Plus de 36 millions de FCFA introuvables dans la gestion de l’Ambassade du Mali à Accra
La vérification financière de l’Ambassade du Mali à Accra (Ghana) révèle une gestion trouble et des montants considérables non justifiés sur les exercices 2021, 2022, 2023 et 2024 (30 juin).
Parmi les missions diplomatiques du Mali à l’étranger, celle d’Accra, capitale du Ghana, fait aujourd’hui l’objet d’un scandale financier retentissant. Un rapport de vérification financière couvrant les exercices 2021 à 2024 (30 juin) met à nu d’importantes irrégularités dans la gestion de l’Ambassade du Mali à Accra. Sur un total de 61 293 799 FCFA d’irrégularités financières constatées, seulement 24 673 406 FCFA ont pu être régularisés à l’issue de l’audit, laissant un trou financier non justifié de 36 620 393 FCFA dans les caisses de l’État malien.
Selon le rapport de vérification, le Secrétaire Agent Comptable (SAC) n’a pas reversé toutes les recettes perçues à la Paierie Générale du Trésor (PGT), comme l’exige l’article 52 de l’Instruction n°0001/MFC du 14 juillet 1995. Les rapprochements effectués entre les relevés bancaires et les recettes collectées montrent un écart de 17 197 659 FCFA de recettes non reversées à la PGT. Autre irrégularité : le paiement de 1 961 124 FCFA de frais médicaux à six diplomates alors même qu’un contrat d’assurance couvrait cette période. L’audit révèle que ces paiements ont été ordonnés et exécutés de manière irrégulière par l’Ambassadeur et le SAC, en violation des clauses contractuelles. Le rapport pointe également une gestion douteuse des salaires. Il a été constaté que l’Ambassade recevait des fonds pour des agents qui ne figuraient pas sur les états de paiement effectif. Ainsi, 42 135 016 FCFA ont été alloués au titre des salaires, mais n’ont pas été entièrement redistribués ni reversés. Après le rapport provisoire, un montant de 24 176 360 FCFA a été restitué, ainsi que 497 046 FCFA au titre d’un salaire non justifié, laissant tout de même 17 461 610 FCFA encore non régularisés. Et la situation est aggravée par la disparition de pièces justificatives, notamment des quittanciers, en violation des obligations de conservation des documents fixées par l’article 71 du Décret n°2018-0009/P-RM sur la Comptabilité Publique. Le Secrétaire Agent Comptable n’a pu fournir aucune explication satisfaisante sur cette anomalie.
Sur cette question, les décrets régissant les missions diplomatiques et la comptabilité publique sont clairs : l’Ambassadeur est l’ordonnateur du budget et responsable de la gestion administrative et financière. Quant au comptable public, il est, personnellement, responsable des déficits constatés.
En bloc, ce rapport soulève, une fois de plus, la question de la gouvernance et du contrôle de l’action publique dans les représentations diplomatiques du Mali. Alors que le pays fait face à d’importants défis économiques, la gestion rigoureuse des fonds publics devrait être une priorité.
Adama Coulibaly
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