Le Mali entend consolider sa place de 3ème producteur d’or en Afrique : 5 nouvelles mines ouvriront dans les deux prochaines années

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Le Mali entend consolider sa place de 3ème producteur d'or en Afrique : 5 nouvelles mines ouvriront dans les deux prochaines années
Le ministre des mines, Boubou Cissé

Le Mali, avec 50 tonnes d’or par an, est actuellement le troisième producteur d’or en Afrique derrière l’Afrique du Sud et le Ghana. Talonné par le Soudan, notre pays entend mettre tout en œuvre pour conserver cette troisième place  et même tenter de bousculer le Ghana.

Dans les deux prochaines années, cinq nouvelles mines doivent ouvrir leurs portes. Cette information a été donnée par le ministre des Mines, Dr Boubou Cissé,  au cours d’un entretien qu’il nous a accordé la semaine dernière. Selon le ministre, la nouvelle vision de son département est de passer d’une politique minière fiscale à une politique minière de développement socio-économique avec la réalisation des infrastructures de développement. 

Depuis son arrivée à la tête de ce département, le jeune ministre Dr Boubou Cissé ne rate pas les grandes rencontres économiques pour vendre la destination Mali afin d’attirer les investisseurs dans ce secteur prioritaire pour notre pays. Ainsi, il a marqué de sa présence les grands fora internationaux consacrés à la question minière. La première conférence annuelle de ces  rencontres est celle de Indaba, en Afrique du sud qui regroupe plus de 7.000 professionnels des mines. Il y a, ensuite, les conférences sur les mines de Toronto, de Londres puis d’Australie.

Ce sont des rendez-vous à ne pas rater. Car il y a des ressources un peu partout à travers le monde. C’est donc une compétition  pour faire venir les investisseurs. Le Mali a, certes, quelques handicaps comme l’enclavement, l’insuffisance de production énergétique. Mais nous avons beaucoup d’avantages comparativement aux autres pays. 

Le premier est la très bonne qualité de  notre or. Nous avons un climat des affaires très attractif du point de vue fiscal avec des exonérations en taxes et impôts pour l’importation des équipements pour la réalisation des unités de production. Lors de l’exploitation, la nouvelle société minière est exonérée pendant  les trois premières années pour certaines taxes. L’une des particularités du Mali, c’est que le code minier va avec un contrat d’établissement  qui a une clause de stabilisation sur 30 ans pendant laquelle les conditions fiscales et certains avantages ne changeront pas même en cas de modifications de textes ” a souligné le ministre.

Le code minier actuel date de 2012. Si la révision de ce document n’est pas, pour le moment, une priorité, Dr Boubou Cissé s’est, par contre, engagé dans la modification des contrats qui lient l’Etat aux sociétés minières.

Neuf des dix de ces mines en activité sont sur le code de 1992 malgré le nouveau cadre législatif. ” Nous pensons que ces contrats doivent être modifiés pour que l’Etat puisse gagner mieux. Il s’agit de les transférer sous le code de 2012. On n’a pas voulu l’imposer aux sociétés minières comme l’ont fait certains pays. Nous voulons le faire dans un cadre concerté ” a-t-il expliqué. C’est dans cette logique qu’un consortium a été  choisi pour faire ce travail et le financement estimé à 500.000 dollars est déjà acquis.

 

L’Etat veut passer d’une politique minière fiscale à une politique de développement social

Selon le ministre des Mines, jusque-là, l’Etat malien a axé sa politique minière sur la fiscalité. Ce qui fait qu’il n’y a pas eu de développement des infrastructures à la base.

Ainsi, chaque année, les mines rapportent au trésor public entre 200 et 250 milliards de FCFA qui sont utilisés surtout pour les salaires des fonctionnaires et autres dépenses publiques.

La zone de Kéniéba renferme quatre mines de classe mondiale. Rien que la mine de Sadiola, qui a commencé sa production en 1992 est à 2.000 milliards FCFA à l’Etat. L’Etat n’a pas investi dans les infrastructures. Nous voulons sortir de cet objectif fiscal en allant vers les infrastructures de base : éducation, santé, environnement, routes, emplois etc.

La politique minière en cours date de 1999. Le département est en train d’élaborer une nouvelle politique non tournée vers la fiscalité. Ainsi, il a proposé la création d’un compte d’affectation or pour financer les projets de développement. Toutes les  recettes minières non fiscales doivent aller dans ce compte pour un niveau prévisionnel de 60 à 90 milliards de FCFA par an.

Cependant, le ministre explique que le peu de développement des zones minières n’est toujours pas le fait de l’Etat et des sociétés exploitantes, mais aussi des élus locaux qui n’utilisent pas correctement les fonds mis à leur disposition pour le développement social. Il a signalé que les villages peuvent percevoir 800 à 900 millions de FCFA en terme de patentes mais, personne ne sait où va cette manne financière.

Accroître la  production d’or 

Actuellement, le Mali produit 50 tonnes d’or en moyenne par an. Pour accroitre cette production, deux nouvelles mines vont ouvrir leurs portes courant 2015. Il s’agit de la mine de Koffi à Tabakoto qui doit être inaugurée le 26 avril prochain avec une capacité de deux tonnes d’or l’an. Elle sera suivie par la mine de Nampala dans la région de Sikasso qui doit démarrer en juillet prochain.

Si ces deux premières mines sont de petite taille, trois autres de classe mondiale devront voir le jour d’ici 2017 avec une capacité totale de 20 tonnes l’an. La première est la mine de Fekolo qui produira 120 tonnes en 12 ans soit 10 tonnes par an. Ensuite, la phase deux de Sadiola qui produira entre 100 et 120 tonnes et enfin, la mine de Kobana. Avec ces nouvelles sociétés, le Mali pourra consolider sa troisième place africaine de producteur d’or.

Malheureusement, les mines ayant une durée de vie limitée, deux d’entre elles devront fermer  dans les deux années à venir : Moréla et Yatéla.

 

Orpaillage : pas moins de 150 milliards de FCFA échappent par an à toute fiscalité 

A notre arrivée, il y avait des mouvements sur certains sites d’où les gens avaient été expulsés. Nous avons beaucoup évolué par rapport à notre approche sur ce phénomène. Aujourd’hui, c’est un problème social, des villages ont, du jour au lendemain, triplé leur population. Ces pratiquants sont en train de causer beaucoup de dégâts avec des techniques semi-professionnelles. L’Etat ne peut pas rester inactif face à cette situation. Dans un premier temps, nous avons opté pour la force car les orpailleurs ne respectent nullement la loi. Après, on sait rendu compte que cette activité est une réalité économique profondément ancrée dans notre société. On  a estimé à deux millions le nombre de personnes vivant de cette activité. C’est un moyen de subsistance, voire de réduction de la pauvreté mais à condition d’il soit encadré.

On ne peut pas la combattre, mais on peut voir comment l’intégrer dans notre situation économique. Officiellement l’activité produit 4 à 5 tonnes par an. Mais nous avons mené une petite enquête qui révèle que la production tourne autour de 10 à 12 tonnes par an. Même si nous maintenons 5 tonnes l’an, cela engendre un chiffre d’affaires de 150 milliards de FCFA de revenus, mais qui échappent à toute fiscalité de l’Etat. C’est pourquoi, nous venons de faire adopter par le gouvernement un plan d’actions sur l’orpaillage sur la base des recommandations du forum sur le phénomène.

A travers ce plan des actions d’accompagnement seront menées envers les orpailleurs pour que l’activité puisse se dérouler dans les règles de l’art, à savoir que l’Etat gagne sa part et les orpailleurs vivent dignement de leur travail. Mais ça va prendre du temps car il y a beaucoup d’intérêt en jeu” a expliqué le ministre.

” Il n’y a pas de doute que le pétrole existe au Mali, la seule question est la rentabilité ” le ministre Cissé dixit

Malgré les efforts inlassables consentis ces dix dernières années dans la recherche pétrolière, l’or noir tarde à couler au Mali. Le gouvernement sous, l’ère IBK, entend maintenir le cap, même si le contexte sécuritaire n’est pas favorisant. Ainsi, un contrat vient d’être signé avec la société COMPAS, cotée à la Bourse de Londres et qui dispose des actionnaires crédibles avec, notamment la plus grande société pétrolière du Nigeria et qui a les capacités techniques et financières de faire des forages, à en croire le ministre.

Boubou Cissé est convaincu que la signature de l’accord d’Alger ouvrira la porte aux investisseurs pour la recherche pétrolière au nord de notre pays . Il y a eu des manifestations d’intérêt des sociétés canadiennes et chinoises pour le bloc 4, mais tout le monde reste dans l’expectative face à la situation au nord du pays. Selon le ministre, il n’y a pas de doute que le pétrole existe au Mali, mais l’inconnu reste la rentabilité de son exploitation. “Alors que les sociétés pétrolières (comme ENI et Sonatrach)  étaient sur cette question pertinente, la crise a éclaté ” a regretté le ministre.

La diversification de  la production reste  une priorité

A côté  de l’or et du pétrole, le gouvernement n’a pas oublié les autres richesses dont regorge le sous-sol malien qui est riche de tous les minerais. Ainsi, il y a le cas de l’uranium  qui a été détecté notamment dans le nord et à Faléa avec  une quantité dont l’exploitation n’est pas rentable. En effet, la capacité est estimée autour de 5.000 à 10.000 tonnes alors qu’il faut au moins 15.000 tonnes pour que la production soit rentable. Ce qui est évident, c’est que la qualité du fer au Mali ne souffre d’aucune ambigüité.

Il y a aussi le phosphate, la bauxite et le manganèse. S’y ajoute le fer dont l’exploitation avait commencé sur la route de Koulikoro, mais la société a connu des difficultés. Le permis d’exploitation est en train d’être retiré pour être réattribué à une autre société.

Aussi, il y a lieu d’ajouter le diamant à Loulou et à Kangala, mais la quantité reste à définir. Mais face au fait que le diamant fait l’objet d’une procédure particulière pour son exportation, afin d’éviter qu’il ne serve à financer les guerres, le Mali vient d’être certifié par le processus de Kimberley.

 

 

Youssouf  CAMARA

 

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10 COMMENTAIRES

  1. 50 tonnes pour qui?

    80% pour les internationaux
    20% pour pour les nationaux

    Pourquoi pas trouver des moyens pour creer une mine nationale? avec:

    90% pour les nationaux
    10% pour pour les internationaux

  2. On sans fou du 1er place ou 2er l’essentiel c’est que la part de la population soit tenir en compte et que vous les responsables négocié le contrat pour votre poches d’abord ils faut associé la population a la négociation des contrats des mines de leur région sinon on va vous rendre la vie difficile (Diawara de votre gouvernement c’est ce que je voulais dire en bon entendeur salu

  3. Le gouvernement des “enfants” est en action, bravo Monsieur le “sinistre” !

    Pensées rebelles. 😀

  4. Heeeeeeeeeeeeee! Arrêtez la comédie!
    IBK , dans son adresse à la nation , le 1er janvier 2015, parlait de l’ouverture de neuf (9) mines de production. C’était à la fois étonnant et beau à entendre.
    Nous sommes au quatrième mois de l’année, toi, le ministre en charge des mines, tu viens nous parler de cinq (5) nouvelles mines d’ici 2017. Que nenni!
    Pardon! Pardon ! Entre toi et IBK, qui dit la vérité ou autrement dit qui ment?

  5. lis bien l’article, il ne s’agit pas de mines dans le nord, mais de mines d’or dans le sud du Mali!!!!!!

  6. Ce gouvernement est d’une inconscience DRAMATIQUE! 👿

    Dans le nord, il ne se passe pas 2 jours sans que des MINES fassent des victimes, et lui, Cissé, il parle d’en ouvrir CINQ DE PLUS! :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen:

    Comme si les services de déminage de Minusma et de Barkhane n’avaient pas assez de boulot comme ça! 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄

    • lis bien l’article nfp, il ne s’agit pas de mines dans le nord, mais de mines d’or dans le sud du Mali!!!!!!

  7. A quoi sert ces 50 tonnes par an? Je ne pense pas si ces tonnages permettent d’améliorer le quotidien des maliens; peut-être pour payer des belles tenues au Ministre Boubou CISSE.

    • Ces tonnes d’or serviront a donner du boulot a des centaines de malien actuellement en chômage.

      Sans ces mines, beaucoup de mains d’oeuvre non qualifiées des communautés environnantes aux sites n’auraient pas de boulet. Ils ont le salaire d’un cadre A de la fonction publique, avec prise en charge médical ainsi que leur famille, pour seulement une catégorie C des mines.

      Etant ouvrier dans une mine, j’en sais quelque chose! ❗

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