Démocratie à la malienne : Ce qu’il faut retenir dans la pratique

Elle est mal partie, mal gérée par certains démocrates. Venons-en aux faits. Nous sommes en 2002. Le second mandat du président Alpha Oumar Konaré, arrivant à son terme en avril 2002, ce dernier ne se représentera pas, respectant en cela une clause constitutionnelle qui limite à deux le mandat du président

26 Mai 2025 - 09:16
26 Mai 2025 - 16:41
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Démocratie à la malienne :  Ce qu’il faut retenir dans la pratique

Encore une exception malienne à l’heure où des présidents s’accrochaient au pouvoir (Gabon, Guinée en passant par le Tchad, Togo). Mais, et ce n’est pas là que l’histoire de la vie politique est importante pour comprendre le présent, non seulement Alpha ne se présente pas, mais il n’appuie, ni ne soutient aucun présumé dauphin.

Son parti, l’ADEMA-PASJ (Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice) déjà miné par le départ fracassant de son ancien président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), qui a créé en juin 2001 le Rassemblement Pour le Mali (RPM), n’en finit pas d’exploser à l’approche de la présidentielle de 2002. Alpha semblant laisser faire avec un malin plaisir. Les militants et autres cadres de l’ADEMA s’entre- déchirent face à la pléthore de postulants à l’investiture du parti.

À Bamako ou dans le Mali profond, l’homme de la rue a tôt fait d’ironiser sur l’attitude du président sortant: Alpha ferait tout pour que la présidence revienne à Amadou Toumani Touré (ATT), qui en cette année 2002, s’est déclaré candidat à l’élection présidentielle. Comme si, dès 1992, les deux (02) hommes avaient passé un «deal».

Le militaire ATT laissant le civil Alpha prendre le pouvoir à l’issue de la transition, à charge pour ce dernier de le lui remettre dix (10) ans plus tard. Sans aucun parti politique, tout juste une association de soutien, dénommée le Mouvement Citoyen (MC). Il va affronter une kyrielle de vieux briscards de la politique, et non des moindres. Au total, vingt-quatre (24) candidats sont en lice dont huit (08) tous du parti ADEMA, pour cette présidentielle inédite où l’on retrouve, un ancien chef de l’État (ATT), un ancien Premier ministre (IBK, Premier ministre sous l’étiquette ADEMA de 1994 à 2000), mais aussi Soumaïla Cissé, candidat officiel.  Dès le départ, on savait que la bataille se jouera entre ces trois- là.

Après avoir tant décrié la candidature d’ATT, arguant du retour des militaires au pouvoir, IBK appellera finalement ses électeurs à voter pour le général Amadou Toumani Touré au second tour, alors qu’il avait menacé de faire «bouger» le pays lors d’un meeting (Espoir 2002 au stade Modibo Keïta).

L’électeur malien n’a pas du tout compris ces changements de langage du candidat IBK. C’est donc un président, sans parti, sans majorité, qui a accédé au pouvoir en 2002. Impensable après Alpha Oumar Konaré. Qui l’aurait cru ? Dès lors, notre démocratie est en danger.

Arrestation des leaders du COPPO

En 1997, une année électorale commence pour le Mali. Le président Alpha Oumar Konaré veut briguer un second mandat. L’opposition regroupée, autour du Collectif des partis politiques de l’opposition (COPPO), boycotte les élections générales. Le président Alpha procède à l’arrestation des leaders du COPPO. Parmi eux, deux figures emblématiques du Mouvement démocratique (Pr Mamadou Lamine Traoré, Me Mountaga Tall) et un membre du parti US-RDA (Union soudanaise-Rassemblement démocratique africain): M. Seydou Badian Kouyaté.

La scission du parti ADEMA

À quatre (04) ans de la fin du mandat présidentiel, Alpha demande à son Premier ministre l’organisation d’un forum national. Au centre, la révision constitutionnelle lui permettant de briguer un troisième mandat. Cette demande est purement rejetée par la classe politique et l’opposition parlementaire modérée regroupée autour du Parti pour la renaissance africaine (PARENA). Ce faisant, Alpha Oumar Konaré, qui n’a pas pu digérer ce désaveu cinglant, va se retourner contre son Premier ministre Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), pourtant, présenté comme son dauphin.

L’ADEMA et l’école malienne

Sur le plan éducatif, le président Alpha Oumar Konaré, enseignant, fils d’enseignant, a reconnu publiquement son échec lors du colloque international sur la démocratie en Afrique, organisé à Bamako, où il avait déclaré le 10 juin 2000: «En venant aux affaires, l’étais sûr que j’allais régler la crise scolaire en une année. Mais, aujourd’hui, à mon grand regret, je vais partir et la laisser non résolue».

Dans le livre de Doumbi Fakoly, Le Mali sous Alpha Oumar Konaré, P24. Alors que le président Konaré a adopté en 1996 le Programme décennal pour l’éducation et la culture (PRODEC) et l’a rendu officiellement opérationnel en 1998 et qu’i a consacré 25,42% du budget national de 2000 à l’éducation (soit 125 milliards de Francs CFA sur 500 milliards), on se demande pourquoi sa politique éducative n’a pas pu empêcher les nombreuses années tronquées (entre 1994 et 2001, on a enregistré huit (08) années scolaires tronquées, de cinq (05) à six (06) de cours effectif sur une année scolaire de neuf mois prévus, et ce que cette politique a fait des 125 milliards (90 milliards effectifs pour le secteur éducatif, à supposer que 35 milliards d’aide budgétaire n’avaient pu été collectés pour ce secteur).

Le Mali d’ATT démocratie remplacée par le consensus

Jamais l’État malien n’a été aussi faible, marginalisé que sous le général Amadou Toumani Touré: régime des généraux. Malheureusement, il a été soutenu dans cette campagne de déliquescence de notre pays par une classe politique dont le seul combat a toujours été de se servir au détriment des intérêts supérieurs de la nation.

Aujourd’hui, le peuple malien a compris que la démocratie a servi de paravent à des médiocres et surtout à des voleurs de se hisser au sommet de l’État pour mieux exécuter leur plan d’accaparement des maigres ressources du pays. Ce qui fait que beaucoup de nos compatriotes considèrent que le système politique dit de sauveur n’est autre qu’un complot d’une branche de l’armée et des hommes politiques en quête de popularité.

La situation dans laquelle vit présentement notre pays est la conséquence de la gestion chaotique des parvenus, entrés par effraction en politique pour pouvoir bien se distinguer dans le détournement de deniers publics. Toute chose que le général Moussa Traoré, l’ancien président de la République de 1968 à 1991 leur avait refusé. Malheureusement, l’autre général, élu en 2002, Amadou Toumani Touré a ouvert le boulevard du vol que son prédécesseur Alpha Oumar Konaré avait construit, à ces hommes politiques qui n’hésitaient plus à procéder à une exposition désinvolte des richesses détournées des caisses de l’État. L’État pour lequel ils doivent servir dignement afin de ne pas créer deux (02) catégories de Maliens: les uns bougrement riches et les autres   dans une misère indicible.

Malgré la création de nouvelles structures de contrôle et le renforcement des anciennes, la lutte contre la corruption est restée et demeure le talon d’Achille du régime du général président. Pourtant l’arrivée d’Amadou Toumani Touré avait suscité beaucoup d’espoir chez pas nombre de Maliens qui souhaitaient le voir sur ce terrain après le trou béant laissé par l’Adema. Surtout lorsqu’il avait solennellement déclaré: «Si tu bouffes, tu paies». Mais avec le recul, on se rend compte que cette déclaration tapageuse n’était qu’un effet d’annonce pour rallier ses compatriotes à sa cause.

Le comble ! Quand le premier responsable déclare vertement qu’il n’humilie pas les voleurs, c’est la porte ouverte à toutes sortes d’aventures. C’est ce qui s’est passé sous nos yeux. Et ça continue sous nos yeux avec cette transition malheureusement. C’est le consensus qui donna naissance à la prolifération des associations religieuses.

Le général président par sa gestion consensuelle pilotée par des gens qui avaient un faible pour le Mali, programmait un chaos pour notre pays. Comme on le dit: «Tirez l’échelle après moi ou après moi le déluge». Le Mali reste une bombe en attente d’exploser conséquence du régime des généraux de 2012.

Bril COULIBALY

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