De toutes les options politiques que nous avons connues au Mali la démocratie est la meilleure. C'est la seule qui, organisée sur fond de liberté individuelle et collective, contribue à la satisfaction des besoins sinon de tout le peuple, du moins de la majorité. C'est pourquoi disait l'Imam, la démocratie bénéficie toujours des faveurs du bon Dieu, pourvu que les dirigeants soient croyants. Nous avons remarqué en effet que les pays de vraie démocratie sont les plus riches et les plus paisibles. La malienne dont nous avons accouchée dans la douleur a été bien apprécié par tous les démocrates du monde. Elle a également contribué au rayonnement politique de notre pays partout en Occident et en Afrique. La démocratie a effectivement fait beaucoup de bien au Mali : l'obligation de l'alternance au pouvoir même si le tenant est efficace l'autorisation de toutes les libertés pour les citoyens dans le respect de l'ordre public. Nous pouvons de ce fait interpeller toutes les autorités qui auront commis des abus et violé nos droits.
L'interdiction de toutes formes de violences pour raison de pouvoir, les coups de force ayant été formellement interdits par le père de la démocratie de l'Afrique francophone, le président français Mitterand qui n'a pas manqué de dire que le pire ennemi de la démocratie est le coup de force. Mais malgré cette mise en garde du papa, malgré tout ce que nous-nous sommes dit sur les contraintes et les interdits de la démocratie, le Capitaine Aya a commis "le 22 mars" un coup de force. En cela, il a péché. Mais paradoxalement l'acte a connu l'adhésion quasi-totale du peuple, à la grande surprise des démocrates. Pourquoi cela ? Pourquoi acclamer quelqu'un qui a dit non, à deux mois des élections, à la constitution du pays et à notre démocratie chèrement acquise. C'est, ont répondu unanimement les sept cent personnalités politiques religieuses et commerçantes du troisième âge pour la plupart, que nous avons consultées, que l'homme de Koulouba avait péché mortellement car le bon Dieu ne fait jamais rien pour rien.
"Tous les bonheurs que vous avez, c'est moi qui vous les donne, mais si vous avez des malheurs, sachez que vous êtes vous-mêmes à la base".
Effectivement, de source militaire, l'ancien Chef suprême des armées s'était converti en rebelle pour aider ces derniers, à sa façon, à massacrer nos militaires au Nord (cas de Aguelhoc) cela ne plut pas au bon Dieu qui avait tout vu, tout entendu. Les femmes et les enfants qui se disaient prêts à mourir pour lui, en ayant les échos de Aguelhoc, vomirent l'homme. Les maris et les papas valent certainement mieux que le Général. Les marabouts dirent s'en remettre à Dieu. Les vieux sages boudèrent le régime. Et le bon Dieu, atteint par les pleurs et les gémissements des veuves, des enfants et des blessés inspira au Capitaine Amadou Aya Sanogo du Camp Soundiata en raison certainement des vertus humaines et militaires de ce jeune officier d'organiser le changement afin de sauver les braves militaires et le peuple du Mali. Aussitôt sans attendre et sans informer ni les politiciens ni les religieux ni les diplomates, comme en mission commandée il frappa en plein jour. Ce n'était pas le moment indiqué. Mais tout est possible avec l'aide du bon Dieu. Mais le bon Dieu ne voulait pas que le général mourût, si bien qu'il pu échapper et trouver asile dans une ambassade. C'était le 22 mars. Cet acte qui a mis fin aux tueries du Nord, devint aussitôt louable, d'où les viva.et les bénédictions de la foule pour le Capitaine. Ce fut une délivrance disait-on dans la rue et dans les grins. Le lendemain déjà, le Capitaine sommé de libérer le Nord, de réconcilier les Maliens et d'organiser les élections sans tarder fit mettre en place un Gouvernement de technocrates disponibles pour relever le défi - beaucoup de Maliens comprirent alors que le Premier ministre Cheick Modibo Diarra est bien l'homme de la situation. Mais le gouvernement de crise formé d'hommes et de femmes n'ayant de cœur et d'esprit que pour le Mali (c'était la condition) était en pourparler avec les différentes tendances politiques et religieuses en faveur de la paix, de l'unité et de la cohésion nationale quand intervient le "30 avril" un véritable jeu de démon intelligemment orchestré par les nostalgiques du régime défunt et les responsables de la CEDEAO.
Cet affrontement des bérets (verts et rouges) maliens le 30 avril était le jeu de certains politiciens et de la CEDEAO pour, selon nos sources, obliger les autorités du Mali, à retourner à ce qu'ils on appelé le régime constitutionnel normal. L'objectif était noble et humain, avouons-le. Mais la méthode a été cruelle et satanique. Ce n'était pas réfléchi d'opposer les militaires en pleine ville. Ce sont toujours les civiles qui en sont les premières victimes pour preuve, il y a eu autant de morts civiles que militaires ce 30 avril.
Pire, n'ayant pas pu amener nos armées à se détruire, la CEDEAO a décidé d'envoyer ses militaires à Bamako pour dit-elle sécuriser nos institutions comme si le Mali n'avait pas de militaires. C'est généreux mais est-ce que c'est nécessaire ? Est-ce que c'est sincère ? Disons simplement avec le grand Griot qui en a ri à se fendre que le jeu est très intelligent mais trop simple. Nous ne sommes pas si obtus, heureusement ! J'en veux surtout au Premier ministre et au Président par intérim qui n'ont pas voulu dire à la CEDEAO que nous avons déjà au Mali des militaire compétents et disponibles pour assurer les mêmes services. Nous n'avons besoin actuellement au Mali dans le cadre de la crise actuelle, de la part de la CEDEAO, de l'Union Africaine et du Conseil de Sécurité que des armes et des moyens logistiques suffisants et adéquats. Nous ne voulons pas voir même un demi-militaire au Mali sous quelque prétexte que ce soit. En réalité l'intervention militaire de la CEDEAO au Mali est interprétée par la société civile, dans les rues et aux grins comme une intrusion malveillante de l'institution qui ne fera que compliquer les choses car elle mettra dos à dos les militaires, les politiciens et la société civile. Il n'y aura de paix dans ces conditions ni à Bamako ni au Nord.
Alors CEDEAO, prière s'abstenir de tout envoi de militaires chez nous. Le Mali, pays de croyants, de fraternité, de solidarité et de cousinage se réconcilie facilement avec lui-même sans interventions aucune de militaires ou de mercenaires. Pour être juste, c'est plutôt notre voisine et amie la République de Côte d'Ivoire qui a besoin des troupes de la CEDEAO actuellement.
Le sage Houphouët a été toute sa vie un homme de paix qui a toujours accueilli et soulagé les éprouvés d'où qu'ils viennent. Les perturbations que ce pays connaît maintenant de la part des nationaux ou des étrangers ne nous enchantent pas au Mali car la Côte d'Ivoire et le Mali sont comme deux poumons d'un même corps. L'un ne souffre pas sans l'autre et l'autre profite toujours du bonheur de l'un. Paix au Mali et paix en Côte d'Ivoire. C'est notre souhait. Pour cela, nous demandons à la CEDEAO d'envoyer ses militaires en Côte d'Ivoire pour sauvegarder les efforts de reconstruction du Président Ouattara. Il y va de notre intérêt à tous que la Côte d'Ivoire soit paisible et développée.
Quant à nous au Mali, nous n'avons besoin que des moyens logistiques performants, mais pas d'un seul militaire ni d'instructeur CEDEAO ou d'ailleurs. Nous avons des hommes pour sécuriser nos institutions et libérer le Nord. Le premier Ministre a déjà entrepris des actions dans ce sens.
Le doyen Sidibé