Le Gouvernement d'union nationale formé le lundi 20 août 2012 se sera singularisé par la création d'un département des Affaires religieuses et du culte. Une première dans l'histoire du Mali. Toute chose qui suscite bien d'appréhensions chez plusieurs observateurs avertis de la scène sociopolitique. C'est dans ce sens que l'ancien Premier ministre de la transition de 1992 et président du parti Convention nationale pour une Afrique solidaire (CNAS-Faso Hèrè), Dr Soumana Sako s'insurge contre cette tentative de polarisation de la religion au sein de l'appareil d'Etat. " Les pouvoirs publics ont cédé devant l'intégrisme musulman… ", a-t-il souligné sur RFI.

L'ancien Premier ministre, Soumana Sako a déclaré le mardi dernier sur les antennes de RFI que " pour la sortie de crise, la création d'un ministère des Affaires religieuses et du culte constitue un véritable danger ".
Le président du CNAS-Faso-Hèrè ne croyait pas si bien dire lorsqu'il a martelé que " les pouvoirs publics ont cédé devant l'intégrisme musulman. Nous craignons que ce ne soit pas une politique d'apaisement à l'égard des salafistes qui contrôlent le nord. Pour nous, c'est une erreur très grave ".
Loin de lui l'idée de délimiter ce champ religieux. L'ancien Premier ministre de la transition de 1992, qui avait ouvert la voie à une alternance démocratique au Mali, met ainsi en garde contre toute cristallisation de la donne religieuse au sein d'un Mali dont la laïcité est menacée par certains fanatiques. A le croire " l'appétit vient en mangeant. La prochaine étape serait de proclamer la République islamique du Mali, puis la charia. Nous, nous ne sommes pas d'accord… ".
Il est à rappeler que les milieux musulmans ont, à la veille de la formation de ce Gouvernement d'union nationale, fait une véritable démonstration de force dans une mobilisation populaire de grande envergure. C'était à la faveur du meeting organisé au stade du 26 mars et qui avait accueilli plus de 60 000 personnes. Au cours de ce meeting, le Haut conseil islamique a vertement soutenu le Premier ministre Cheick Modibo Diarra dont certains acteurs politiques avaient souhaité le départ. Le même jour, vers le petit soir, le président de la transition, Pr Dioncounda Traoré a fini par renouveler sa confiance au Dr Cheick Modibo Diarra.
Abdoulaye DIARRA