Le ministre Aghatam entendu par le procureur : Le VEGAL au ministère de l’agriculture - Les partenaires financiers à Bamako pour exiger des comptes… Affaire Fonds Mondial bis ?
Rien ne va plus au ministère de l’agriculture dont le premier responsable, M Aghatam a été auditionné en fin de semaine dernière par le procureur anti-corruption à propos de l’affaire des engrais. Pour sa part et au même moment, le bureau du Vérificateur séjourne dans les locaux du département en question où tous les cadres et responsables impliqués dans la gestion des projets PAPIM, PEDIAM, PDI-BS et autres ont été également entendus. Et pour ne rien arranger à la situation, les partenaires financiers étrangers entament aujourd’hui même une mission de contrôle et de vérification à l’image de celle effectuée par ceux du Fonds Mondial au niveau du ministère de la santé. Une affaire qui a valu l’interpellation et l’inculpation du ministre Ibrahim Oumar Touré.
De sources bien introduites, l’actuel ministre de l’agriculture M Aghatam a été auditionné courant semaine dernière au niveau du Pole Economique. Pas de panique ! Selon toute évidence, sa responsabilité n’est nullement engagée. Il s’agissait juste d’éclairer la lanterne des limiers, étant entendu que c’est bien le ministre en question qui a levé le lièvre à propos de la scabreuse affaire des engrais. Et c’est encore lui qui a fait bloquer le payement des 2,223 milliards à l’opérateur Diadiè Bah de la société Gnoumani Sa, fortement soupçonnée de fraude.
Initiative riz et intrants
Pour rappel, dans le cadre des subventions accordées par l’Etat à Initiative Riz, pour la campagne 2010 – 2011, la société Gnoumani Sa, au même titre que d’autres opérateurs évoluant dans le secteur, a réclamé la bagatelle de 2,223 milliards F CFA, un montant présumé correspondre à la livraison d’engrais DAP, d’urée et de NKP.
Le hic, c’est que le prix de raccommodage de l’outre venait de dépasser celui de son achat. En clair, l’enveloppe totale destinée au payement des engrais par l’ensemble des fournisseurs (une quinzaine) était de 1,8 milliards. Mais voilà que la société Gnoumani S.A, pour avoir couvert la seule région de Koulikoro, réclamait 2,223 milliards !
La Direction Régionale de l’agriculture de Koulikoro a vite décelé l’anomalie et informé le département de tutelle, lequel a invité le ministre des finances à surseoir à tout payement.
Nonobstant les preuves accablantes, le PDG de la société Gnoumani S.A persiste et signe en agissant sur des leviers politiques. Mais le ministre Agatham ne démord toujours pas. Le dossier a été finalement confié aux enquêteurs, d’où l’audition du chef de département en fin de semaine dernière.
Toujours dans le cadre de l’approvisionnement en intrants, cette fois-ci, à propos de la campagne agricole 2008/2009 initiative riz, de nombreuses irrégularités ont été constatées dans l’octroi et l’exécution des marchés : violations graves des procédures et règles de la comptabilité publique : non respect du code des marchés publics, mauvaise gestion du patrimoine foncier de l’Etat, mauvaise tenue des documents comptables, faiblesse du recouvrement des impôts et taxes et l’octroi d’avantages sans support juridique…
L’Etat, faut-il le rappeler, avait établi trois contrats avec le Groupement des sociétés Togouna Agro Industries et Partenaire Agricoles pour un montant total 12,63 milliards de FCFA. Mais au finish, les contrôles effectués par le Vérificateur Général ainsi que le CASCA feront ressortir un « manque à gagner» de 4,31 milliards de FCFA. Le Bureau du Vérificateur Général ainsi que la CASCA ont alors demandé la transmission du dossier aux autorités judiciaires. C’est cette procédure qui vient visiblement de commencer.
La gestion des projets : PEDIAM, PAPIM, PDI-BS…
Un scandale peut en cacher plusieurs
En marge du scandale des intrants, un autre dossier a retenu la curiosité des contrôleurs. Il s’agit de la gestion des projets agricoles. Au nombre de ces entités, figurent, le Programme de développement de l’irrigation dans le bassin du Bani et à Sélingué (PDI-BS) financé par 11 partenaires étrangers ainsi que le gouvernement du Mali à hauteur de 120 milliards de F CFA (le projet a été lancé seulement le 23 février 2010 par le président de la République à Djenné); le Projet d’Aménagement du Périmètre Irrigué de Maninkoura (PAPIM) alimenté par la Banque Africaine de Développement (BAD) à concurrence de 12,156 millions de FCFA ; le Projet de Développement rural Intégré à l’Aval du barrage de Manantali (PDIAM), financé par les partenaires de l’OMVS et à hauteur de plus d’une dizaine de milliards F CFA…
Tous ces projets et programmes visent initialement à accroître la production et la productivité des ressources agro-sylvo-pastoraux et la réduction de la pauvreté dans sa zone d’intervention. En somme, les premiers bénéficiaires restent les populations.
Mais selon toute évidence, les gestionnaires, entendez, des fonctionnaires de l’Etat au niveau du ministère de l’agriculture ont profité à la place des populations. Ce sont des centaines de milliards F CFA qui ont été détournés.
Toute chose qui explique la présence d’une équipe du Bureau du Vérificateur Général au niveau du département et la visite des bailleurs de fonds malienne.
Ce qui n’est pas sans rappeler l’affaire du Fonds Mondial à propos du Ministère de la Santé où d’importants montants initialement destinés au traitement de la tuberculose, du paludisme et du SIDA, ont été détournés. S’en est suivi une forte pression des donateurs et l’inculpation de plus d’une dizaine de personnes dont le ministre en personne. Un scénario identique n’est pas à écarter dans le cas du ministère de l’agriculture.
A suivre !
B.S. Diarra
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