Par le nord du Mali transitent annuellement 100 tonnes de cocaïne. Si nous considérons le prix de vente du kilo qui peut atteindre 50.000 dollars US en Europe (25 millions de franc), la valeur totale de cette quantité de drogue fait 5 milliards de dollars (2500 milliards de franc). C’est deux fois plus que le budget du Mali!
[caption id="attachment_52625" align="alignleft" width="174" caption="Mr Sekou Diallo (Alma Ata, Kazakhstan)"]

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A cela, il faut ajouter les rançons. Les prises d’otages rapportent chaque année 200 millions de dollars (100 milliards de franc CFA.) aux ravisseurs et à leurs complices de Bamako.
Enfin, il y a l’argent du trafic des armes et de l’immigration clandestine vers l’Europe.
Voilà la cagnotte criminelle au nord du pays. Par cupidité, les dirigeants y ont mis aussi leurs « pattes » en dépit du budget national qu’ils dépeçaient en morceaux comme des apprentis bouchers. Ils ont fermé les yeux sur ce trafic, l’ont même encouragé peut-être, car l’argent qui coulait à flot les avait enivrés. Mais le réveil ne pouvait être que brutal en fin de compte. C’est ce qui s’est passé d’ailleurs.
Les Maliens sont réputés être des plus paresseux et des plus fainéants dans ce monde. Ils ne songent qu’à prendre du thé en longueur de journée, menant des discussions aussi ridicules que dénuées de sens. Nous aimons la belle vie, les belles choses et les belles femmes, mais nous estimons que nous devons les gagner autrement qu’en travaillant. Le Malien ne fait usage de sa cervelle que lorsqu’il s’agit de développer une théorie de vol, et de ses deux mains que lorsqu’il s’agit de mettre en pratique sa théorie du vol.
Au lieu de combattre ces fléaux qui sévissent dans le septentrion, le pouvoir en place a préféré s’associer aux bandits pour le partage du butin. Le résultat en a été une criminalisation de tout le pays, avec des malfrats et des gangsters à presque tous les niveaux de la société. Le banditisme est devenu monnaie courante, la malhonnêteté, une devise. Tout cela sur un fond de mensonge odieux, de jeux louches, d’intrigues et de complots les uns contre les autres pour arracher sa part du magot. Il faut tout racler, jusqu’au dernier morceau. L’argent doit disparaitre aussitôt dans les poches, rien n’est épargné : ni le budget du pays, ni l’aide internationale, ni les investissements, ni même les armes pour se défendre. Indiscutablement, le prix Nobel de la cupidité, la médaille d’or de la cleptomanie et de la bêtise humaine, c’est nous qui les détenons dans ce monde. Quand les autres nous faisaient des reproches de nous être encoquinés avec des malfrats, les dirigeants jouaient à la politique de l’autruche: la tête dans le sable, la queue au vent, se prenant ainsi pour les plus intelligents.
Ce n’est pas tout. Actuellement en Afrique, le Nigeria est cité premier pays sur le plan des arnaques. La deuxième place revient au Mali. Nous aimons parler d’investissements sans chercher à savoir combien d’hommes d’affaires étrangers ont été victimes chez nous. La liste est longue. Il s’agit de milliards de franc que les Maliens ont pris sans jamais honorer leurs engagements. Plus curieux est encore le fait que les coupables vivent paisiblement à Bamako dans leurs villas et roulent en ville sous le regard accompagnateur de la police. L’exemple éloquent est celui de Warani, l’Italien qui a été arnaqué au cours d’un achat d’or au Mali. Furieux, il a aussitôt saisi son Consulat à Bamako. Celui-ci s’adresse à Interpol qui met aux arrêts les escrocs. Curieusement ils sont vite provisoirement libérés après avoir remboursé une infime partie de la somme. Après maintes tentatives sans résultat de récupérer son argent en intégralité, il s’est finalement adressé au Parlement européen ou Emma Bonino était la présidente, grande défenseuse des droits de l’Homme et grande amie du Mali. Choquée par le comportement de nos autorités, elle a menacé le gouvernement malien de suspendre une aide de l’Union européenne qui était en passe d’être livrée au pays, si les auteurs du crime ne sont pas retrouvés. Comment rater cette occasion pour un Malien fou d’argent ? C’est alors que la plus Haute hiérarchie du pays s’est timidement exécutée. Quelques biens des malfrats ont été saisis à la hâte et vendus. L’argent a été remis à Warani, avec promesse de recouvrer le reste et de punir ceux qui l’ont offensé. Emma Bonino débloque l’aide en faveur du Mali. Dès que Bamako a eu gain de cause, la promesse fut oubliée ; les escrocs se sont volatilisés dans la nature!
Comment peut-on traiter avec des individus pareils sans scrupules?
Même les plus grands commerçants et hommes d’affaires maliens ont la réputation très sulfureuse. Mais ils bénéficient de « parapluies » qui les protègent contre le châtiment. L’un d’eux, condamné en Suisse à des années de prison, s’est fait élire….député au Parlement du pays! L’immunité lui a permis d’éviter le gnouf. Voilà une des sortes d’arrangements à la « malienne » qui ont fini par basculer le pays.
Les investissements que font les multinationales ne profitent qu’à celles-ci. A travers des traités que le Mali a niaisement signés avec le FMI, elles sont parvenues à faire main basse sur les richesses du pays qui ne profitent qu’à elles et aux fonctionnaires véreux de l’Etat. Par contre, les petits investissements que font des privés partent directement dans le sens du bien-être du bas peuple. Mais là aussi, les Maliens ont compris en leur manière. Par la suite, beaucoup d’Etrangers ont dû quitter le pays avec la mort et la déception dans l’âme!
A présent l’aide et les financements internationaux sont suspendus à cause du coup d’Etat du 22 mars dernier. Les privés qui avaient une envie de faire de petites injections financières ne veulent plus entendre parler du Mali. Et si l’aide des Maliens de l’extérieur venait aussi à manquer, il s’agit de dizaines de milliards de franc, il y a lieu de se demander ce qui surviendrait dans le pays. A qui la faute ? Nous sommes ceux qui mangent aussi bien le pain que la main qui le donne.
Il est très fâcheux de constater qu’il suffit d’un rien pour lancer le Mali. Pour peu que nous renoncions à nos pratiques animales, les retombées se feront sentir au bout de quelques années. Mais hélas! La pègre est bien malienne, la malhonnêteté est dans notre sang.
Aujourd’hui nous entendons certains dire que le Mali sortira grand de cette double crise et qu’il sera plus fort qu’auparavant. Rien de tel. Nous tombons encore dans nos rêves et prenons nos délires pour des réalités.
Sans être prophète de malheur, la vérité est que tant que nous ne nous débarrassons pas de nos mauvaises habitudes et de notre mentalité préhistorique, le Mali va prendre le chemin de l’enfer. Les prières religieuses inutiles n’y feront aucun effet. Dieu lui-même refuse d’entendre des « diplômés » en vol et en irresponsabilité. La foi première du Malien (musulmans et chrétiens confondus), c’est l’hypocrisie. La crise actuelle a permis d’étaler au grand jour notre caractère typique: grande gueule, division, intrigues, complots, népotisme, opportunisme, soif de se faire la bouche pleine à tout prix. Le pays et son avenir? S’en fichent!
Les personnes dont la profession est le vol finissent en prison. C’est la Loi. Les Nations qui veulent se bâtir sur le vol finissent dans la déconfiture. C’est la règle générale.
La junte militaire que nous traitons actuellement de tous les noms d’oiseau n’est en fait que le résultat de nos agissements irresponsables. Si nous ne changeons pas, les mêmes causes produiront les mêmes effets. Vingt ans après encore, nous aurons une autre crise avec une autre junte, plus grave que celle-ci, qui pourra nous couter le plus cher de la vie.
Le nord du pays est déjà un dernier avertissement sévère. Plus tard, il peut y avoir un pays de moins sur la carte du monde : ce sera bien le Mali.
Que ceux qui ont des oreilles entendent ; que ceux qui ont des yeux regardent en face la vérité et que ceux qui ont des cerveaux comprennent…
Une contribution de Mr Sekou Diallo.
Alma Ata, Kazakhstan.