En feuillant les pages de l’Histoire, on tombe sur une date le jeudi 22 septembre 1960. Cette date est symbolique, puisqu’elle marque le couronnement d’environ un millénaire de lutte héroïque. A cette date, le Soudan français entrait dans l’Histoire en accédant à la souveraineté internationale avec comme nouvelle appellation le Mali. C’est une lutte multiséculaire qui a abouti à la création d’un Etat moderne. Pour des besoins de compréhension et de clarté, nous scinderons l’histoire du Mali en quatre étapes :
- 1. La constitution des empires et des royaumes :
Le Mali tire son fondement historique de la lutte de nos ancêtres pour la constitution des différents empires et royaumes que sont : l’empire du Mali de Soundiata KEITA, le rouyaume Bamabara de Ségou de la dynastie des Coulibaly et Diarra, l’empire Songhoï de Soni Aly Ber, le royaume Peulh de Macina, le royaume du Kénédougou de la dynastie des Traoré. Tous ces rois et empereurs ont à travers des luttes héroïques ont pu constituer des empires et des royaumes qui constitueront des siècles après la base territoriale du Mali indépendant. Ces entités administratives ont été bâties à travers des guerres, donc du prix du sang.
- 2. La résistance à la pénétration coloniale :
L’Europe à la recherche de nouvelles territoires pour soutenir son développement économique s’est lancée dans la conquête coloniale. C’est ainsi que la France a eu des appétits pour le Mali. Progressivement, toutes les entités précitées ont été conquises par la France regroupé sous l’entité territoriale du Soudan français. Cette colonisation a connu des résistances de la part de nos ancêtres, certains sont morts les armes à la main, ou déportés d’autres ont préféré la mort à la honte dont le plus célèbre est Babemba Traoré de Sikasso. Il a préféré mourir que voir son royaume tomber sous le Zoug du colonisateur. Dans ce registre, il y a eu la révolte bobo et les différents combats menés par Samory Touré. J’en passe.
- 3. L’éveil des consciences et la lutte des indépendances :
Après une courte période d’accalmie (période coloniale), le flambeau fut repris par les dignes descendants des ancêtres précités. Après avoir tiré les leçons de leur participation deux guerres mondiales, d’autres Hommes soucis de récupérer la terre de leurs ancêtres ont repris la lutte dite des indépendances. A cette période, c’était un autre avec de nouvelles méthodes de lutte face à l’occupant. C’est ainsi que les luttes syndicales et politiques ont céder la place aux armes. Plusieurs hommes et femmes au sacrifice de leurs vie ont mené ces lutes dont entre autres : Fily Dabo Sissoko, Mamadou Konaté, Aoua Keïta et le plus célèbre Modibo Keïta qui deviendra le premier Président de la République du Mali.
- 4. Le Mali indépendant :
L’Histoire nous enseigne un Mali indépendant avec 1 241 235 km
2 de superficie avec six régions administratives : Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti et Tombouctou. Au gré des réorganisations territoriales, il y a eu par la suite les régions de Gao et de Kidal comme respectivement 7 et 8
ème région. Tout cela avec la même superficie, les mêmes régions naturelles et culturelles. C’est ce Mali qui est enregistré à l’ONU et enseigné dans nos écoles avec devise : Un Peuple Un But Une Foi.
Les différents régimes successifs ont eu la lourde tâche de poser les premiers pas du Mali indépendant qui n’est autre que la réunification de ses différents royaumes et empires.
Le Mali au cours de sa construction a connu des rebellions dans son septentrion qui ont toujours trouvé un issu à travers des accords de paix et de réconciliation. La résurgence cyclique de ces rébellions et les milliards de francs débloqués à chaque accord ont montré clairement qu’il ne s’agit de bandits armés qui veulent tout obtenir par les armes. Tous les régimes successifs que le pays a connu ont su faire face à ces mouvements armés sauf celui d’Amadou Toumany Touré (ATT) qui voulu avoir la paix en évitant la guerre. La conséquence les 2/3 du territoire sont occupés depuis mars 2012. Depuis cette date le pays connait une partition de faite et si rien fait, le syndrome soudanais risquerait de se reproduire dans l’ex Soudan français.
La guerre comme seule alternative :
Dans une précédente publication, j’avais écrit que négocier sur la question du Nord, c’est baisser la culotte et clairement j’avais soutenu l’option militaire pour la récupération des régions du Nord. Depuis le discours historique du premier ministre Modibo Diarra à Ségou, l’option se précise :
la guerre pour mettre fin à la guerre. Dès lors, des voix s’élèvent pour affirmer que la guerre n’est pas la solution. Il n’y a pas d’alternative à la guerre pour résoudre le problème du Nord. Les groupes armés en face ne comprennent que le langage des armes. L’honneur du peuple malien a été bafoué par les canons, seuls les canons restaureront cet honneur perdu.
L’Homme propose Dieu dispose avions l’habitude de le dire, mais dans la situation actuelle du Mali, c’est la guerre qui disposera.
Choisir autre option que la guerre, c’est sortir de l’Histoire par la petite porte. Renoncer à cette guerre, c’est accepter la partition de fait que nous vivons aujourd’hui. Ainsi une autre histoire du Mali avec petit « h » sera enseignée dans les écoles. Dans l’Azawad, il sera enseigné à leurs enfants et petits enfants que grâce à la vaillance de leurs ancêtres ils ont pu se soustraire du Mali. Et nous, la mentalité du colonisé aidant selon Frant FANON, la tête baissée, nous mentirons à nos descendants que nous avions perdus le Nord Mali à cause du complot international.
Après la guerre pour la récupération du Nord, une autre guerre plus longue et difficile devrait commence, celle contre toutes les mauvaises pratiques et habitudes : corruption, népotisme, clientélisme, incivisme, goût de la facilité…. qui nous ont ramené si bas.
Le choix est là, il est clair, je dire c’est plus qu’un choix, c’est une mission. Comme le dit Frank FANON, c’est à notre génération de l’accomplir ou de la trahir. A l’opposé de Babemba, devrions-nous préféré la honte à la guerre?
Une contribution de Mr Mamadou SATAO
Environnementaliste, MALI