Tieman Hubert Coulibaly à l’émission “Politik” d’Africable (suite et fin) ! “Au ministère des Affaires étrangères, nous faisons en sorte de donner un contenu économique à notre action”

0
Ministre Tièman Hubert Coulibaly à propos du report des élections locales: « Il n’y a aucun agenda caché»
Tieman Hubert Coulibaly

Dans cette suite de son intervention à l’émission ” Politik ” d’Africable télévision du dimanche 4 mars 2018, Tiéman Hubert Coulibaly, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale et président du parti Union pour la démocratie et le développement (UDD) aborde le bilan de la présidence malienne du G5 Sahel.

Interrogé sur le bilan de la présidence malienne du G5 Sahel, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Tiéman Hubert Coulibaly, dira que cette présidence du Mali a été brillante. “Ce n’est pas pour jeter des fleurs au président de la République Ibrahim Boubacar Kéita ou jeter des fleurs sur le Mali. Le bilan de la présidence malienne du G5 Sahel est brillant. C’est la vérité. Ce sont nos partenaires qui le disent. Et chaque fois que je le dis d’ailleurs, le président IBK me dit de ne pas parler comme ça. Mais c’est la vérité. Durant la présidence du Mali à la tête du G5 Sahel, nous avons réalisé de grandes choses qui ont permis à l’organisation d’avoir un rayonnement politique et diplomatique qui, aujourd’hui, nous a valu un certain nombre de succès. Nous revenons de Bruxelles où s’est tenue la conférence internationale pour le Sahel, où était en discussion non seulement la force conjointe G5 Sahel, mais aussi les questions de développement qui sont au cœur du débat du G5 Sahel” a-t-il dit.

Il poursuit ainsi : “Parce qu’on oublie bien souvent qu’il y a de grands projets de développement, d’infrastructures, d’articulation économique pour que la misère qui a permis un certain nombre de ruptures politiques et sociales dans notre espace puisse être combattu par des moyens adéquats. Et aussi parce que l’action militaire ne peut prospérer là où la misère n’a pas reculé. Ce n’est pas possible. Donc, à Bruxelles, nous avons parlé de tout cela. Et puis, d’autres annonces pour aider l’opérationnalisation de la force conjointe ont été faites. Nous sommes revenus avec un chiffre autour de 414 millions de dollars pour la force conjointe du G5 Sahel dont la pleine opérationnalisation doit être achevée pendant ce mois de mars”, a expliqué.

“La force conjointe G5 Sahel est une expérience importante sur le plan militaire”

Il a rappelé que la force conjointe G5 Sahel est quelque chose d’inédit dans la zone du Sahel. “C’est une expérience importante sur le plan militaire. Nous allons pouvoir rendre interopérable les armées de 5 pays. Déjà, pour le faire entre deux pays est très compliqué. Nous allons y arriver. Deuxièmement, nous allons pouvoir mettre en œuvre des ressources militaires venant de nos Etats. Et employer nos propres soldats pour protéger nos populations. Cela est extrêmement important. Et la présidence malienne du G5 Sahel a mobilisé des leaders au plan mondial, notamment le président français Emmanuel Macron qui, à New York, Paris, Londres, Pékin, a défendu ce projet, un projet sahélien, un projet porté par les pays amis de la France. Mais aussi, parce que la France est engagée à notre côté par sa force Barkhane dans la lutte contre le terrorisme. Et aujourd’hui, ces résultats sont là. Il s’agit maintenant de faire en sorte que les annonces qui ont été faites puissent être mobilisées afin que le plus rapidement possible la présidence nigérienne qui a pris la suite puisse avoir tous les moyens pour les mettre à la disposition de notre compatriote, le général de division Didier Dakouo, et engager les opérations nécessaires pour stabiliser l’ensemble des trois fuseaux “, a-t-il espéré.

“La construction du G5 Sahel n’est pas facile “

Pourquoi il y a-t-il du retard dans la marche du G5 Sahel alors l’Etat major du Burkina Faso et l’ambassade de France à Ouagadougou sont attaqués en plus d’autres attaques ? En réponse, le ministre Tiéman Hubert Coulibaly a lancé l’appel de faire en sorte que le plus rapidement possible les annonces qui ont été faites soient mobilisées et que les moyens soient mis à la disposition du commandant de la force. “L’attaque de Ouagadougou contre l’Etat major général des armées, contre l’ambassade de France, justifie encore plus les actions que nous avons commencées. C’est dire que nous sommes sur la bonne voie, mais qu’il faut accélérer. L’exercice G5 Sahel est un exercice entre 5 pays. Il y a eu des difficultés, des efforts qu’il a fallu déployer, l’énergie qu’il a fallu mettre en œuvre, le parcours international du plaidoyer pour cette organisation. Le G5 Sahel est une initiative régionale qui d’ailleurs est endossée par l’Union africaine, les Nations unies, l’Union européenne. Et les Nations unies ont adopté des positions officielles en apportant leur soutien à la construction du G5 Sahel. Mais, cette construction du G5 Sahel n’est pas facile. Il est difficile de rendre interopérable 5 armées nationales” a laissé entendre le Ministre.

Puis il continue dans sa lancée : “Au niveau du continent, il est certain que la réflexion devrait être menée sur la base de l’exemple du G5 Sahel. Peut être qu’il faut aujourd’hui analyser cette question de déploiement de moyens militaires africains d’un point de vue régional. En tout cas, il s’agit de faire en sorte que ce sont des ensembles un peu plus réduits et plus facilement gérables.  Les territoires seront moins vastes que certaines zones. Et parce que nous serons dans des zones culturelles et des zones politiques un tout petit peu intégrées”, a souligné le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale.

Tiéman a insisté sur le fait que les 5 pays du G5 Sahel sont en guerre contre le terrorisme. “Nous sommes en guerre contre le terrorisme. Et malheureusement, les situations de confrontations engendrent des pertes en vies humaines. Il faut simplement espérer que cette terrible cohorte de morts puisse nous encourager davantage à amplifier nos efforts et à combattre sans concession ceux qui veulent détruire la construction républicaine de notre pays”, a-t-il souligné.

Quelle dynamique, le ministre Tiéman Hubert Coulibaly souhaite-t-il imprimer à la diplomatie malienne à l’échelle internationale ? Il répondra que la voix du Mali est entendue partout. “Partout où nous devons parler, nous parlons. Partout où nous devons apporter une position politique fidèle à ce que les pères fondateurs de notre République, de notre nation nous ont laissée, nous l’avons fait fioriture, sans faux semblant avec respect de l’ensemble des nations. L’équidistance est la règle de notre diplomatie parce que dans notre Constitution, il nous est proposé de considérer l’ensemble du continent africain comme un prolongement de notre nation. Cela est notre position. Sur le cachet que je veux imprimer à la diplomatie malienne, quand le président de la République, sur la proposition du Premier ministre, a accepté ma nomination au poste de ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, il m’a dit de faire en sorte de renforcer le contenu économique de notre nation, de faire en sorte que notre diplomatie ne se limite pas aux aspects sécuritaires qui, aujourd’hui, nous occupent, ni à l’articulation diplomatique qui est nécessaire au soutien à notre action y compris pour la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation. Et notre action sur le plan international en général, le président m’a demandé de faire en sorte qu’il y ait un fort contenu économique dans ce que je mettrai en œuvre” a révélé le Ministre.

Tiéman Hubert Coulibaly d’expliquer : “Nous avons reçu la visite du Président turc, j’ai discuté avec mon homologue, Son Altesse Abdallah d’Abu-Dhabi concernant un dossier important de financement de logements sociaux. Nous sommes en train de travailler à obtenir un soutien de fonds d’Abu-Dhabi. Les annonces sur le plan économique d’un certain nombre d’infrastructures ont été faites. Nous allons faire en sorte que pendant que nous nous battons sur le front sécuritaire, nous puissions engager des actions pour soutenir l’économie malienne dans le sens d’une plus grande libéralisation, dans le sens d’un effort accru sur l’appel à l’investissement étranger conforme au projet prioritaire de notre pays et faire en sorte que tout cela puisse soutenir un secteur privé malien qui devienne fort. Nous avons aujourd’hui un retard à combler sur ce plan. Il faut que nous mettions en piste une vraie industrialisation en garantissant une fourniture d’électricité de manière satisfaisante pour nos ambitions industrielles. Il faut aujourd’hui qu’on fasse appel à des investissements beaucoup plus massifs pour le secteur agricole que nous avons amplement aidé et qui, aujourd’hui, commence à donner satisfaction. Les chiffres concernant le coton le certifient. La part des ressources budgétaires consacrée à l’agriculture est sans précédent. Par décision du président de la République, nous sommes allés au-delà de l’appel de Malabo qui disait 10 %. Le président est allé à 15,1 %. Nous avons maintenu un niveau respectable de la croissance du PIB qui fait aujourd’hui que le Mali est la 3e économie de l’Union. Je pense que nous pouvons aller au-delà de ça, malgré le contexte de crise. Je tiens à le souligner. Au ministère des Affaires étrangères, nous faisons en sorte de donner un contenu économique à notre action”, a-t-il expliqué.

“Je note du bilan du président IBK une satisfaction incroyable “

Que pense le ministre Coulibaly (président de l’Union pour la démocratie et le développement “UDD”, membre de la Convention de la majorité présidentielle “CMP”) du bilan du président de la République Ibrahim Boubacar Kéita ? Le Ministre répondra qu’il note du bilan du président IBK une satisfaction incroyable. “Cependant, ce n’est pas le moment de faire le bilan du président Ibrahim Boubacar Kéïta car son exercice est en cours. Nous ne sommes pas à la fin du mandat du président IBK. Le moment viendra de faire ce bilan. Pensez-vous que nous n’avons pas fait ce que nous avions promis ? Non. Nous avons fait beaucoup de ce que nous avions promis. […] Nous sommes encore dans l’action. Quatre mois est beaucoup quand on est dans l’action. Ils passent vite quand on ne fait rien. Mais 4 mois est beaucoup quand on est dans l’action. Le Premier ministre est dans l’action en train de faire beaucoup de choses. Il revient des régions de Mopti et de Ségou. Il y a tellement de choses à faire. Et puis le mandat d’IBK, historiquement, je ne sais pas si le Mali a connu des moments politiques aussi difficiles” a précisé Tiéman Hubert.

En plus, dira-t-il : “J’ai 50 ans, je me souviens parfaitement du Mali de mon enfance. Je me souviens parfaitement du Mali de mon adolescence. Je me souviens du Mali que j’ai trouvé à la fin de mes études. Et je vois aujourd’hui la direction que nous avons prise suite à des événements qui se sont accumulés à partir des années 2000, présence de terroristes sur notre territoire et un certain nombre de foisonnements sur des questions nationales qui sont essentielles. Je me demande si période aura été aussi difficile que celle pendant laquelle nous exerçons notre mandat. Sur le plan militaire, sur le plan de la défense nationale, sur le plan économique, agricole, industriel, sur le plan de création d’emplois, sur le plan de la réorganisation territoriale et institutionnelle du Mali, nous avons fait beaucoup y compris de la lutte contre la corruption. Le corps social est animé par beaucoup d’éléments. Et quand vous conduisez une réforme, vous devez faire en sorte que la réforme ait le maximum d’adhésions. Aujourd’hui, nous travaillons à construire une adhésion pour que les contradictions qui nous ont amenés à stopper un tout petit peu ce processus de moralisation d’un certain nombre de secteurs de la vie nationale puisse faire l’objet d’un large consensus”, s’est-il expliqué.

“La corruption fait perdre beaucoup d’argent à l’Etat”

Sur la lutte contre la corruption qui n’a vu personne emprisonné, le ministre des Affaires étrangères rétorquera que lutter contre la corruption ne signifie envoyer les gens systématiquement en prison. “Je crois qu’il faut, dans la manière de lutter contre la corruption, exercer une action forte parce qu’il y a un certain nombre de manières de faire qui favorisent la corruption. Nous avons revu beaucoup de textes, nous avons pris des dispositions légales afin de garantir cette lutte contre la corruption. Après, envoyer des gens en prison, c’est du ressort du juge. Ce n’est pas le gouvernement qui envoie des gens en prison. Dans une République, le gouvernement légifère à travers l’Assemblée nationale, il prend des actes réglementaires qui fixent les règles, qui organisent. Ce n’est pas le gouvernement qui envoie en prison. Ce n’est pas le sommet qui envoie en prison, c’est le juge. Et notre problème aujourd’hui, c’est de faire en sorte que le processus productif au sein de l’Administration puisse être le moins perméable possible aux pratiques de corruption. Et beaucoup de gens ne le savent pas, la corruption fait perdre beaucoup d’argent à l’Etat. Et cet argent qui sera mis en sécurité, dépensé en sécurité sera beaucoup plus efficace. Après, les suites judiciaires et la posture pénale relèvent du juge. C’est le pouvoir judiciaire qui est responsable de l’emprisonnement des gens. Ce qui est évident, le président IBK s’est battu pour le Mali à une période extrêmement difficile de notre vie nationale. Rarement, un mandat aura été aussi difficile que le sien. Et je maintiens qu’il a fait face et qu’il continue de faire face aux difficultés. Nous avons fait beaucoup de choses”, a-t-il répliqué.

“La tâche de reconstruction de notre nation par le président IBK n’est pas terminée”

Sur la question si l’UDD va-t-elle appeler le président IBK à se représenter aux élections présidentielles, Tiéman Hubert Coulibaly indiquera que la décision de se représenter à sa propre succession appartient au président IBK lui-même. “Le président IBK a commencé une mission historique de reconstruction de notre nation avec l’ensemble du corps national. Et cette tâche n’est pas terminée. Nous devons poursuivre les efforts pour la mise en œuvre de l’accord. Il faut réorganiser le Mali sur le plan institutionnel. A la tête du Mali, il faut quelqu’un qui croit en l’Accord, qui se bat pour sa mise en œuvre”, a-t-il dit.          

Siaka DOUMBIA

Commentaires via Facebook :