Chez les femmes (et même chez les hommes), la mode à avoir le teint clair. Aussi, pour le justifier, certains n’hésitent pas à soutenir qu’on est plus vite remarqué lorsqu’on est clair de peau. En plus, d’autres arguent que « c’est plus joli à voir ». De telles idées incitent ainsi bien ds personnes, surtout les filles, à se dépigmenter la peau. Ainsi, une grande partie de la population bamakoise est subitement devenue « claire de peau ». Même les personnes qui ne l’étaient pas encore cherchent à le devenir aujourd’hui.

De plus, on assiste à l’envahissement d’une multitude de publicités pour produits éclaircissants qui laissent croire que pour être belle, il faut avoir la peau claire. Faisant fi de tous les dangers qu’elles courent avec l’utilisation de ces produits, les femmes et les filles laissent berner par cette fausse réalité. Mais ce qu’elles ignorent ou font semblant d’ignorer, c’est que la plupart des produits éclaircissants utilisés contiennent des ingrédients nocifs pour la santé, comme l’hydroquinone, un produit interdit dans certains pays tels que la France, mais présent dans la majeure partie des produits éclaircissants ici. Leurs effets nocifs se voient à travers les problèmes qu’ils créent à la peau : tâche noire, vergetures, cancer de peau etc. La peau, à force d’être tiraillée, se dégrade, se fragilise. Elle ne peut plus résister aux agressions externes alors mieux vaut avoir une peau naturelle quel que soit sa couleur. Malgré la sensibilisation qu’essaient de faire certaines structures telles les ONG, l’utilisation de ces produits ne cesse pas. Les utilisateurs, persuadés de la « beauté que donne la peau claire » restent sourds à cet appel. La peau noire est à valoriser et non à redouter car comme l’a dit
YVES SAINT LAURENT « black is beauty ».
La femme noire serait-elle en quête du moins noir pour « risquer » tant sa belle peau ?
Dénommée « bojou » (action de se décaper le visage) dans le Sud du Bénin, « xeesal » au Sénégal, « tshoko » dans les deux Congo, et « ntikoko » au Togo, la dépigmentation est dérangeante pour les uns, séduisante pour les autres. En Côte d’Ivoire, elle a commencé son expansion dans les années 1970 pour atteindre des proportions alarmantes dans les années 1980. Phénomène plus ancien et plus complexe, ses racines sont à rechercher dans le passé historique. Celui du contact des cultures africaines et occidentales.
Un dermatologue affirme qu’il existe principalement deux catégories de dépigmentation. L’une volontaire, l’autre non. La forme involontaire a une origine pathologique, causée par des maladies (l’onchocercose,…). L’autre forme se subdivise en une série de types : l’éclaircissement contrôlé de la peau et l’auto-dépigmentation artificielle. Cette dernière se réparti en sous-rubriques : la dépigmentation partielle ; celle dite intégrale ; celle occasionnelle etc.
L’éclaircissement contrôlé de la peau, simple mesure d’esthétique cosmétique, se fait dans des centres et salons spécialisés, sous la supervision de pratiquants formés (esthéticiennes et dermatologues) conscients des dangers qu’une application inappropriée des produits fait courir au client. La plupart des cas, les interventions sont destinées à corriger des imperfections de la peau. Les traitements se font en tenant compte du type de peau et des spécificités physiologiques du client. L’auto-dépigmentation artificielle, l’une des formes les plus pernicieuses est une méthode consistant à s’éclaircir la peau par le biais de produits de composition chimique dangereuse, sans avis médical et sans contrôle par des spécialistes. La dépigmentation partielle se fait pour des parties spécifiques du corps : pieds et jambes, afin de porter facilement des mini-jupes, le visage pour le rendre plus gracieux, le buste et les seins, etc. La dépigmentation intégrale, forme la plus répandue aujourd’hui, porte sur tout le corps. La dépigmentation occasionnelle intervient aux moments des cérémonies (fêtes, mariages,…), qui constituent des opportunités de mise en valeur des femmes.
Paul N’Guessan