Transition et gouvernance économique : Emission : « Malikura Tassira », Le ministre Sanou et ses chiffres
Dans sa prestation oratoire à l’émission « Malikura Tassira », le ministre de l’Economie et des finances, Alousséni Sanou, a décrit presque tous les secteurs en rose, avec des progrès et des chiffres qui font sourire au sein de l’opinion.

A écouter le ministre argentier du gouvernement de Transition dans ses explications, l’on a l’impression qu’il ne parlait pas du même Mali dans lequel nous vivons. C’est surtout sur la question de l’emploi que le ministre semblait parler d’un pays, où tout allait bien. « Le taux de chômage est passé au Mali de 6,1%, en 2020 à 3,5% ; aujourd’hui », a-t-il déclaré. Alors que les Maliens savent que le chômage a drastiquement augmenté dans le pays, avec les nombreuses pertes d’emplois, suite à la crise énergétique. Puisque de nombreuses entreprises ont fermé, à cause des difficultés énormes créées par le surcoût des chargés de l’électricité. Sans compter toutes les structures qui ont fermé boutique du fait de la crise sécuritaire. Comment dans ce contexte, on peut soutenir raisonnablement que le chômage a baissé dans ce Mali, où le manque d’emplois est criard ? Ce qui a incité notre consœur de l’ORTM à rebondir : le taux de chômage a-t-il baissé aujourd’hui au Mali » ? Le ministre répondra par l’affirmative, en expliquant comment l’on calcule le taux de chômage.
Or, pour l’opinion publique, ce taux traduit simplement la perception du besoin d’emploi dans le pays. Et tout le monde sait qu’aujourd’hui de nombreux Maliens sont frappés de plein fouet par le manque de travail, qu’ils soient diplômés ou pas. Le ministre Sanou, en débitant tous ces chiffres qui font penser que tout va bien, avec des milliards F CFA débloqués par l’Etat pour financer ou subventionner telle ou telle filière ?
L’Etat apporte, dira-t-il, beaucoup de subventions à de nombreux secteurs, tels que la filière coton (la CMDT), les BTP, avec la subvention du ciment, la subvention du secteur de l’énergie, la COMATEX, les produits pétroliers, l’UMPP, des denrées de première nécessité, etc. Alors que tous ces financements ne semblent pas impacter le quotidien des Maliens, qui se plaignent d’un mal-vivre généralisé dans tous les domaines.
Toujours à propos des emplois, le ministre Sanou parlera du financement des ONG dans le centre du pays. Ce qui a permis à l’Etat de créer récemment, à travers elles, 17 286 emplois directs ; oubliant qu’au même moment, certaines ONG, dans le centre, au Nord et dans le sud du pays, ont fermé et ont dû licencier leurs employés. Ce qui augmenté au niveau de pauvreté dans le pays. En outre, au titre des subventions, le ministre dira qu’elles ont contribué à baisser les prix de certains produits dans le pays. Et de citer par exemple le cas du carburant « qui coûte au Mali peut-être 750 F, alors qu’il coûte 996 F au Sénégal », d’où revient… Sauf que le coût de la vie au Sénégal est nettement au-dessus de celui du Mali. M. Sanou a-t-il oublié que le niveau des salaires n’a rien de comparable avec les rémunérations dans son pays ? Donc, la subvention de l’Etat malien, qui fait que le prix du litre de carburant autour de 750 F le litre est élevé pour le consommateur malien.
Et le patron de l’Hôtel de finances de souligner que le taux d’inflation aussi a baissé, tout comme à ses yeux les prix des produits comme le ciment et les denrées alimentaires. Ce qui a suscité l’incrédulité du confrère qui a presque demandé quel est le secret de ces bonnes performances ? L’argentier se contentera de lister les appuis financiers de l’Etat à divers services : 90 milliards F CFA versés à la CMDT, plusieurs milliards débloqués pour relever la COMATEX, idem pour l’UMPP, sans compter les financements assurés aux banques, assurances, à l’EDM, etc. Et l’agent de l’Etat de se féliciter de la bonne santé de l’économie malienne, avec un Trésor qui dispose de liquidités lui permettant de d’accomplir ses missions, par exemple assurer les dépenses régaliennes de l’Etat, rembourser les dettes, etc. Là aussi, de nombreux opérateurs économiques et entreprises se plaignent des créances que l’Etat leur doit.
Normalement, tous ces financements devraient impacter substantiellement le fonctionnement ou la production de toutes ces entreprises ; mais la réalité est toute autre. C’est ce qui pousse les consommateurs et les observateurs à se demander si les mécanismes de ces subventions sont mal menés?. Tout compte fait, l’on a l’impression que le ministre Sanou donne de très bons chiffres sur la gouvernance économique du Mali, mais il est loin de la réalité du marasme économique que les populations vivent.
Boubou SIDIBE/maliweb.net
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