aucune base intellectuelle. Ils finissent les universités avec un diplôme (licence) qui ne les permettent de passer aucun concours public  et n’ont aucun niveau pour exceller dans le privé. Ces jeunes, le Mali en fabrique des milliers par an. Dans 5 ans, ils seront des millions. J’espère que tu vois les futurs ennemis de tes institutions et ta République. Ne l’oublions jamais : « Plus l’ignorance est grande, plus la conviction est de même ».

Bon cher grand-père, je te laisse ici avec ma 113ème lettre. J’espère que tu as lu et compris le communiqué de « l’AEEEM », pardon de « Sam/Sylima », je voulais dire. Donc, sauvons ce Mali depuis que l’on peut et sans complexe ni pusillanimité.  J’ai dit. A mardi prochain !

Lettre de Koureichy

 

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